Takayama

Après quelques ennuis techniques dus à une connexion internet pour le moins difficile, voici des nouvelles de notre périple. Hier et aujourd’hui, bravant les éléments (et les transports en commun), nous nous sommes rendues à Takayama, dans les Alpes japonaises (pas loin du Rhin japonais – non, vous ne rêvez pas, nous avons bel et bien eu une description de ce genre dans le train).

La ville est connue pour son centre ville ancien préservé, datant du début de l’époque d’Edo (1603-1867), notamment parce qu’elle s’est trouvée être le siège du gouvernement de la province. Grâce à la visite d’usage dans les vieilles ruelles et les boutiques à touristes (locaux, je précise), nous pouvons admirer certaines maisons, parfois immenses. De nombreuses distilleries de saké parsèment le chemin, et l’on peut les reconnaître à la boule de branches de cèdre au-dessus de la porte.

Nous nous sommes aussi rendues au Takayama-jinya, la demeure du gouverneur et, comme nous étions le Jour de la Culture (oui, ce genre de choses existe), l’entrée était gratuite. La demeure est immense et presque entièrement vide, mais on bénéficie d’une très belle vue sur les jardins intérieurs, dont les érables sont en train de rougir. Comme il est d’usage au Japon, la visite se fait… en chaussettes, avec les chaussures dans un sac plastique sous le bras, pour ne pas abîmer les couloirs en bois et les tatamis. Il suffit de prendre le coup, et l’on s’y fait. Le seul problème, c’est qu’en montagne, le sol est plutôt froid, surtout quand toutes les portes et fenêtres sont ouvertes pour procurer plus de lumière aux visiteurs.

A la tombée de la nuit (vers 17h, donc), les boutiques et les lieux historiques ferment, et il ne reste plus à nos deux touristes qu’à retourner au ryôkan (auberge traditionnelle) pour prendre un bain. Mais attention, il s’agit d’un onsen, bain traditionnel, alimenté ici par de l’eau de source chaude. Le principe est un peu le même qu’au hammam : hommes et femmes sont séparés, on se lave dans la partie appropriée et, une fois qu’on est bien propre, on se baigne dans l’eau chaude. Enfin, je me suis baignée. C’est très relaxant (et tellement crevant en fait, que j’ai systématiquement envie de dormir en sortant).

Ce matin, direction Hida no Sato, une reconstitution de village des montagnes locales japonais traditionnel. Afin de conserver le patrimoine architectural, de vieilles maisons typiques ont été déplacées ici et sont présentées au public. J’avais déjà visité les lieux il y a cinq ans lors de ma dernière expédition dans le coin, et ça donnait ça :

Aujourd’hui, le temps est plus clément, mais à force d’ôter et de remettre les chaussures pendant deux heures, on pourrait attraper un rhume. Les maisons sont très belles, et dans beaucoup d’entre elles, le foyer est allumé, non dans un but d’« authenticité », mais pour faciliter la conservation : la fumée chasse les nuisibles et garde le chaume et les cordes secs. Quelques courtes expositions retracent les activités des villages locaux (sériculture, coupe du bois, fêtes…) ou des savoir-faire traditionnels (fabrication des zôri, sandales de paille, tissage…). L’ensemble est à la fois distrayant et didactique.

Après deux grandes heures de balade, force est de constater que le froid gagne du terrain et qu’il serait temps de repartir. Une dernière promenade le long de la rivière où les carpes prennent le soleil et où une grue regarde l’eau couler, un dernier achat de souvenirs idiots, et nous sautons dans le train. Direction Kyôto !

13 jours au Japon : Nikkô

Aujourd’hui, nous allons affronter Nikkô, le site culturel peut-être le plus controversé au Japon. J’entends par là que le style est plus du “rococo chinois” (dixit mon professeur d’histoire du Japon à l’Inalco), mais que les Japonais s’y déplacent en masse et qu’un proverbe local dit “tu ne connais pas Nikkô, tu ne connais pas le beau”.

Nikkô est un ensemble architectural religieux, dont les premières traces remonteraient au VIIIème siècle. Au XVIIème siècle, le Japon change de régime, et est désormais gouverné de fait par des shôgun, ou chefs de guerre, appartenant à la famille Tokugawa. Le fondateur de la lignée, Tokugawa Ieyasu, est enterré ici et révéré comme kami (divinité protectrice). Afin de se démarquer du style architectural et ornemental impérial, le choix a été fait de se revendiquer d’un style chinois (ou sinisant), ce qui donne parfois un peu mal aux yeux.

