Fêtes renaissance du roi de l’oiseau

Lors de notre séjour à Dinan, certains exposants avaient évoqué avec des trémolos dans la voix la fête du Puy-en-Velay, nous assurant qu’elle était bien plus belle et avec beaucoup plus de gens costumés. Curieux, nous nous étions renseignés à notre retour, pour constater qu’il s’agissait d’une fête renaissance de 4 jours. Malheureusement, l’état de nos finances avait fini par nous faire renoncer à y aller.
Or mardi dernier, l’Anglais a découvert que son ami le Guitariste était… originaire du Puy ! Comme sa mère y habite encore aujourd’hui, il se faisait fort de nous accueillir chez eux. Et c’est ainsi que nous sommes partis joyeusement vendredi soir pour un périple de 500 kilomètres.
A l’origine de la fête, il y a un concours de tir à l’arc entre les différents quartiers de la ville, ou isles. Les meilleurs archers s’affrontent et visent le papegay, l’oiseau qui sert de cible depuis le XVIème siècle. Le vainqueur est désigné roi de l’oiseau pour l’année. Contrairement à beaucoup de fêtes historiques où archer = elfe*, ici tous les archers sont raccord avec la période.

Arrivés vers 23h, nous découvrons que nous sommes logés au pied de la vieille ville, à 50 mètres de la place du Breuil où se tient le marché. Première sortie, premières retrouvailles avec des visages connus, premier verre d’hypocras. Nous nous faisons gentiment chambrer car nous n’avons pas eu le courage de nous costumer, puis le tenancier de la taverne nous propose de revenir à la fermeture pour découvrir la soirée off.
C’est donc costumés – y compris le Guitariste – que nous grimpons les ruelles du Puy en direction de la cathédrale. Les nuits sont fraîches en Auvergne, surtout en septembre, et bien entendu j’ai oublié ma cape à Paris, ce qui sera un problème récurrent ce week-end. Dans une chapelle, nous découvrons une ambiance incroyable : tous les musiciens des différents groupes sont réunis sur scène et jouent ensemble, les gens se pressent, on boit et on parle joyeusement…

Samedi, les choses sérieuses commencent. Nous arpentons le marché en tous sens, mais comme je suis gênée par ma robe, nous revenons nous changer et déjeuner à l’appartement. C’est donc en début d’après-midi que nous commençons l’ascension de la ville haute : les rues sont bondées, la musique fuse de toutes parts. Nous nous arrêtons pour tenter d’apercevoir un spectacle de lanceurs de drapeaux d’une contrade italienne, qui n’est pas sans rappeler les traditions toscanes.
Plus haut dans les rues, nous croisons un drôle de personnage avec un drôle d’instrument : une sorte de grosse soucoupe métallique bosselée, que l’on frappe avec les doigts. Le son qui en sort est planant, onirique mais pas désagréable.
Le Puy est une très belle ville qui conserve les marques d’un passé médiéval très présent. Outre les monuments, on découvre parfois des détails au détour d’une rue.

Alors que nous arrivons au pied de la cathédrale, la foule se fait plus dense. Le défilé des compagnies militaires est sur le point de passer. Souci du détail, arquebusades « live », cris de guerre et drapeaux ponctuent la descente de la rue.

Arrivés au pied de la cathédrale – enfin, il y a quand même encore plein d’escaliers à monter – nous assistons à une démonstration de danses renaissance. Bon, à part les costumes, il n’y a pas beaucoup de différence avec ce que l’on danse en taverne, plus de légèreté dans les pas peut-être. Ci-dessous, une danse qui ressemble beaucoup à un cercle circassien.

Il y avait aussi un branle de la haie un peu raté et un pinagay. Nous sommes en terrain connu !
Suite de l’ascension, et enfin le point culminant de la ville : la cathédrale, classée au patrimoine de l’UNESCO. C’est un très beau monument, construit en partie en pierre volcanique – comme la plupart des constructions de la région. Le porche est décoré des fresques encore bien conservées et très colorées.
A l’intérieur, deux coupoles attirent l’œil vers le haut. La lumière, tamisée par les vitraux, s’étale sur les murs en nappes de couleur, les chapiteaux sont sculptés de motifs floraux. D’immenses orgues occupent l’arrière de la nef, alors que les chapelles latérales abritent d’autres fresques et un autel de style roman.

En sortant, nous commençons lentement à redescendre vers le Breuil. Nous nous arrêtons sur un campement civil qui offre un coin taverne ainsi que des petites échoppes. Le travail du fondeur d’étain me fascine, et nous faisons l’acquisition de deux effigies à coudre sur nos vêtements.

