L’écriture, cette emmerdeuse

Il y a quelques semaines, je discutais brièvement avec un ami qui exprimait sa curiosité sur les raisons du long hiatus (quasiment trois ans et demi, quand même) de ce blog.

Source
Source

Je n’ai pas décidé volontairement d’interrompre mes publications – je n’y avais même pas songé, pour être honnête. En revanche, plusieurs événements, pas forcément liés, se sont conjugués et ont fini par avoir raison de mon envie d’écrire.

  • Depuis mars 2010, j’ai entamé une reconversion professionnelle dans la traduction littéraire (je travaillais le soir et le week-end chez moi). Le souci, c’est que certains de mes collègues du boulot “officiel” lisaient ce blog et que je n’avais pas envie d’être interrogée à la machine à café sur mes activités. Même si ça n’empiétait pas sur mon travail, on aurait toujours pu s’interroger sur ma motivation (très médiocre, il faut bien l’avouer) ou sur ma charge de travail (très fluctuante mais en expansion massive depuis fin 2008). Du coup, alors que j’aurais aimé aborder ce sujet, je me suis complètement auto-censurée.
  • Conséquence de cette reconversion, ma vie sociale et culturelle s’est méchamment cassé la figure. Forcément, quand on bosse toute la journée et qu’on en remet une couche tous les soirs (sauf le jeudi pour la soirée médiévale) et le week-end, on est crevé et on préfère regarder la télé que se traîner dehors.
  • En mai 2010, l’Anglais m’a demandée mariage (la cérémonie a eu lieu un an plus tard), mais je refusais d’en parler en ligne, car j’estimais que cela relevait trop de la sphère privée. Du coup, cela faisait encore un sujet de censure !
  • Je m’étais fixé un quota de deux à trois articles par semaine, mais j’avais de plus en plus de mal à remplir cette condition. En outre, c’était devenu une corvée de toujours penser à ce dont je pourrais parler. Quand il n’y a pas de plaisir, cela ne sert à rien de s’acharner.
  • Mais le plus gros déclencheur, que je ne m’explique toujours pas complètement, a été le voyage au Japon effectué avec une amie en novembre 2010. Elle m’avait demandé de lui servir de guide, moyennant quoi je voyageais à ses frais (si). Le souci, c’est que cela faussé la relation qui ne pouvait plus tout à fait être amicale, vu que l’une était redevable à l’autre (à mon sens). Du coup, je me pliais avec plus ou moins de bonne grâce à ses exigences, tout en n’était pas toujours la plus aimable.
    L’autre souci, c’est que cette amie, qui attendait ce voyage depuis quinze ans, a très mal vécu ce séjour : la ville grouillante et indifférente (Tokyo, c’est immense, moche et déboussolant, même si c’est une ville géniale à vivre), la perte totale de repères, que ce soit physiques (le soleil se lève à 5h du mat et se couche à 18h dernier carat), linguistiques ou humains, le décalage très fort entre le Japon fantasmé et le Japon réel (c’est un vrai problème, un peu comme pour les Japonais qui arrivent à Paris en fantasmant sur “Amélie Poulain”)… Je crois qu’elle a très difficilement supporté le fait d’être quasi-entièrement dépendante de moi, elle qui a toujours été autonome et celle sur laquelle on se repose.
    A notre retour, on ne s’est plus parlé, et les choses ne se sont jamais vraiment améliorées. On ne fait plus que se croiser, on se salue, on échange les dernières nouvelles et c’est tout. J’ai vécu ce voyage comme un véritable échec personnel, car je me découvrais incapable de faire aimer ce pays que j’adore à quelqu’un qui était déjà presque converti. A l’époque, j’étais censée passer un entretien peu après notre retour, pour une agence spécialisée dans les voyages très orientés culture, mais je n’y suis jamais allée.

Et puis, insidieusement, ça a recommencé à me travailler. J’avais de nouveau envie de parler sur ce blog, mais je me retenais en me disant que ça demanderait beaucoup de temps et d’investissement. Surtout qu’autour de moi, la quasi-totalité de mes copines se mettaient à écrire ! Et voilà, un beau jour de juin, j’ai fini par décréter qu’il fallait que je m’y remette maintenant-tout-de-suite.
Pourquoi ce déblocage ? Alors là, bonne question…

3 thoughts on “L’écriture, cette emmerdeuse”

  1. Les blogs, ça vient, ça va (malheureusement), mais je suis particulièrement ravie que tu aies repris le tien.
    Je suis aussi régulièrement en lutte contre moi-même et l’auto-censure. Du coup, c’est absurde mais j’ai 3 blogs dont 1 à l’accès limité à 2 personnes que je connais suffisamment pour parler de trucs vraiment perso, le blog que tu connais et un dernier de chroniques, que je vais fermer bientôt pour cause de manque de temps de cerveau.
    Ta dernière histoire m’a fendu le cœur =/

  2. Moi aussi je suis bien contente d’avoir repris même si ça recommence à me triturer le cerveau ! Pour la dernière histoire, c’est triste mais on ne peut pas lutter. Je crois qu’une certaine gêne s’est instaurée, gêne de mon amie parce que je l’ai vue perdre ses moyens, ma propre gêne d’avoir eu un comportement que je n’estime pas exemplaire…
    Etrangement, le Japon est un pays où la décompensation psychique peut survenir très vite et très violemment. Il y a un article intéressant à ce sujet : http://www.kanpai.fr/societe-japonaise/syndrome-paris-vs-syndrome-tokyo

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.