Son premier voyage en train

Bon, d’accord, je triche un peu car la Crevette a déjà pris le train de banlieue, mais 10mn de Transilien n’ont rien de commun avec 3h de TGV.
Samedi dernier, donc, nous rentrions à Paris en train, pendant que monsieur attendait la tombée de la nuit pour emprunter la route des Cévennes. Et je me suis dit qu’un petit résumé pourrait vous faire rire.

photo (57)
Chien ! Chien ! (Repeat to fade)

T+5mn : oh, le précédent voyageur a oublié une bouteille vide ! Et si je chouinais pour l’avoir ?
T+6mn : trop facile, j’ai récupéré la bouteille.
T+15mn : il y a d’autres enfants dans ce wagon…
T+30mn : premier gadin
T+ 45mn : premier jouet porté disparu (a priori, sous un siège deux rangs plus loin)
T+55mn : arrêt en gare de Valence, il y a un chien sur le quai ! Du coup, tout le wagon est au courant puisque je répète “chien” à qui veut bien (ou pas) l’entendre.
T+1h10 : expédition changement de couche ; trois compartiments et un escalier plus tard, on se retrouve dans un minuscule réduit où il fait une chaleur à crever.
T+1h20 : le repos des braves, c’est l’heure du goûter
T+1h30 : le compote de pommes, c’est efficace comme gel capillaire ?
T+1h45 : des gommettes ! En forme d’animaux !
T+2h15 : la petite fille que j’espionne sans vergogne depuis le départ s’approche de moi, je feins la terreur et me réfugie dans les bras de môman (qui du coup se prend un coup de boule dans le menton).
T+2h30 : je ne sais pas encore marcher seule, mais il ne sera pas dit que je ne visiterai pas le compartiment (pieds nus parce qu’on m’a retiré mes chaussures dès mon arrivée, des fois que je voudrais me hisser sur les sièges).
T+2h45 : j’ai pas dormi, je suis grognon, je veux tout, je ne veux rien, j’ai soif, mais en fait non. Oh, un petit beurre.
T+3h : on est arrivées ! Aucun passager n’a demandé à ce qu’on me débarque, j’en déduis que j’ai été reçue à l’examen.

Il nous restera encore une heure de transports (bus et… Transilien) pour arriver à la maison, et la Crevette a été très compréhensive, heureusement. Ce voyage a confirmé mes craintes – mademoiselle ne dort pas ailleurs que dans son lit, elle est ultra remuante… – et mes espoirs – 3h ça se gère, mais il faut être organisé.
En revanche, c’est épuisant parce que ça demande une attention de tous les instants ! Mais entre ça et 7h de route avec “Scions, scions, scions du bois” en fond sonore, on a choisi.

Château-musée de l’Empéri

Lorsque j’ai découvert, en feuilletant mon Lonely Planet, que le musée de l’Empéri était sis à Salon-de-Provence, et non en Corse comme je l’avais toujours cru, nous avons fait une petite danse de la joie et nous sommes embarqués, Monsieur et moi, dans cette visite prometteuse.
Le musée de l’Empéri, c’est un peu le graal des reconstituteurs militaires, en particulier sur la Révolution et l’Empire. Issu d’une immense collection privée rachetée par l’Etat au milieu des années 1960, il présente toutes sortes d’armes, équipements, uniformes, documents, portraits… en lien avec l’histoire militaire de la France, du 17è siècle à la Grande Guerre. Géré directement par le musée des Invalides, l’endroit recèle des trésors, y compris l’un des deux seuls exemples de l’uniforme de capitaine du 5è Hussard que porte monsieur.

DSCN0320

Sis dans un ancien château des archevêques d’Arles (rattachés au Saint-Empire, d’où le nom d’ “Emperi”), le musée accueille les collections dans une vingtaine de salles (sachant qu’il en faudrait au moins trente pour tout montrer). Le bâtiment, une belle forteresse médiévale, est superbe, mais a sans doute pâti d’un manque d’entretien au 19è siècle, si bien que plusieurs tours et une partie des remparts se sont effondrées suite à des tremblements de terre. Ce qu’il en reste n’est pas moins impressionnant et bien entretenu ; dans la première salle, on peut même admirer quelques carreaux décoratifs retrouvés lors des travaux.

Ca, c'est de la cheminée
Ca, c’est de la cheminée

Mais le musée en lui-même, me direz-vous ? C’est un paradis pour reconstituteur, rempli du sol au plafond d’objets et de détails précieux. Toute la partie napoléonienne (au sens large) est d’ailleurs sublime et vaut le voyage si cette époque vous intéresse un tant soit peu. L’Anglais était aux anges et moi-même j’ai adoré déchiffrer les bulletins de santé militaire ou guetter les petites choses “authentiques” que l’on ne soupçonnerait pas forcément (mention spéciale à la veste d’uniforme réversible campagne / revue).

Et encore, c'est à peu près rangé
Et encore, c’est à peu près rangé

Toutefois, on sent que c’est un musée constitué dans les années 1960, et que peu de choses ont bougé depuis. Outre la muséographie particulièrement datée – cartels écrits à la main ou tapés à la machine, parfois avec des fautes, pas de grand panneau retraçant clairement les étapes et évolutions de l’armée, déroulé parfaitement linéaire année après année – tout ceci fleure bon le patriotisme à l’ancienne, voire le colonialisme… Dans les salles sur la conquête de l’Afrique du Nord, j’avoue que je me suis sentie très mal à l’aise, et que nous sommes volontairement passés très vite.
Au final, c’est une excellente visite, qui fait bien deux heures, mais il faut avoir un tant soit peu d’intérêt pour l’histoire militaire et/ou l’épopée napoléonienne pour accrocher. J’ignore quelles sont les conditions de la vente (le collectionneur a-t-il exigé que son classement et ses cartels soient conservés ?), mais je pense que le musée gagnerait à repenser la présentation et l’organisation de ses collections.