Au programme ; dorures, peintures vives, divinités bouddhiques, statues monumentales en bois laqué ou coloré… L’oeil a un peu de mal à s’adapter, il faut le reconnaître. On trouve aussi un cheval vivant (ne me demandez pas pourquoi, je n’arrive pas à m’en souvenir) et de très beaux bas-reliefs en bois sculpté, représentant des animaux (avec plus ou moins d’acuité : les éléphants ne sont pas très ressemblants, ou alors le Japon abrite un chaînon manquant dans la chaîne de l’évolution).

Mais la journée fut surtout pour nous l’occasion d’admirer nos premières momiji, les feuilles d’érable rouges, considérées dans l’imaginaire (et la littérature) japonais comme des fleurs à part entière. Comme la saison s’étale sur le mois de novembre, ne désespérons pas d’en voir de nouvelles à Kyôto !


13 jours au Japon – Jour 2

Ce matin, nous nous sommes rendues au temple d’Asakusa, le Sensô-ji, lieu très connu pour son énorme lampion rouge et ses groupes qui prennent la pose. J’ai déjà fait un compte -rendu ici, alors je vais me contenter de mettre quelques photos.

La grande attraction de ce temple réside dans son allée de petits commerces qui vendent tout et n’importe quoi, mais surtout de la nourriture. Nous sommes d’ailleurs tombées en arrêt devant une boutique, et surtout sa machine à fabriquer des gâteaux fourrés.

Suite de la balade au parc d’Ueno et ses mutilples sanctuaires et temples. Un sanctuaire dédié à Inari (le dieu renard, divinité agraire), un temple de Kannon (le bodhisattva également révéré au Sensô-ji) et un temple de Benten (déesse bouddhique des arts). En ce moment, les allées sont bordées de lampions ornés de reproductions d’estampes du XIXème siècle, afin d’illuminer le parc à la tombée de la nuit (vers 17h).

Mais la véritable attraction ici, ce sont les chats : ils se font caresser, chouchouter par les visiteurs. Nous avons même vu un monsieur à vélo “faire sa tournée” pour les nourrir, et même en embarquer deux dans son panier pour les promener. En tout cas, il semble être une figure connue, car les chats qui ne bougeaient pas d’un cheveu lorsque les passants s’occupaient d’eux, ont bondi comme un seul homme à son arrivée.

Après un délicieux déjeuner dans un restaurant du quartier spécialisé dans les plats à base de poulet (brochettes, sukiyaki, plats de riz…), nous partons pour le palais impérial, au coeur de la ville. Après avoir longé les douves extérieure, nous arrivons à la porte principale… juste à temps pour voir un cortège officiel quitter le palais, et apprendre qu’aujourd’hui, il n’est pas possible d’entrer. En fait, le palais en lui-même ne se visite pas, mais même la partie du parc ouverte au public semblait inaccessible.

Suite et fin du périple à Shibuya, où nous flânons dans les rues et visitons un peu les boutiques. A ma grande déconvenue, le magasin HMV est fermé, et je n’ai pas réussi à localiser le Tower Records (j’ai toujours eu du mal, il me faut toujours une ou deux tentatives pour y arriver). En effet, nous devons trouver – si toutefois la chose existe, ce dont je doute très fortement – un CD reprenant les jingles diffusés dans le métro (parce que la RATP vend ses jingles d’annonces ???). Bref. Des heures d’amusement en perspective, je le sens bien.

Allez, sur ce, je vous laisse, je vais essayer de ne pas me perdre de retrouver mes amies pour dîner à Shinjuku (la plus grosse gare de Tokyo, à peine 3,5 millions de voyageurs par jour).

13 jours au Japon – Jour 1

Et oui, la plupart d’entre vous sont au courant, mais je suis de retour au Japon, cette fois-ci sans mon Anglais préféré, pour accompagner une amie qui désirait découvrir le pays avec un guide (moi, donc). Aujourd’hui fut la première étape de notre voyage, malgré quelques péripéties et le manque de sommeil.

