Lire quand on écrit

Cela ne vous aura sans doute pas échappé, je me suis remise à l’écriture. Or si j’adore ça, je m’aperçois que c’est une activité difficilement compatible avec un de mes plus grands passe-temps : la lecture.

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Au-delà de la question du temps (mais qui a besoin de dormir, de nos jours ?), je trouve qu’il existe une véritable dichotomie : comment produire quelque chose quand on est absorbé par l’univers de quelqu’un d’autre ? Je vis intensément ce que je lis, au point de formuler mes pensées dans le style de l’auteur (ça peut être très drôle quand mon cerveau se met à me parler en alexandrins ou à employer des figures de style zoliennes), alors m’arracher à ce monde pour coucher le mien sur le papier est très compliqué.
En outre, j’ai relevé deux cas de figure qui reviennent très souvent :

  • J’adore ce que je lis. J’aurais adoré écrire ça. D’ailleurs, pourquoi ne l’ai-je pas écrit ? C’est facile, c’est parce que je n’en suis pas capable. La vie n’en vaut pas la peine. Je vais abandonner mon manuscrit et aller bouder dans le canapé avec mon pot de glace, tiens.
  • Mais c’est génial, cette idée ! Ca va se voir beaucoup, si je pique l’arc narratif / le conflit / les personnages / l’univers / tout ça à la fois ?

Vous l’aurez compris, entre crise de foi et risque de plagiat, c’est vraiment galère de concilier le livre et la plume ! Surtout qu’en ce qui me concerne, on ratisse large : la romance, bien entendu, mais aussi les romans de façon plus générale, et les ouvrages historiographiques. Ce qui, en tout, doit représenter au moins les deux tiers de ma PAL.

Du coup, j’ai découvert quelques trucs qui me permettent de lire, même en période de procrastination rédaction intense.

  • Lire des documents ou magazines. Ces dernières semaines, les hors-séries de 180°C et les ouvrages de Svetlana Alexiévitch m’ont bien aidée.
  • Me remettre aux classiques. Outre les “indémodables” qui ne traînent jamais loin de ma table de chevet (Au bonheur des dames, par le plus grand des hasards), je m’efforce de rattraper mes lacunes en la matière. Voici plusieurs mois que je lis Les Misérables – même si j’éprouve de longs moments d’ennui, je profite du style impeccable de Hugo.
  • Dévorer les opuscules sur des sujets plus ou moins improbables – plus on s’éloigne de mon domaine de prédilection, plus il y a de chances que ça marche. Dernier en date : Le piment d’Espelette, un produit, un territoire, aux éditions de l’Epure. Les éditions Allia sont aussi un excellent pourvoyeur.

Alors, suis-je folle ? Plutôt normale ? Et vous qui écrivez, ressentez-vous la même chose ?

8 thoughts on “Lire quand on écrit”

  1. Pour ce que la modeste expérience m’autorise à dire, je me retrouve pas mal dans la prise de tête: “oh, mais les autres écrivent tellement bien qu’il est inutile que je continue”.
    En parallèle, je me rends compte que le fait de relire (car je lis rarement une fois un roman qui me plaît) un texte familier quand je suis en phase d’écriture à tendance à faire ressortir les imperfections du style (redondances, incohérences) comme si mon œil était programmé différemment.
    Sinon, je mis beaucoup de biographies et d’ouvrages à propos de l’époque qui m’intéresse (et je mets le fond sonore assorti). Une sorte d’immersion.

    Je devrais tenter les magasines pour déconnecter un peu.

  2. Je n’écris pas vraiment, mais je me retrouve totalement dans ce que tu dis, de la formulation de pensée dans le style de l’auteur au “les autres écrivent tellement bien”.
    En même temps j’ai l’impression que plus on lit de choses différentes durant une phase où l’on écrit, plus on “n’accroche” moins un style qu’un autre…
    Bref, je vote pour l’option “on est tous un peu fous, tu es normale” ^^

  3. J’ai longtemps éprouvé la même chose, jusqu’à ce que je trouve une astuce: lire des romans dans la même ambiance/sur le même thème que ce que je suis en train d’écrire. Sans tomber dans le plagiat, je trouve que ça me porte et donne une couleur à mon écriture. C’est pour ça que j’ai relu beaucoup de Zola quand j’écrivais “Rose soie” 🙂

  4. Même en trad, ça m’arrive. En fait, j’ai tendance à me calquer sur le style d’origine, pour le meilleur et pour le pire.
    Ou mieux : je m’imprègne du style du livre que je lis et je le transpose dans mes traductions. Ça fait un gloubiboulga assez curieux mais jusqu’à présent, ça ne m’a pas joué de tour. Je crois que je ne suis tout simplement pas assez bonne pour réussir à plagier et me contente donc de bribes.

    Dans ton cas, je pense que c’est une bonne idée de multiplier les lectures – même le piment d’Espelette – et de laisser ton cerveau faire la digestion et « recracher » ce qu’il a ensuite. En tout cas, il doit être possible de retravailler les idées bonnes que tu rencontres pour ne pas faire du plagiat mais juste t’en inspirer 🙂

  5. hello, Je suis absolument dans le meme cas que toi. Je tombe amoureuse des livres que je lis et a chaque fois je me mets en tête d’écrire une aussi bonne histoire ( et bien sûr je finis par avoir envie de plagier !) C’est dure d’écrire quelque chose de vraiment original. Une histoire jamais vu ect. Beaucoup d’histoires se ressemblent bcp désormais. Ton article est vraiment bien et j’espère que tu réussiras à ecrire quelque chose “A toi” et ne tkt pas tu n’es absolument pas folle hih

  6. Oh la vérité, je pense pas que tu sois folle! ^^. Pas du tout, du tout, ou alors c’est que ma foi, on l’est tous un peu. Lorsqu’il m’arrive de poser ma brave rondelle derrière le n’écran d’ordinateur pour écrire, je me dis absolument la même chose: “Putanasse viieux Roulio, non mais t’es qu’un gros et gras imposteur des quais. On n’a pas idée d’être aussi misérable de par son phrasé. Tu ferais de retourner fissa te coucher et compter les peuhoils du pubi de Demi*. Voui.
    Quant à l’histoire du plagiat, je me disons en ma vénérable barbe que je suis tellement nulle, que c’est même point la peine d’y penser…
    Alors…bah je m’en vais faire un tour sous mon drap housse. Et. Je gueule ma rage, mon désespoir, je brame à l’assassinat du marchand de talent, qui m’a vraisemblablement oubliée en son tiroir, je crie au traquenard. Et. Je compte.

    Les peuhoils.
    Au revoir.

    *Demi le velu pour les intimes.

  7. J’écris une bonne partie de la journée et je lis beaucoup, je crois que mon cerveau a vraiment besoin d’avoir les deux versants de la chose écrite. Je n’écris pas de romans mais des textes techniques qui n’ont rien à voir avec ce que je lis, c’est peut-être ça qui me sauve ?
    Quand j’écris un manuel d’utilisation ou une procédure, ça n’a pas grand-chose à voir avec des dragons ou l’histoire des Tudor ;). Et je lis pas mal en anglais, aussi, ce qui me permet probablement d’avoir une certaine distance.
    En revanche, le sentiment de “J’arriverai jamais à écrire une si bonne histoire” ça m’arrive à chaque bon livre que je lis !

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