Musée de l’Empéri, Salon-de-Provence (attention, c’est fermé à l’heure du déjeuner, même l’été et ils ne prennent pas encore la carte bleue)

Arles en deux fois

Alors que l’an dernier nous nous étions cantonnés à des visites assez proches de notre “camp de base”, nous avons décidé cette fois-ci de pousser nos explorations un peu plus loin. Pour commencer, nous avons jeté notre dévolu sur Arles, que nous avions tous deux explorée dans notre enfance. Et l’endroit nous a tellement plu que nous y sommes retournés !

DSCN0226

Nous avons débuté par l’une des deux merveilles antiques les plus connues de la ville : le théâtre. Celui-ci a été entièrement restauré, la scène et l’orchestra dégagés, et les pierres retaillées – même s’il manque toujours le dernier niveau de gradin. On peut admirer les deux colonnes subsistantes du mur de scène ainsi que les blocs de pierre sculptés disséminés sur le terrain.
Mais la bonne nouvelle, ce fut de découvrir qu’un troupe de reconstituteurs professionnels animait les lieux. D’abord une présentation du théâtre antique, avec des démonstrations de chant, de danse et de comédie. Puis une introduction intéressante et bien faite aux sports antiques, en particulier ceux des jeux olympiques : alors que j’avais vu un documentaire à ce sujet sur Arte, j’ai eu le sentiment d’apprendre des choses. Les explications sont claires, détaillées sans être didactiques et accessibles ; comme en outre le narrateur prend soin d’intégrer le public à la démonstration, on passe un excellent moment.

Cloître Saint-Trophyme
Cloître Saint-Trophime

Nos pas nous ont ensuite portés vers les Cryptoportiques, c’est-à-dire les souterrains de l’ancien forum romain (aujourd’hui l’hôtel de ville). Si l’endroit est impressionnant et frais, il est malheureusement chiche en explications et nous a laissés sur notre faim.
Pour ne pas rester sur cette petite déconvenue, nous partons visiter (bon, on traverse la place, quoi) le cloître Saint-Trophime, aujourd’hui intégré dans l’évêché. C’est beau. Le bâtiment a subi plusieurs phases de construction, bien visible dans l’architecture et le décor : aux scènes romanes du 12è siècle succèdent les bas-reliefs gothiques du 14è, pour la plupart en excellent état de conservation. Une vidéo avec reconstitution 3D permet d’ailleurs de bien comprendre l’évolution des bâtiments et les raisons de ce mélange de styles. Enfin, dans la salle capitulaire, sont exposées des tapisseries du 17è siècle à motif religieux.

Les chapiteaux
Les chapiteaux
Les angles du cloître, où les statues de saints encadrent des scènes du Nouveau Testament
Les angles du cloître, où les statues de saints encadrent des scènes du Nouveau Testament
La vue est magnifique, non ?
La vue est magnifique, non ?

Après en avoir pris plein les yeux, nous décidons de ne pas nous arrêter en si bon chemin et poursuivons notre découverte des vestiges antiques en allant aux bains d’Hadrien. Si ceux-ci présentent de toute évidence un réel intérêt architectural et historique – soulignant au passage l’importance d’Arles dans le monde antique – ils ne soutiennent toutefois pas la comparaison avec ceux de Bath que nous avons pu admirer en juin.

Les thermes, donc
Les thermes, donc

Enfin, la cerise sur le gâteau, c’est l’amphithéâtre (aujourd’hui connu sous le nom d’arènes) qui offre de découvrir en quoi consistaient les combats de gladiateurs. Nous retrouvons la petite troupe qui présentait le sport antique ce matin. C’est toujours le même reconstituteur qui présente… et c’est un passionné : si ce qu’il raconte est très intéressant (origines, évolution, conditions de recrutement et d’entraînement, clichés…), il y met peut-être un peu trop de force, donnant l’impression de vouloir nous convaincre à tout prix du bien-fondé de ses propos. Quoi qu’il en soit, les combats sont bien rythmés, allant crescendo dans le niveau d’expérience des participants – et je dois avouer une grande admiration pour celui qui présente l’armure de 27kg alors qu’il fait 35° à l’ombre.

Le mirmillon et le Thrace
Le mirmillon et le Thrace

Accablés de chaleur, nous décidons de rentrer mais, comme nous sommes en possession de billets nous permettant de visiter un musée et un monument – et parce que, quand même, la ville est très sympa – nous revenons quelques jours plus tard.
Notre visite débute cette fois-ci au musée d’art antique… et tout s’éclaire. En fait, c’est là qu’il faut commencer avant même d’attaquer les monuments. Tout y est clairement expliqué : les origines de peuplement, la conquête romaine, l’expansion, la protection d’Auguste, la prospérité…
Des maquettes montrent le théâtre et l’amphithéâtre dans toute leur gloire, expliquent concrètement en quoi consistaient les Cryptoportiques, montrent à quoi ressemblait le pont de bateaux… Ajoutez à cela une impressionnante collection d’objets de la vie quotidienne, d’armes, de monnaies, de statues, des mosaïques sublimes (et immenses), un chaland entier exposé avec son matériel et son chargement… On y passe facilement une heure et demie (au pas de charge). Seul le plan du musée m’intrigue profondément : rien n’explique que, arrivé au centre du bâtiment, il faut poursuivre à droite avant de revenir sur ses pas pour admirer le reste des collections.

DSCN0313

Après un délicieux déjeuner dans une gargote recommandée par le Lonely Planet, nous gagnons les Alyscamps. Si la présentation de l’armement médiéval nous laisse un peu froids (disons qu’on n’a rien appris), la promenade n’en reste pas moins apaisante, ombragée et dépaysante. Cette ancienne nécropole antique et médiévale abrite des vestiges romains, des sarcophages en pierre et… une église romane en partie en ruines.

Une fois le portail franchi, on se retrouve dans un espace à ciel ouvert
Une fois le portail franchi, on se retrouve dans un espace à ciel ouvert
Les piliers intérieurs sont impressionnants
Les piliers intérieurs sont impressionnants

Ainsi se conclut notre première expérience d’Arles. Toutefois, celle-ci est loin de sonner le glas de nos explorations dans cette ville : outre le circuit consacré à Van Gogh, la ville est également un centre réputé de la photographie contemporaine et accueille les éditions Actes Sud. Il est donc évident que nous y reviendrons.

Vive les vacances, vive l’insouciance !