Nous nous sommes d’abord rendues au sanctuaire Hanazono que l’Anglais et moi avions visité en mai dernier, mais, là encore, nous avons échoué à trouver le marché aux puces. Je vais finir par croire que c’est une légende urbaine. En fait, les marchés sont suspendus en mai et novembre, en raison des festivités religieuses. Or cette semaine, aura lieu le festival des “7-5-3” (shichi-go-san), qui célèbre les petites filles âgées de 3 et 7 ans et les petits garçons âgés de 5 ans. C’est une tradition bien respectée, et il ne fait pas de doute que le sanctuaire faisait peau neuve dans ce but.

Suite de la “prise de contact” au sanctuaire Meiji, toujours lui (en même temps, c’est vraiment un très bel endroit, en pleine nature au coeur de la ville). Par un hasard extraordinaire, il se trouve que ce week-end le sanctuaire célèbre les 90 ans de sa consécration. Nous avons donc pu assister à des concerts de musique traditionnelle (avec instruments traditionnels mais parfois aux sonorités très modernes), des démonstrations de danse, un défilé de kannushi (prêtres shintô)…
Mais le clou du spectacle reposait dans la procession de mikoshi, sorte d’autels portatifs sensés abriter le kami. Il y en avait trois : un porté par les hommes, un par les femmes, un par les enfants. On avance selon des petits pas extrêmement saccadés et, à intervalles réguliers, le mikoshi est secoué (mais vraiment : il passe à l’horizontale). Du coup, l’endroit était bondé, l’ambiance très bon enfant, avec de nombreuses échoppes comme toujours dans ces circonstances : amulettes, souvenirs du sanctuaire, souvenirs tout court, nourriture… D’immenses constructions illustrant des mythes japonais avaient été élevés dans la forêt et brillamment éclairés. Cela a vraiment donné un côté irréel à la scène, car l’endroit est généralement très calme.


La fin de la journée a failli s’achever au Tochô, la mairie de Tokyo, dont les tours, qui ne sont pas sans rappeler Notre-Dame, sont ouvertes au public qui souhaite profiter des terrasses pour prendre moult clichés. Lou et moi avions sacrifié à la coutume lors de notre premier séjour en 2003, et j’avais obtenus d’assez bons résultats avec un argentique dont je ne savais pas me servir et en nocturne. Cette fois-ci, il n’y aura que des vues extérieures.

Cette première prise de contact peut paraître un peu abrupte, peut-être restrictive, mais j’avoue que j’ai fini par avoir beaucoup de mal à me concentrer avec trop de sommeil en retard.

Tokyo en cinq jour – Jour 5

Jour 5
Même les meilleures choses ont une fin, et ce séjour n’échappe malheureusement pas à la règle. Aujourd’hui, c’est dimanche, et nous décidons de faire un peu les puces pour trouver, si ce n’est de vieux kimonos (parce que j’en ai déjà un dans la valise et qu’elle va finir par exploser), du moins des accessoires et/ou un obi pour aller avec mon acquisition de la veille.
Pour cela nous décidons de nous rendre au sanctuaire Hanazono, juste à côté de notre hôtel. En effet, au Japon, la plupart des marchés aux puces sont hébergés par des temples ou des sanctuaires un à deux dimanches par mois et, coup de chance, celui-ci est accessible le 5ème dimanche soit… aujourd’hui. Il est 8h du matin et, quand même, il y a du monde dans les rues.
En arrivant sur place, nous découvrons pourquoi : le sanctuaire accueille un “matsuri”, à la fois célébration religieuse et fête foraine, avec prêtres en grande tenue qui déplacent des chars décorés, membres de la communauté de quartier en uniforme pour encadrer le cortège qui passera dans les rues, vendeurs de nourriture et de souvenirs… L’endroit est bondé, des responsables énoncent des remerciements à l’ensemble des gens qui ont aidé à l’organisation et au bon déroulement du festival, le défilé se met en place. Ce mois-ci, en effet, on célèbre Inari, divinité (entre autres) des récoltes et de l’abondance et représentée sous les traits d’un renard.