La descente se poursuit à la ferme de l’oiseau où l’on peut admirer des chèvres et des lapins, puis à l’étable des ânes, où nous arrivons pour la distribution de foin, qui donne lieu à de cocasses manœuvres des bêtes.
Retour à la maison et inventaire de nos acquisitions : l’Anglais a enfin trouvé une paire de bottes – il n’aura plus à porter ma vieille paire de cavalières trop petite – ainsi qu’une ceinture et une dague. Pour ma part, j’ai craqué pour une lanterne ainsi que pour un jeu de couverts à porter à la ceinture, en prévision d’un futur campement – l’idée fait son chemin, rien de précis pour l’instant. Deux verres à pied renaissance s’ajoutent à nos étagères.

Pause rapide avant de ressortir avec la famille du Guitariste pour le dîner. Je me suis de nouveau changée, et j’essaie tant bien que mal de me frayer un passage avec mon vertugadin dans les rues encombrées. Malheureusement, si nous avons faim, c’est aussi le cas de la majorité des participants, et trouver une table libre pour six personnes relève du défi : nous remontons jusqu’à la cathédrale puis redescendons vers le Breuil sans pouvoir trouver de place.
Nous échouons dans une brasserie, en terrasse, alors que la nuit se rafraîchit. A la fin du repas, je suis gelée jusqu’aux os. L’Anglais en profite pour me glisser qu’il ne vaudrait peut-être mieux pas aller au bal renaissance compte tenu de ma fatigue, et je cède à la promesse que nous irons à Paris. Néanmoins, nous continuons à déambuler sur le Breuil, jusqu’à ce qu’un petit verre de saugée m’achève et que nous rentrions.
Enfin rentrer… Les deux compères repartent bien vite passer la soirée là où nous étions hier soir. Ils ne seront de retour qu’à 6h du matin !

Dimanche matin midi, une fois les garçons levés, l’Anglais et moi décidons de repartir en balade. Notre exploration portera cette fois sur l’est de la cité, que nous avons un peu négligé hier. La ville est désertée pour le déjeuner, le silence nous accompagne. Après quelques errements, nous trouvons les campements militaires, puis remontons jusqu’au camp des forgerons.
Malheureusement, je n’aurai pas l’heur de visiter le Logis des dames, reconstitution d’un intérieur noble de la Renaissance, car… c’est fermé pour le déjeuner ! Nous nous contentons donc de déambuler dans les rues et de nous attarder sans être gênés par la foule, et faisons une petite escapade dans les jardins de l’évêché.
Alors que nous sommes sur le point de rentrer nous changer et faire les valises, j’ai enfin l’occasion de voir de près les membres de la contrade italienne : le week-end durant, ils étaient camouflés par la nuée de spectateurs. Une dernière photo depuis le balcon pour vous donner une idée du monde qui attendait le défilé – deux heures avant le passage.

Nos hôtes nous accompagnent une partie du chemin, le temps de nous montrer le château de Polignac, magnifique donjon fortifié. Nous repartons sans avoir eu le temps de tout voir, mais rendez-vous est déjà pris pour l’an prochain !

*Pour ceux d’entre vous qui ne le savent pas encore, je n’aime pas les elfes. Ou disons plutôt que je n’aime pas ceux qui généralement se prennent pour des elfes. Après tout, que penser d’une race, certes immortelle, mais terriblement androgyne et à l’air vaguement souffreteux ? Bande de poseurs, va.

6 thoughts on “Fêtes renaissance du roi de l’oiseau”

  1. Je suis d’accord: vive l’hégémonie des hobbits dont je pense être une digne représentante (sauf pour la moumoute sur les petons)! En plus, je crois deviner à qui tu penses pour celui-qui-se-prend-pour-un-elfe… Moi aussi, je ne supporte pas sa façon de jouer l’elfe arrogant qui ne mérite qu’un coup de peton bien placé. Bref. Moi, rancunière? Nooooooon, si peu…
    L’idée du campement peu effectivement être sympa, nous avons de la vaisselle en bois (gamelles, chopes, cuillers), des fourrures (fausses) et une tente artisanale. Bon, il reste à trouver des costumes adéquats, et ça peut bien rendre. Peut-être qu’en plus, je pourrais trouver des bribes de costumes pour les filles?
    Faudra vraiment organiser ça!

  2. Je pensais à une personne en particulier, mais d’une manière générale et à de rares exceptions près, la plupart des gens qui interprètent des elfes sont comme ça.
    Ca se confirme pour deux princesses ? Damned, va falloir prévoir les diadèmes et les robes !

  3. Elfophobie

    “Il y avait aussi un branle de la haie et un pinagay” ? J’aurais dit qu’ils allaient de paire automatiquement, non ? le “papegay” est vraiment un oiseau ? Quant aux elfes j’aimerais renier mon elfophilie, mais malheureusement, étant sorti avec bon nombre d’elfes… Par contre ma nanophobie me reprend occasionnellement… Personne n’est parfait 😮

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