Si toi aussi, tu es né dans les années 80, je suis sûre que tu auras repéré la référence – et que tu auras cette chanson dans la tête jusqu’à la fin de la journée, ne me remercie pas.

Source
Source

Même si notre destination n’est pas la plage mais la piscine familiale dans le sud de la France, et que je compte ajouter “lire” et “picoler” à la liste, cette image illustre parfaitement mon programme des trois prochaines semaines. Revers de la médaille, je n’aurai plus beaucoup d’accès à internet, et les mises à jour risquent de se faire rares.
Toutefois, je vais essayer de programmer des articles, et je participe au challenge #31joursdete organisé par Armalite sur Instagram, alors ouvrez l’œil, et bel été.

2015 RWA Conference

Mardi 21 juillet, à une heure trop matinale pour être honnête, j’émerge de la maison, direction l’aéroport Charles-de-Gaulle. Après un vol long et ennuyeux – et une attente dans le RER, la salle d’embarquement, le train… tout aussi longue – j’arrive enfin au coeur de Manhattan pour récupérer les clés de ce qui sera mon chez-moi pour la semaine : un ravissant deux-pièces à Brooklyn.
La fatigue et le décalage horaire ont vite raison de moi, même si je me force à sortir pour m’exposer le plus possible au soleil et recaler mon horloge biologique. Non loin de l’hôtel où doit se tenir la conférence, je retrouve mon éditrice pour un rapide dîner, avant de rentrer m’écrouler “chez moi” à 22h.

RWA 1

RWA 2

Mercredi 22 juillet, les choses sérieuses commencent. Je dois retrouver M. Editeur pour procéder ensemble à notre enregistrement (en clair, récupérer nos accréditations et l’énorme sac de goodies rempli de bouquins gratuits). Bien évidemment, je n’arrive à le joindre qu’en arrivant sur place, il me promet d’arriver d’ici une vingtaine de minutes… et me fait poireauter près d’une heure (“des minutes de coiffeur” comme dirait ma mère).
Les formalités effectuées, on échange nos premières cartes de visite avec les autres participantes – notre français est rapidement remarqué – et discutons de la situation en de la romance en France et aux Etats-Unis. Je m’éclipse retrouver C., ma bienfaitrice et logeuse, pour le déjeuner, au cours duquel je déguste une grosse salade à l’ombre d’un arbre (ce sera quasiment ma seule sortie à l’air libre en dehors des transferts d’un lieu à l’autre).

Times Squre
Times Squre
Mon accréditation, ornée de ses rubans et de ses badges :)
Mon accréditation, ornée de ses rubans et de ses badges 🙂

Retour à l’hôtel et… rien, en fait. Le coup d’envoi de la conférence, c’est une immense dédicace de charité pour laquelle j’ai accepté de faire du bénévolat (bonne façon de me faire des contacts), mais qui ne démarre qu’en fin de journée. Après avoir un peu erré comme une âme en peine, je retrouve le groupe de volontaires, me trouve équipée d’un ravissant tablier aux couleurs de l’événement (que je ne pourrai malheureusement pas garder) puis, pendant deux heures, suis assignée à Debra Mullins, qui peine à se déplacer et pourrait avoir besoin de mon aide. Elle est adorable avec moi, et me présente à toutes les personnes qu’elle connaît. En revanche, après trois heures passées dans l’immense salle de conférence où 200 filles dédicacent en parlant très fort, je suis complètement sonnée et dois rentrer. Un burrito au bbq coréen (New York, ville de contrastes et d’amalgames…), et au lit !

Avant la tempête... pardon, la dédicace
Avant la tempête… pardon, la dédicace
Dans mon sac à trésors
Dans mon sac à trésors

Jeudi 23 juillet, début de la “vraie” conférence. J’arrive avec 5 minutes de retard à un atelier intitulé “Comment écrire des scènes de sexe” (en gros), et ne parviens à trouver de place que par terre dans le couloir. Heureusement, je saisis l’essentiel du discours, et il y a du wifi gratuit pour tous les participants, si bien que je surfe sans retenue, comme la majeure partie de mes voisines.
J’assiste ensuite au cours de Sherry Thomas (dont j’avais adoré le roman Délicieuse, et dont la langue maternelle est… le chinois) sur le sous-entendu dans le texte, et je trouve ça formidable : intelligent, drôle, concret. Bon, le seul souci, c’est que je me dis en sortant que je suis nuuuulle et que j’écris de la merde (note : ce sentiment persistera à chaque atelier, malheureusement).

J ai pas pris de photo jeudi, alors en voici une de mon quartier, à Brooklyn
J’ai pas pris de photo jeudi, alors en voici une de mon quartier, à Brooklyn

Déjeuner en solo dans un bar à salade (oui, j’avais besoin de légumes), puis je retourne à l’hôtel pour la conférence intitulée “No muse ? No problem !” sur la façon de se remettre à écrire quand on est bloquée. Plutôt marrant, mais je m’éclipse avant la fin car Miss Editrice me dit qu’elle a quelqu’un à me présenter et, après un peu d’errance, j’atterris à la dédicace de Kensington Publishing. Je fais une bonne vingtaine de minutes de relations publiques avant d’être invitée à me faire dédicacer des romans. Lorsque je demande comment ça s’organise et où on paie, on me répond : “Mais c’est gratuit, enfin, comme toutes les dédicaces”. En fait, je suis morte et arrivée au paradis, et personne ne m’a rien dit. Je rencontre certaines de mes idoles (MaryJo Putney !), en rate d’autres et repars avec “seulement” trois romans dédicacés.
Ne nous arrêtons pas en si bon chemin ! Dans la foulée, je suis invitée à la soirée donnée par l’éditeur, dans un très mignon bar burlesque (sans performeuses, snif), Duane Park. Le lieu n’est pas très grand mais a beaucoup de cachet, et leur cocktail gin-rose-concombre est à tomber (sans oublier les petites bouchées sucrées et salées qu’on nous propose). Une auteure, me voyant un peu perdue, me prend sous son aile et je me retrouve à discuter pendant une heure avec elle et ses amies.
La soirée s’achève tôt, mais je suis épuisée (mon corps est bloqué quelque part au milieu de l’Atlantique, je me réveille tous les matins à 5h30) et rentre dormir.