Du coup, un peu dépités, nous enchaînons avec l’autre sanctuaire qui accueillerait des puces ce dimanche. Ca tombe bien, il se trouve vers Harajuku-Omotesandô, où je comptais de toute façon terminer mon shopping. Le sanctuaire en question, un petit refuge de verdure et de calme dans ce quartier pour le moins frénétique, est beau et… complètement désert. Nous observons un peu les carpes – c’est un peu un sport national ici – avant de nous diriger vers La boutique à touristes de Tokyo : l’Oriental Bazaar.
Et là, le miracle s’opère ! Alors que nous nous asseyons pour siroter un oolong glacé, des marchands sont en train d’installer des dizaines de kimono, obi, yukata, accessoires… juste à côté de nous. Nous allons d’abord faire des courses à la boutique, car je recherche des choses assez spécifique : un jûban (vêtement de dessous) pour le furisode acheté hier et un nouvel obi (j’en ai trouvé un rouge à motifs géométriques or et argent). De retour sur le pavé, la surface d’exposition a triplé, et l’Anglais accepte de passer près d’une heure avec moi à farfouiller tous les obi pour trouver la perle rare. Ce que nous trouvons. Avec un kimono pour homme, et encore d’autres accessoires.

Nous rentrons à l’hôtel pour tenter de faire rentrer nos nouvelles acquisitions dans les valises, avant de ressortir pour retrouver Shigeko, ma plus ancienne amie japonaise. Nous passons une soirée très agréable dans un restaurant de viande grillée, à parler mi-anglais mi-japonais, à comparer les sociétés japonaise et française, à parler nourriture… Le temps passe beaucoup trop vite, il faut déjà rentrer. Demain matin, destination l’aéroport dès 7h du matin !


Tokyo en cinq jours – Jour 4

Jour 4
Après la vie quotidienne hier, place au Japon et à ses cérémonies, sous toutes ses formes. On utilise parfois en études japonaises l’expression d’ “empire des rites” pour parler de ce pays, et c’est avec raison. Je pense que c’est là qu’il faut chercher une des raisons de ma passion pour ce pays. Les rites, les rituels, en ce qu’ils ont de codifié, de répétitif, d’encadré, ont un côté sécurisant et apaisant. Dans L’année où j’ai vécu selon la Bible, A. J. Jacobs ne dit pas autre chose quand il parle des obligations bibliques auxquelles il doit se conformer. Bref.
Toujours est-il que c’est pour apaiser un des aspects de ma passion pour les rites japonais que j’ai décidé de traîner l’Anglais dans la moitié des grands magasin de Ginza ce matin : je cherche un kimono. Pour tout ce qui concerne ce vêtement et (quelques-unes de) ses particularités, vous pouvez jeter un oeil à un vieil article que j’ai commis il y a deux ans. Sinon, la plupart de mes lecteurs savent déjà qu’il s’agit d’une de mes marottes. Je possède un vieux tomesode qui a connu des jours meilleurs, ainsi qu’un obi tout ramollo et pas mal d’accessoires, mais il me manque encore pas mal de choses dont je veux faire l’acquisition.

Ginza a souvent été comparé aux Champs Elysées depuis les années 1980. A tort, selon moi. Déjà, Ginza, c’est un quartier, et pas une avenue – bon soit, c’est surtout deux grandes artères qui abritent beaucoup de magasins de luxe et de grands magasins très chics, en plus du kabuki-za, le théâtre national consacré à cet art. Ensuite, Ginza c’est froid et c’est un coin à vieux (et surtout à vieilles) pleins de frics et à touristes. Mais qu’à cela ne tienne, je trouverai sans doute mon bonheur ici.
Sauf qu’en fait non. Après avoir parcouru trois magasins, je dois me rendre à l’évidence : les rayons spécialisés pour les kimonos sont soit inexistants, soit affreusement moches/réducteurs. En désespoir de cause, nous décidons de repartir à Shibuya, où nous serons peut-être plus chanceux. A Shibuya, nous faisons de nouveau chou blanc : il y a un bien des rayons pour les yukata – kimono léger en coton pour les fêtes d’été – dans les magasins Marui, mais ce n’est pas ce que je cherche non plus. Nous finissons par “échouer” à Shinjuku, non sans nous être arrêtés au McDo – je ne pouvais pas laisser l’Anglais repartir sans avoir goûté le Mac Teriyaki. Et le miracle s’opère. Nous trouvons le bon stand.

