Tous les matins du monde

Je sais, j’arrive après la bataille. Le film – car je n’ai pas lu le livre – est sorti en 1991, et Alain Corneau est mort la semaine dernière. Mais ce soir, j’ai profité de la rediffusion de Tous les matins du monde sur Arte – enfin, la dernière demi-heure, j’avoue – et j’ai savouré, je pense à sa juste valeur, cette oeuvre qu’il me semble avoir toujours connue.

En 1991, j’habite Paris, et le professeur de musique de notre école primaire nous fait apprendre la chanson interprétée par les deux jeunes filles “Une jeune fillette”. Comme à l’époque je suis persuadée que je dois absolument être sérieuse comme une adulte et avoir des goûts d’adulte, je demande à aller voir le film au cinéma, et j’en ressors bouleversée. Je crois que l’on peut dater ma rencontre avec la musique baroque de ce jour-là. Depuis, même si je peux passer des mois sans en écouter, je nourris un amour, une tendresse particulière pour cette musique, et me retrouver aussi transportée que la première fois. C’est ainsi, je ne me l’explique pas.

Je ne suis pas certaine d’avoir vu le film depuis une bonne quinzaine d’années, mais ce soir, de nombreux détails me sont apparus, alors que je les avais parfaitement occultés. Le plus saisissant d’entre eux est bien entendu la réalisation magnifique d’Alain Corneau, le jeu de lumière qui transforme une simple scène en un tableau de George de La Tour, un plan-séquence en nature morte… Tout le film est en réalité truffé d’allusions à la peinture, mais je n’ai sans doute jamais pu les noter.

Voilà, mon message n’a rien apporté à la postérité, mais je souhaitais juste évoquer ces sensations qui rejaillissent, la fin poignante qui m’a fait pleurer, et la véritable héroïne : la musique.

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