Vendredi 24 juillet. Mon coucher tôt hier avait une bonne raison : je dois être à 8h30 dans la salle de bal de l’hôtel, à bien 50mn de train, pour assister au grand discours de Julia Quinn, mon auteur préféré de tous les temps. J’arrive juste à temps, me fais héler par Debra qui m’a gardé une place (merci, merci !) et récupère deux livres et un petit carnet orné d’une citation de l’auteur. Bon, je finirai par me défaire des livres plus tard car je les ai déjà et que je redoute le poids de ma valise. Le discours est génial, drôle, vivant, touchant (je suis à deux doigts de pleurer)… et malheureusement je dois m’éclipser en catastrophe car j’ai rendez-vous avec une éditrice.

Le discours de Julia Quinn
Le discours de Julia Quinn

Ces rendez-vous durent dix minutes et servent à “pitcher” son bouquin à un éditeur ou un agent. Cela ne sera guère concluant pour moi : l’éditrice est visiblement déstabilisée par le fait que je sois d’expression française et déjà publiée, m’avouant qu’elle trouve trop compliqué d’acheter des droits étrangers… Tant pis, ça m’aura au moins servi d’exercice, et c’est pas plus mal !
Je sors trop tard pour assister à une conférence et finis par atterrir à… la dédicace Harlequin. Alors que je m’étais promis de ne plus rapporter de livre, j’en récupère tout de même trois autres, dont un de la série “Brides of Waterloo” qui m’avait fait de l’œil quelques jours plus tôt.
Une brève excursion dans un autre quartier de la ville à l’heure du déjeuner, et me revoilà sur place. Toutefois, je commence à ressentir le contrecoup de la fatigue, du décalage horaire et de la clim à fond : je suis un vrai zombie. J’erre un peu au “Trade show” où différentes entreprises proposent des produits ou services aux auteurs de romance. Cela va des éditeurs indépendants aux fabricants de goodies. Je me fais tirer le portrait par un photographe, histoire d’avoir une image de profil plus “professionnelle” – j’aime beaucoup l’actuelle, mais elle n’est pas tout à fait raccord avec mon univers.
Au final, j’atterris dans une conférence sur l’art d’améliorer son écriture, et j’ai presque envie de me prendre la tête à deux mains dès les 5 premières minutes. M. Editeur s’emmerde visiblement à sa propre conférence et nous sortons prendre l’air parce que, vraiment, c’est plus possible.
Vu que je dois retrouver une amie du Japon dans un pub de la 36è rue, je m’y dirige à pied histoire de respirer un peu. Si j’avais revu Angela en septembre dernier, cette fois-ci elle est accompagnée d’anciens de notre fac, et cela me fait bizarre de me dire que nous avons quitté cette vie il y a dix ans.
1h30 plus tard, je repars ventre à terre direction Park Avenue, pour assister à la soirée Harlequin située… à l’hôtel Waldorf Astoria, excusez du peu ! La salle est magnifique, l’ambiance agréable, le bar bien fourni (y’a du champagne ! et du bon, en plus !)… Le DJ sait s’y prendre pour faire danser 800 filles survoltées, et alterne Bon Jovi, Lady GaGa, les Bee Gees… sans oublier un petit clin d’œil à la profession avec Call me maybe. Tout ce petit monde se trémousse en chaussettes, gracieusement fournies par l’organisateur de la soirée, afin que ces dames ne se foulent pas une cheville avec leurs talons hauts (j’ai rapporté les miennes, vous pensez bien).
Je m’en vais vers 23h30, craignant de rater le dernier métro (j’apprendrai le lendemain que les trains circulent toute la nuit, groumf) et perds près de 2h à rentrer, entre lignes qui ne fonctionnent pas le soir, desserte locale et non express, marche à pied intempestive… Pfiou, c’est plus de mon âge.

Le Starlight Rooftop du Waldorf Astoria, en flou - mais c est classe quand même
Le Starlight Rooftop du Waldorf Astoria, en flou – mais c’est classe quand même

Samedi 25 juillet, dernier jour… et je n’ai guère dormi, me réveillant royalement à 7h30. Je m’accorde un peu de répit, pensant arriver à temps pour l’atelier sur le héros. Las, le métro a d’autres projets pour moi. J’arrive avec quelques minutes de retard, si bien qu’il m’est impossible de trouver une place assise, et me replie vers la conférence sur les romance studies. Peu avant la fin, je gagne l’annexe du Starbucks au 8ème parce que j’ai besoin de sucre et de gras. Dans la queue, je sympathise avec Liah Penn, auteur d’urban fantasy originaire de la Nouvelle-Orléans, avec qui je finis par déjeuner.
Alors que nous finissons de grignoter des chips, Miss Editrice arrive pour me présenter Lisa, agent littéraire. Nous discutons, discutons… je l’accompagne au bar, où elle se commande à déjeuner et nous discutons un peu plus… En fait, ce sera la rencontre du séjour – je crois qu’on peut parler de coup de foudre amical. Nous passons près de trois heures ensemble avant de nous séparer pour nous changer en vue de la graaaande soirée.

Suspense...
Suspense…
On a même droit à un mini-trophée en chocolat
On a même droit à un mini-trophée en chocolat

Car l’apothéose de la conférence, c’est la cérémonie de remise des prix, avec robes de soirées et trophées, digne des Oscars. Notre petite délégation française, complétée par Lisa, parvient à trouver des places à une table pour y assister. Le show est calibré, drôle, parfois émouvant (cette fois-ci je pleure vraiment lors d’un discours – c’est dommage, c’est la seule fois du séjour où j’ai pris la peine de me maquiller). Je découvre plein d’auteurs qui me font envie.
Nous concluons tout ceci au bar, que je quitte à regret peu après minuit. La prochaine fois, une chose est sûre : je trouverai à me loger plus près pour rester à picoler sans arrière-pensée !