Déjà, je peux m’estimer chanceuse, le Japon est le pays du client roi : j’ai beau avoir une tête d’Occidentale repérable à 50 mètres, la vendeuse est aux petits soins pour moi, ne semble pas s’étonner le moins du monde que je demande à voir des furisode… Elle pousse même la gentillesse et l’amabilité jusqu’à me sortir plus de kimono que nécessaire parce que “même s’ils sont trop chers, c’est joli à essayer” ! Et finalement, mon choix se porte sur le premier qu’elle m’avait conseillé : un magnifique furisode bleu à motifs de sakura. Moi qui voulais éviter de tomber dans le cliché, c’est raté ! Mais qu’à cela ne tienne, il est superbe et j’en suis très heureuse.
Je complète mes courses par divers accessoires – cordons, obi-ita… plus une paire de zôri que l’Anglais décide de m’offrir. Nous avons le privilège d’admirer la diligence des vendeuses, qui se mettent à deux pour emballer mes achats (parce qu’aujourd’hui il pleut, donc j’ai droit à une protection supplémentaire), puis nous rentrons à l’hôtel, car déjà il faut se préparer pour la seconde partie de la journée…

Car la raison première de notre visite au Japon, c’est d’abord le mariage d’un couple d’amis à moi. Lui est japonais, elle est chinoise, et ils se sont déjà mariés “religieusement” à Shanghai le mois dernier – j’étais invitée aussi, mais mes finances n’arrivaient pas à suivre. Du coup, ce soir, il s’agit juste d’une réception pour les amis et les collègues. Et là, nous allons pouvoir constater que la différence culturelle n’est pas un vain mot.
J’ai beau savoir à quoi m’attendre, me retrouver à 5 gaijin dans la foule et la seule femme, ça fait bizarre. Les gens sont même persuadés que l’invité est l’Anglais et que je suis là à titre de “compagne”. Le réception est en fait le prétexte à mettre les mariés en représentation devant leurs invités : discours, séances de pose avec tout le monde (on fait même la queue pour ça)… le tout en japonais. Je vous laisse imaginer le bonheur de l’Anglais qui ne suit rien aux débats – j’ai moi-même beaucoup de mal car le langage est très codifié et formel.
Mais n’allez pas croire que la soirée est triste, voire guindée ! Déjà, les mariés ont organisé un petit quizz pour leurs invités : vont-ils avoir les mêmes réponses à des questions aussi cruciales que “Quel est le plat préféré de Yoshi quand Shengya cuisine ?” ou “Quelle activité voulez-vous que vos enfants pratiquent plus tard ?” Etrangement, l’erreur n’est pas forcément là où on le penserait. A un moment, les collègues et amis du mariés se lancent dans une session danse de boys band + karaoke, avant d’inviter le marié à y prendre part lui-même !
Bon, de notre point de vue, la grosse déception vient du buffet : le thème est scandinave ! Faire 10.000km pour manger des harengs marinés, c’est un peu… bof. Surtout alors que les parents de l’Anglais nous ont emmenés dîner au restaurant Copenhague le mois dernier (non je ne fais pas ma snob, j’énonce juste un fait).
Le cocktail est assez bref (18h-20h30), mais je crois que cela a suffi à mon cher et tendre comme incursion dans l’univers bien particulier des mariages asiatiques. Les mariés sont allés boire un verre ou deux (ou plus) avec leurs invités à l’issue de la soirée, mais nous avons renoncé : trop fatigués et pas très envie d’arpenter les rues alors que je ne suis pas assez couverte (ben oui, j’ai fait mes bagages en pensant qu’on aurait 25-30°, pas 20° et de la pluie).

Tokyo en cinq jours – Jour 3

Jour 3
Aujourd’hui, détente. Pas de visite culturelle à l’horizon, juste une plongée dans la vie quotidienne tokyoïte par le biais d’une expédition dans un quartier résidentiel un peu excentré, Kichijôji. Cette excursion était réclamée par l’Anglais, qui a découvert l’endroit par au moyen d’un manga qu’il lisait dans son jeune temps, Racaille blues, et dont l’action se déroule ici. Kichijôji est un quartier résidentiel et commerçant – avec un Marui juste en face de la gare, dans lequel j’ai trouvé un très beau stand de kimono, nous y reviendrons – mais est surtout connu pour son parc, Inokashira Kôen.
Nous passons donc la matinée à arpenter tranquillement le parc, sous le soleil. Le centre est occupé par un petit lac peuplé de carpes voraces, mais qui abrite aussi un sanctuaire. On peut également faire du pédalo… dans des bateaux en forme de cygnes ! Totalement kitsch, et emblématique des lieux.