Ma découverte de la soirée, le Bramble on Broadway : gin, mûres, angostura grosso modo)
Ma découverte de la soirée, le Bramble on Broadway : gin, mûres, angostura (grosso modo)

Il me restait encore une marge de 5kg au retour traduction : la prochaine fois, jen rafle plus)
Il me restait encore une marge de 5kg au retour (traduction : la prochaine fois, j’en rafle plus)

NY, NY

Non, ce titre n’a rien à voir avec un vieux manga gay (poke Rafu), mais avec ma destination du jour. Je retourne dans la Grosse Pomme, cette fois-ci pour des raisons professionnelles : j’assiste à la conférence des Romance Writers of America. Une semaine à parler anglais, échanger des cartes de visite et assister à des conférences et des ateliers.

DSCN5338

J’aurai une connexion internet mais pas beaucoup de temps et peut-être pas grand-chose à raconter… Quoi qu’il en soit, je vous ai préparé quelques articles, ouvrez l’œil (et souhaitez-moi bonne chance).

Escapade à Bath #2 – Les thermes romains et le Jane Austen Centre

Dimanche, c’est sous un ciel gris et légèrement pluvieux que nous poursuivons notre (rapide) découverte de la ville en nous attaquant au monument qui lui donne son nom : les thermes romains. Classés au patrimoine mondial de l’Unesco, ceux-ci ont été bâtis par les Romains au moment de la conquête de la Bretagne. Contrairement à la plupart de ces ensembles de bains que l’on retrouve dans toutes les cités romaines, ceux de Bath ont ceci de particulier qu’ils avaient une dimension religieuse : en effet, une source chaude naturelle (46°) jaillit des entrailles de la terre à un débit très soutenu, et la source fut dédiée à Minerva Sulis (d’où le nom d’Aquae Sulis que portait Bath).

DSCN0165

On accède aux bains par le bâtiment construit autour au 19ème siècle, lorsque le thermalisme a connu un regain de popularité, et que Bath est devenue une destination touristique. Comme dans tous ces lieux, l’audioguide fait la loi et, échaudés par la mésaventure de Schönbrunn, nous l’avons pris. Sauf qu’on n’est pas obligé de le suivre pour y comprendre quelque chose, si bien que les combinés sont restés dans nos poches pendant la visite.

DSCN0169

Après une présentation de l’ancienne disposition des lieux, le musée présente une foule d’objets retrouvés dans les thermes, éclairant ainsi la vie quotidienne des habitants et des visiteurs – la ville d’Aquae Sulis était un lieu de pèlerinage. Compte tenu de la fonction religieuse de la source, de nombreux Romains y faisaient ériger des autels en pierre (mes cours d’épigraphie se sont rappelés à mon bon souvenir) et y jetaient des objets en guise d’ex voto. On peut admirer de très belles choses : des restes de mosaïques, des bijoux, de la verrerie (mon péché mignon), mais aussi un squelette et des explications sur les rites funéraires.
Parmi mes objets de prédilection, il y avait les malédictions : des petits rouleaux sur lesquels les gens maudissaient ceux qui leur avaient porté préjudice (vols, notamment). Celles-ci étaient rédigées dans des termes à la fois imagés et ne portant guère à la confusion !

DSCN0168
DSCN0167
Mais le clou de la visite, c’est sans nul doute le bassin central orné de colonnes, ainsi que le “réservoir” d’où on peut voir l’eau remonter à la surface, à grand renfort de bulles et de vapeur. Comme les deux bassins sont à ciel ouvert et qu’il pleuvait un peu, l’effet était vraiment frappant.

DSCN0174Autour du bassin, des guides en costumes incarnent différents personnages que l’on pouvait croiser aux bains. Ce matin-là, on trouvait un centurion (qui proposait de recruter des jeunes gens) et une esclave attendant sa maîtresse en préparant des cosmétiques. Si le militaire n’avait pas grand-chose d’intéressant à dire (vu qu’il passait son temps à se faire mitrailler avec les gens), la jeune femme était passionnante, nous racontant comment on fabriquait du maquillage, quels étaient les critères de beauté, comment on entretenait et parfumait son corps… Franchement, j’ai appris plein de choses et j’ai beaucoup apprécié cette initiative, que je trouve très ludique.

DSCN0178En enjambant la rigole qui alimente le bassin central en eau, nous avons pu sentir la chaleur qui s’en dégageait, c’était assez impressionnant ! Ensuite, la visite redevient plus “classique” avec les traditionnelles salles chaude, tiède et froide, le grand bassin où on allait nager et… la boutique de souvenirs.
Au total, et sans traîner, nous avons passé plus d’une heure et demie dans les thermes, complètement sous le charme. C’est une visite incontournable, et à juste titre.


Autre visite incontournable à Bath – surtout vu les raisons qui nous avaient poussés à venir – le Jane Austen Centre. Le célèbre auteur a en effet séjourné à de multiples reprises dans la ville, qui sert de décor à plusieurs de ses romans, Northanger Abbey et Persuasion, et où plusieurs films et séries télé inspirées de ses œuvres ont été tournées.

jane-austen-festival-logo

Le centre est surtout connu pour organiser tous les ans, en septembre, un festival autour de l’auteur avec conférences, projections, promenades et événements costumés. Situé dans une petite maison de Gay Street, non loin de celle qu’occupa Jane Austen en 1805, il retrace grâce à une petite exposition permanente, la vie de l’auteur ainsi que la vie quotidienne à Bath à cette époque, notamment la vie mondaine. Des extraits de lettres ou de romans de Jane Austen ponctuent cette présentation.
Que dire ? Je m’y attendais, et la visite a enfoncé le clou : c’est très décevant. On apprend peu de choses, ne serait-ce que parce que les connaissances sur Jane Austen sont relativement maigres, et surtout, on aurait pu trouver le même contenu sur la page wikipedia. L’exposition est un bric-à-brac de portraits supposés de l’auteur, de vêtements d’époque (mal) reconstitués, de quelques gravures et de films promotionnels à la gloire de Bath et du Jane Austen Centre.

Source
Source

A l’issue de la visite, le musée propose de se costumer (mal, mais ceci est une autre histoire), sachant que les vêtements ne sont pas très beaux et que les quelques accessoires (ombrelle, éventail…) sont en mauvais état. En fait, nous avons eu la très nette impression que tout ceci n’était qu’un prétexte à la (minuscule) boutique dédiée à Jane Austen – où bien évidemment j’ai claqué mes sous.
Au dernier étage, un salon de thé, apparemment très coté, propose thé, pâtisseries et sandwiches. Nous avons envisagé de nous y rendre, avant de renoncer à cause du temps qui nous était compté. Toutefois, si nous revenons à Bath, ce sera mon unique raison de revenir !
9£ (soit pas loin de 15€) pour deux vidéos et une expo qui prend la poussière, ça n’en vaut vraiment pas la peine. Je crois que j’aurais préféré visiter une maison aménagée dans le style de l’époque et qu’on nous en dise plus sur la vie quotidienne en effectuant des parallèles avec l’oeuvre et la vie de Jane Austen.

Escapade à Bath #1 – Promenade en ville

Ce week-end, nous sommes donc partis à Bath, dans le Sommerset. La ville est un lieu de villégiature prisé depuis l’Antiquité en raison de ses sources thermales et, depuis quelques années, grâce au retour en grâce de Jane Austen et de ses œuvres.

Great Pulteney Street, où nous logions
Great Pulteney Street, où nous logions
Pulteney Bridge, surnommé "le Ponte Vecchio de Bath" à cause des maisons qui le bordent
Pulteney Bridge, surnommé “le Ponte Vecchio de Bath” à cause des maisons qui le bordent
Et la vue sur l'Avon, de l'autre côté
Et la vue sur l’Avon, de l’autre côté

Samedi, nous sommes partis à pied découvrir le centre historique. Bath est une très belle ville dotée de beaux bâtiments de l’époque géorgienne, en pierre claire, ce qui la rend très lumineuse – et encore plus quand le soleil brille. La ville est au fond d’une vallée encaissée et environnée de collines très verdoyantes, non loin de Cheddar (oui, comme le fromage) et Bristol.

Bath Abbey, qu'il est difficile de mitrailler avec beaucoup de recul
Bath Abbey, qu’il est difficile de mitrailler avec beaucoup de recul
La même, sous un autre angle
La même, sous un autre angle
Juste derrière, le mur des thermes romains
Juste derrière, le mur des thermes romains

A part l’hyper centre qui est relativement plat, la ville est vallonnée ! On monte, on descend, le sol est parfois inégal… Idéal pour faire du sport tout en visitant. Bath est célèbre pour son architecture typique de l’époque géorgienne, en particulier pour ces groupes d’habitations agencés en cercle ou en demi-cercle, et qui apparaissent souvent dans des films historiques (et la version BBC de Persuasion, me semble-t-il).

The Circus, place circulaire que j'ai tant bien que mal essayé de shooter...
The Circus, place circulaire que j’ai tant bien que mal essayé de shooter…
La même, cadrée différemment pour ne pas voir les touristes
La même, cadrée différemment pour ne pas voir les touristes
Victoria Crescent, qui donne sur une jolie esplanade gazonnée et bordée d'arbres
Victoria Crescent, qui donne sur une jolie esplanade gazonnée et bordée d’arbres

Bath, ce sont aussi de petites rues et galeries où le temps semble parfois s’être arrêté, ainsi qu’une certaine inventivité de la part des commerçants pour retenir votre attention !

Une galerie marchande couverte
Une galerie marchande couverte
Vu et revu, mais ça me fait toujours autant rire
Vu et revu, mais ça me fait toujours autant rire
Comment ne pas résister à un tel descriptif ? (Réponse : en n'ayant plus de sous et une PAL énorme)
Comment ne pas résister à un tel descriptif ? (Réponse : en n’ayant plus de sous et une PAL énorme)

Notre visite s’est conclue au Guildhall, ce dont je vous reparlerai dans un billet ultérieur.

Partir au Japon #1 : Tokyo

J’inaugure une série d’articles sur le tourisme au Japon, du haut de ma (relative) expérience. En septembre, cela fera 12 ans que je m’y suis rendue pour la première fois ; j’y ai effectué en tout six séjours – dont un de huit mois – où j’ai visité, arpenté, vécu, rencontré… Loin de moi l’idée d’être exhaustive ou absolue – je ne suis pas un guide de voyage – mais je vous propose mon point de vue si vous souhaitez préparer votre premier séjour là-bas.

DSCN0547

Généralités
Tokyo est sans doute un des premiers endroits qui nous vienne à l’esprit quand on pense au Japon : les gratte-ciels, les néons, l’immense passage clouté de Shibuya… Oui, c’est tout cela. Mais c’est aussi une mégalopole où prendre les transports en commun peut s’avérer compliqué et où marcher entre deux stations de métro peut prendre un bon quart d’heure.
Surtout, Tokyo est une ville moche. Il n’y a pas de plan d’occupation des sols, la ville a été quasiment rasée à deux reprises au 20ème siècle – le grand tremblement de terre du Kantô et l’incendie qui s’en suivit en 1923, le bombardement allié de mars 1945 – et tout a été reconstruit de façon anarchique. Les grands pôles d’attraction se concentrent autour des gares mais, dès que l’on s’éloigne de quelques centaines de mètres (voire moins), on se retrouve dans des endroits très calmes (voire déserts) faits de maisonnettes, de petits immeubles d’habitation et d’échoppes de quartier, ce qui peut être un peu déstabilisant.
Si c’est votre premier séjour au Japon et que vous partez deux semaines (la moyenne), j’aurais tendance à vous conseiller de n’y séjourner que trois ou quatre jours, au risque d’être frustré de ne pas avoir assez de temps pour voir le reste. Mais alors, me direz-vous, que voir à Tokyo ?