Mais la “pièce maîtresse”, si j’ose dire, est le zoo, que nous nous empressons de visiter. La première partie, la plus petite, est consacrée aux oiseaux – j’ai enfin vu à quoi ressemblait un canard mandarin – et nous y croisons un groupe de maternelles, ainsi que quelques mères de famille avec leur progéniture. Il faut marcher quelques minutes pour rejoindre la seconde partie, immense, qui abrite quant à lui des singes, des chats sauvages, de superbes oiseaux exotiques aux couleurs incroyables… et partout, des groupes d’enfants !
Nous passons deux bonnes heures à arpenter les lieux, prendre des photos, observer les animaux… Un véritable retour en enfance, sous le chaud soleil de mai, dans un calme somme toute relatif mais radicalement différent du brouhaha des grands centres que sont les quartiers touristiques. En début d’après-midi, nous décidons de nous asseoir pour grignoter des takoyaki – beignets de poulpe aux algues et à la mayo – et écrire nos cartes postales. Une jeune mère s’est alors assise près de nous et s’est mise à nous parler, de la France, du Japon. Une vraie rencontre, assez insolite quand on connaît la réserve des Japonais.

Après un break à l’hôtel – cette semaine, mon sport favori sera la sieste de 5 à 7 – destination Shibuya pour retrouver Sachiko, une amie de fac. A l’époque où j’étais scolarisée ici, elle et un autre étudiant japonais de la fac étaient chargés de prendre soin des étudiants étrangers de notre résidence. Nous devons dîner avec elle et son copain, et elle a réservé une table à Ebisu, à quelques minutes de là, dans une izakaya.
L’izakaya, c’est l’équivalent japonais du bar à tapas. J’ai beau chercher, je ne trouve pas de meilleure comparaison. On vient ici en couple, entre amis, entre collègues… On mange et surtout on boit : généralement, on commande un menu qui fournira une petite dizaine de plats déjà déterminés – ici du sashimi, de la purée de sésame, diverses brochettes, une salade composée… japonais ou d’inspiration plus ou moins occidentale. Pour faire passer le tout, du saké, de la bière et, grande découverte de la soirée : du shôchu, équivalent de la vodka, en moins fort. Ma préférence va à la version distillée à base de shiso, cette plante que l’on appelle également le “basilic japonais”.

L’ambiance est bon enfant quoiqu’un peu bruyante – mais nous sommes vendredi soir c’est normal. Dans la série “faisons découvrir des trucs nouveaux à l’Anglais”, nous avons testé le dîner en chaussettes : les chaussures sont laissées à l’entrée de l’étage, dans le petit casier correspondant à notre table, et il faut enfiler des chaussons spéciaux pour aller aux toilettes.
La soirée file à toute allure, nous buvons, nous mangeons (très bien), nous échangeons des anecdotes sur nos années de fac, sur comment les couples se sont formés… Et vers 23h30, c’est l’heure de partir. Ca tombe bien, c’est l’heure de départ approximative que Sachiko avait précisée en réservant. Et oui ! Ici, on réserve l’heure d’arrivée en donnant une estimation du temps qu’on va passer sur place.
Il faut alors rejoindre rapidement la station, car mine de rien le dernier train de banlieue ne tardera pas – les horaires de fin de service sont sensiblement les mêmes qu’à Paris. Une excellente journée qui nous a offert une vraie incursion dans la vie quotidienne.


Tokyo en cinq jours – Jour 2

Jour 2
Asakusa Ce matin, direction Asakusa, quartier à l’Est de Tokyo, qui abrite un temple et un sanctuaire très célèbres – et comme souvent au Japon, complètement intriqués. La porte principale est ornée d’un immense lampion rouge, puis on accède au temple par une allée bordée de boutiques (à touristes, mais à touristes jap).
Nous remontons tranquillement l’allée, le temps de faire découvrir les parfums locaux de “soft ice” (glace à l’italienne) à l’Anglais, qui se décide pour “patate douce”, pendant que je me tourne vers un classique “macha”. Nous passons un second portique, ornée de deux zôri (sandales en paille) gigantesques, sensées appartenir à une divinité bouddhique. Après avoir traversé la cour et nous être arrêtés dans les vapeurs d’encens – ça porte bonheur – nous entrons enfin dans le pavillon principal.

Le pavillon est assez sombre. Son plafond est orné d’immenses peintures représentants des dragons, les messagers divins dans la tradition bouddhique. Au centre, derrière une grille, des moines célèbrent un service, en présence de quelques “happy few”. De chaque côté, on trouve des mikuji, sorte de bonne aventure attribuée par le hasard : on tire une tige numérotée dans une boîte, qui nous renvoie à un tiroir où se trouve la prédiction. L’Anglais a ainsi obtenu une “petite fortune”, ce qui signifie qu’il doit conserver le papier avec lui et ne pas le nouer à l’une des tiges de métal prévues pour se débarrasser de la mauvaise fortune.

Nous continuons notre chemin vers Ueno et son parc, au nord est du palais impérial. Le parc est immense, et abrite, entre autres, un zoo, un beau sanctuaire et divers musées. Il y a même un concours d’ikebana dédié à l’azalée: des arbustes alignés à perte de vue, chargés de fleurs roses et blanches, c’est assez bucolique.
Comme c’est notre journée culturelle, destination le musée national de Tokyo. C’est un endroit que j’affectionne, car il présente intelligemment les collections et offre des expositions temporaires très belles. Lors de ma dernière visite, j’avais pu apprécier une expo consacrée au peintre d’estampes Hokusai. Nous parcourons le premier étage, qui propose un panorama de l’art japonais des origines (époque Jômon) à l’époque moderne (début de l’ère Meiji). L’art japonais a ceci de particulier que la frontière entre art et artisanat est beaucoup plus ténue qu’en Occident, et cela se ressent dans les oeuvres présentées: outre les traditionnelles estampes ou les kakemono (peintures ou calligraphies suspendues), on trouve des kimono, des sabres, des armures, de la vaisselle, des exemples de calligraphie ou des objets en laque.

Après le culturel, place au trivial : petite promenade dans le quartier “commerçant” d’Ueno qui se trouve, comme partout au Japon, autour de la gare : un enchevêtrement de ruelles où s’entassent boutiques de golf, salles de pachinko, petits restos… Nous décidons de faire une pause bien méritée dans un restaurant de nouilles qui présente une particularité intéressante : on commande grâce à un distributeur !
L’idée est simple : on choisit son plat grâce au descriptif, on introduit l’argent et on obtient un ticket avec la commande déjà payée que l’on remet au serveur. Grand moment de solitude quand il fallut traduire (enfin, essayer…) l’intégralité de la carte à l’Anglais. C’est l’un de ces nombreux “fast-food tradi” où l’on mange vite et pas cher des plats populaires japonais. Si le personnel et les clients ont été surpris de nous voir, ils n’en ont rien montré, et nous avons pu souffler un peu, avant de faire un peu de shopping puis de rentrer à l’hôtel.

Le soir, petite sortie de Shibuya pour retrouver le cousin Vlad et boire un verre, puis dîner en amoureux pour manger… ça alors, des nouilles ! Ben oui, c’est bon et pas cher, mais promis on mangera d’autres plats dans les jours qui viennent. Je vous laisse quelques photos supplémentaires.


Tokyo en cinq jours – Jour 1

Shinjuku sous la pluieNon, je n’ai pas d’excuse. Enfin, l’épuisement et les sorties diverses peut-être… Quoiqu’il en soit, avec à peine une semaine de retard, je vais enfin vous parler de notre séjour ultra-court à Tokyo. Pour l’Anglais dont c’était le premier séjour au Japon, c’était une première incursion dans la vie tokyoïte, et j’ose penser qu’il a eu droit à un bel aperçu de la ville et de ses différents aspects. Et qui sait, peut-être que certains d’entre vous y trouveront des idées d’expédition.

Jour 1
Replaçons le contexte : lundi soir, nous sommes rentrés d’Opus Manuum en petite forme physique, même si ce fut une parenthèse agréable. Mardi matin, lever à 8h pour faire les valises et attraper l’avion. 12h de vol plus tard, nous avons à peine dormi et nous débarquons à 7h30 le mercredi matin.
Après les mutiples formalités d’usage et la preuve, une nouvelle fois, que l’Anglais a une poisse incroyable dans les files d’attente – et oui, il s’est retrouvé dernier du vol à entrer sur le sol japonais, car le type devant lui a passé un quart d’heure aux douanes – direction le centre de Tokyo. Notre hôtel est à Shinjuku san-chôme, à environ 15mn à pied de la gare centrale de Shinjuku.