DSCN1324

Shibuya
Impossible d’y échapper. On y trouve le fameux Shibuya crossing, la statue de Hachikô, le chien fidèle, les (rares) kôgaru (filles ultra bronzées et maquillées), des boutiques à n’en plus finir et… beaucoup de pollution sonore. En fait, Shibuya, c’est le Japon tel qu’on se le représente et qu’on le fantasme, mais c’est surtout un lieu où les jeunes (15-25 ans) sortent. Néanmoins, c’est incontournable. Une fois que vous aurez fait les principales artères autour de la gare, vous pouvez :

  • Boire un macha latte au Starbucks qui domine le croisement, si possible assis devant le mur de verre. (Personnellement, j’ai une sainte horreur du Starbucks, mais sait-on jamais)
  • Fouiner dans les boutiques à la recherche de souvenirs (je ferai un article spécial à ce sujet).
  • Manger un McDo quand vous serez en manque de viande et/ou quand vous voudrez goûter le McTeriyaki (ici, ils baragouinent l’anglais).
  • Faire un tour à l’énorme Tower Records pour dégoter les trucs les plus kitsch de la pop ou de l’enka (chanson traditionnelle).

DSCN0629

Shinjuku
Vous avez déjà lu City Hunter (Nicky Larson) ? Bah voilà, vous y êtes. Shinjuku, c’est très grand, très haut, très fréquenté, très lumineux la nuit… Mais il faut essayer de voir derrière le cliché !

  • Dans les ruelles derrière les buildings, il y a souvent des petits restaurants que vous pourrez repérer grâce à leurs panneaux montrant de la nourriture. Même sans parler japonais, vous devriez réussir à vous faire comprendre en montrant le plat qui vous fait envie et avec 2-3 mots d’anglais.
  • Si vous avez envie de voir à quoi ressemble un grand magasin japonais, c’est ici qu’il faut tester. Je vous encouragerais même à faire ça “à la japonaise” : on monte tout de suite au dernier étage (ou l’avant-dernier, car souvent le dernier est consacré aux restaurants – très recommandables, d’ailleurs), puis on visite étage par étage jusqu’au sous-sol, consacré à la nourriture. Entre le 5è et le 7è, vous trouverez souvent le rayon kimono. Arrêtez-vous pour baver un peu. C’est aussi dans ces boutiques que vous pourrez trouver des boîtes et accessoires à bentô plus ou moins chers.
  • Ma recommandation personnelle serait de vous éloigner un peu soit en marchant soit en métro (arrêt Shinjuku sanchôme) pour le sanctuaire Hanazono (Hanazono-jinja). C’est un petit refuge très calme et agréable, où se tient parfois un marché du kimono d’occasion (mais je ne saurais vous dire quand, j’ai l’impression que ça dépend un peu du sens du vent et de l’âge du capitaine).

DSCN1314

Ueno
Ueno, c’est d’abord et avant tout un immense parc arboré, un véritable “poumon” au cœur de la mégalopole (vous me sentez enfiler les clichés ?). Plus sérieusement, on pourrait y passer une journée entière sans tout voir. Allez, une petite sélection :

  • Le musée national de Tôkyô. Parce que si vous ne devez en faire qu’un, ce sera celui-là : dans le pavillon central, vous trouverez une introduction rapide et bien faite sur l’histoire de l’art du Japon des origines au 19è siècle, disponible en anglais. Présentation de nombreuses pièces remarquables et variées, comme des paravents, des rouleaux (emaki), des dessins à l’encre de Chine, des kimonos, des sabres… C’est là qu’on s’aperçoit que la nuance entre art et artisanat n’existe pas.
    Les autres pavillons sont plus pointus, certains réservés aux expositions temporaires (souvent bondées) ou à des artistes en particulier. Attention aux jours et horaires d’ouverture, qui peuvent changer en fonction des jours fériés.
    Sinon, c’est le royaume des musées : le musée d’art occidental, le musée des sciences, le musée d’art contemporain… Il y en a pour tous les goûts.
  • Le zoo d’Ueno. Si vous aimez voir des animaux, vous aimerez visiter ce zoo, l’un des plus anciens au monde, plus vaste qu’il n’y paraît au premier abord.
  • Fouiner et découvrir tous les petits sanctuaires dissimulés sous les arbres, ornés de grues en papier coloré.
  • Caresser les chats ! Il y en a plein en liberté dans le parc, qui se laissent volontiers approcher. Si vous êtes en manque de ronrons, c’est par là que ça se passe.
  • Eviter – si possible – l’étang de shinobazu, à moins d’être armé d’un lance-flammes/d’une raquette de tennis. Les moustiques font des ravages (mais les lotus sont impressionnants, c’est vous qui voyez).

Yoyogi

Harajuku/Omotesandô
Avec Shibuya (qui n’est qu’à 2-3 stations de métro sur la ligne Yamanote) c’est devenu l’un des autres grands pôles d’attraction touristique de la capitale. D’un côté, Harajuku et sa célèbre Takeshita Street, autrefois l’antre des boutiques à gothic lolita (moins maintenant), de l’autre Omotesandô, la grande avenue abritant les enseignes occidentales et japonaises les plus luxueuses. Chapeautant le tout, le sanctuaire Meiji.

  • Un des endroits que je préfère à Tokyo, c’est précisément le sanctuaire Meiji (Meiji-jingû). Niché au coeur du parc Yoyogi, on parvient à y trouver le silence (relatif, hein), ce qui est très appréciable près d’un lieu aussi bondé. En franchissant le pont pour gagner le parc, n’oubliez pas de photographier les goth-lolis.
    Admirez les tonneaux de saké et de vin (français !) consacrés au sanctuaires, l’architecture et… ouvrez l’oeil ! Avec un peu de chance, vous pourrez croiser une noce ou des enfants venus célébrer une des fêtes du 7-5-3 (shichi-go-san), généralement à l’automne. Vous en prendrez plein les yeux.
  • Takeshita street… Disons que j’ai passé l’âge mais que, la première fois, ça rend un peu hystérique 🙂
  • Sur Omotesandô, vous trouverez plein d’endroits pour assouvir votre folie dépensière et creuser votre découvert : Kiddy’s land (énorme magasin de jouets où la moindre babiole Ghibli coûte une blinde), Oriental Bazaar (pour les beaux kimonos d’occasion et les objets type céramique que vous ne sauriez/pourriez pas trouver ailleurs), et quelques boutiques vintage où vous pourrez chiner de vieux maillots de baseball et des kimonos.
  • Au détour d’une petite rue, vous trouverez le musée Ota, spécialisé en estampes de l’époque d’Edo. Le musée n’est pas immense, on s’y promène en chaussons, mais il vaut vraiment la peine d’y faire un tour.