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Après un rapide déjeuner de gyûdon (boeuf émincé sur bol de riz), nous partons à l’aventure. Un peu fou, un peu téméraire, l’Anglais m’avait dit qu’il souhaitait marcher dans la ville. Qu’à cela ne tienne, nous avons donc rallié le sanctuaire Meiji depuis notre hôtel, soit près d’une heure et demie de marche à pied en faisant au plus court.
Le Meiji-jingu, ou sanctuaire Meiji, se trouve au coeur du parc de Yoyogi, en plein centre de l’arrondissement de Shibuya, et près d’une artère très fréquentée. Quand on ne connaît de Tokyo que les a priori sur la ville qui ne dort jamais et la vie “grouillante”, on peut être très surpris du calme des lieux, de l’aspect “perdu au coeur de la nature” du sanctuaire, car presque aucun bruit de la vie moderne ne filtre jusqu’ici. On accède au sanctuaire par une forêt et en passant un torii, ces hauts portiques de bois parfois peints en rouge, et qui symbolisent le passage dans une autre “dimension”.

Barils de saké à l'entrée du sanctuaire MeijiTonneaux... de vinA l’entrée du sanctuaire sont présentés des barils de saké offerts par les distilleries locales pour s’attirer la bonne fortune. Cette pratique est ancienne, mais depuis ma dernière visite, une nouveauté est apparue : des tonneaux de vin ! En face des barils, sont désormais alignés différents crus de Bourgogne, en signe d’amitié franco-japonaise. Bravo pour le dépaysement….
Une fois arrivés, nous avons procédé à la purification rituelle – lavage des mains et de la bouche – avant d’entrer. Visite des lieux, remarquablement calmes alors que nous sommes au coeur de la ville. Des chants d’oiseaux, le bruit des feuilles agitées par le vent, et les conversations feutrées.

Meiji-jingu

Nous poursuivons notre route dans un autre haut lieu du tourisme tokyoïte : Omotesandô et Harajuku. Les lieux sont connus, l’un pour être le nouveau quartier branché et luxe de Tokyo (enfin, c’était déjà le cas quand j’y étais, mais là c’est pire), et l’autre pour être le point de rassemblement de la jeunesse, en particulier les week-ends, avec ses figures de proue, les goth-loli. Sauf qu’en pleine semaine, c’est assez calme. Nous croisons beaucoup de touristes, nous posons quelques instants dans un café, arpentons quelques hauts lieux du shopping, tels que Kiddy’s land (boutique de jouets) et l’Oriental Bazaar (la boutique à touristes pour les cadeaux “couleur locale”, souvent made in China), avant de décider de rentrer à l’hôtel, parce que mine de rien ça fait bientôt trois heures qu’on crapahute.

Le soir, dîner tranquille dans un petit resto sans prétention de Shinjuku, où nous nous décidons pour de délicieuses nouilles. Petite balade tranquille dans le quartier sous la pluie, avant de ne pas nous coucher trop tard. Demain, on retourne jouer les touristes…

Gyû-niku udon

Katsu-udon

Déli(ce) d’initiés


Le titre est particulièrement ronflant, mais je suis un peu à court en ce moment. Et puis, je ne suis pas à Paris avant la fin du week-end, donc autant en profiter pour que me rappeler à votre bon souvenir. Vendredi dernier, donc, l’Anglais et moi traînassions du côté de l’Opéra en attendant l’heure du dîner, quand nous avons découvert une petite boutique spécialisée dans l’épicerie fine japonaise.
Emerveillée, découvrant chaque fois des produits plus appétissants et tentants, je finis par demander un livre de recettes au vendeur – mais un truc bien particulier, hein. Désolé, celui-ci s’excuse de ne pas avoir ce que je recherche mais nous offre en échange de déguster quelques produits…
Après avoir testé deux saké délicieux (dont un rouge !), nous enchaînons avec du mirin à boire, de l’ume-shû qui ne donne pas mal à la tête et du shôyu. C’est une révélation… Si nous pouvions, nous resterions toute la soirée dans la boutique à goûter les produits. En désespoir de cause, et parce que les diabolistes nous attendent, nous choisissons deux shôyu, l’un aromatisé au yûzu (cédrat japonais) et l’autre au kombu (algue laminaire).
Je n’ai testé que le yûzu shôyu, mais le résultat est concluant : la viande a un goût parfumé, légèrement acidulé, exotique… Une réussite !