DSCN0553

Asakusa
Le quartier est surtout réputé pour son temple, dont la porte est ornée d’un gigantesque lampion. C’est presque un point de passage obligé pour les visiteurs à Tokyo, mais… ça a un petit côté Disneyland quand même. Jamais l’expression “marchands du temple” ne vous paraîtra plus vivante. Toutefois, cet endroit vaut le coup pour plusieurs choses.

  • Profitez des boutiques de l’allée centrale pour déguster une “soft ice” à un parfum exotique (attention, interdit de manger dehors, il faut le faire dans l’échoppe).
  • Sur la contre-allée, à droite face au temple, on trouve une très belle papeterie qui propose du washi et de jolies cartes postales.
  • L’intérieur du temple ne se visite pas franchement, mais c’est assez marrant d’imiter les Japonais : attirez à vous les vapeurs d’encens pour vous porter chance et tirez un “omikuji”, une bonne fortune, pour savoir ce que l’avenir vous réserve (chacun est agrémenté d’un petit texte en anglais). Si vous tirez une petite, moyenne ou grande chance, gardez le papier dans votre portefeuille. Sinon, accrochez-le aux filins métalliques prévus à cet effet pour que la malchance ne vous suive pas.
  • Quand vous avez fini votre visite, empruntez les ruelles à votre gauche. On y trouve quelques boutiques, dont une de kimonos qui vend parfois des coupons de tissu, et quelques “cantines”, des restaurants sans prétention où la carte est en japonais, mais où vous pourrez désigner le plat en plastique qui vous fait de l’œil.
  • Si vous avez le temps, explorez un peu Kappabashi, le quartier qui jouxte le temps, où on peut dénicher tout et n’importe quoi en rapport avec la cuisine. Nous y avons trouvé des bols, une boîte à thé et un (génial) couteau de cuisine.

Déjeuner Asakusa

Autres
Je regroupe ici les quartiers que je connais moins…

  • A Ikebukuro (où je ne suis pas allée depuis trèèès longtemps), il y a un aquarium réputé. On y trouve aussi les grands magasins Parco, inaugurés à grand bruit il y a une quinzaine d’années, antres de la mode branchée. Je garde le souvenir d’un fou rire mémorable avec Lou² lors de notre premier séjour.
  • A Ryogoku, je conseille fortement le musée Edo-Tokyo, qui retrace l’évolution de la capitale depuis qu’elle fut désignée comme siège du gouvernement shogunal par les Tokugawa au début du 17è siècle. L’exposition permanente est très bien faite et interactive : on peut enfiler des vêtements, soulever un palanquin, franchir une réplique de Shinbashi…
  • Dans le quartier de Ginza, prenez des places pour aller au kabuki (enfin si ça vous tente – moi j’adore) : vous pouvez soit prendre un ticket pour toute une représentation (3 à 4h) soit pour une heure. On vous fournira une espèce d’audioguide avec commentaire/traduction du texte en anglais.
  • En sortant, allez déguster une pâtisserie traditionnelle chez Toraya, la maison mère de la boutique parisienne.
  • A Odaiba, l’île artificielle construite dans les années 1980-90, vous pouvez admirer l’architecture de Fuji TV, déambuler dans l’un des centres commerciaux les plus kitsch du monde et emprunter la grande roue qui domine la baie de Tokyo et le Rainbow Bridge.
  • Mais surtout, je vous engage à aller au Oedo Onsen monogatari, un complexe de bains japonais. Moyennant une somme modique, on vous remettra un yukata coloré et on vous passera un bracelet pour régler vos achats (un peu comme les perles au Club Med), puis à vous de découvrir les joies du thermalisme dans un décor inspiré d’Edo, l’ancienne Tokyo. Si vous mettre à poil devant tout le monde n’est pas votre truc, je vous engage quand même à essayer le trajet pieds nus qui permet de sortir et d’observer les avions en approche sur Narita (dans le ciel nocturne, ça vaut son pesant de cacahuètes).

Voilà ! Ce n’est bien entendu pas exhaustif, j’ai fait selon mes souvenirs et mes goûts. Certains sont plus branchés visites, d’autres découverte d’une ambiance, paysages… à vous de composer. N’hésitez pas à me poser des questions en commentaire si je n’ai pas été assez claire ou si vous souhaitez des précisions sur un point.
Si ça vous dit, je recommence bientôt avec le Kansai. Mata ne !

Imaginales 2015

affiche-2015-mutationsVoici deux-trois ans que, chaque fin mai, je vois passer les comptes-rendus et les statuts d’amis et de contacts se rendant aux Imaginales, pour généralement conclure par un “C’était génial mais trop court” collectif. Les Imaginales, c’est un festival de l’imaginaire, et notamment de la littérature de l’imaginaire, qui se tient tous les ans à Epinal.

Aussi quand, en janvier dernier, AnneEli m’a proposé de partager sa chambre (et son lit !) là-bas, je me suis dit que je n’allais pas mourir idiote et que ce serait l’occasion de voir “en vrai” plein de gens avec qui j’interagis de façon virtuelle.

Départ vendredi pour une arrivée en début d’après-midi. Cela fait deux jours que je m’interroge sur le contenu de ma valise vu le temps pour le moins changeant qu’on nous annonce et, bien évidemment, j’arrive trop couverte pour le soleil qui commence à taper. Le festival est installé dans le parc principal de la ville, sur la rive de la Moselle, et comprend à la fois une “bulle du livre” où l’on retrouve les auteurs en dédicace, les stands des petites maisons d’édition, quelques librairies d’occasion et… la buvette, ses fauteuils et sa terrasse, qui deviendront le QG du week-end.
Je discute avec mes connaissances et en fais de nouvelles pendant une bonne partie de l’après-midi, reçois une super nouvelle de boulot dont je ne veux rien dire pour l’instant et qui me fait sautiller sur mon fauteuil, au grand dam de mon aimable voisine, avant de remonter me rafraîchir pour le traditionnel dîner du vendredi à la crêperie. Comme je suis une fille chanceuse, je me retrouve coincée entre une galette au munster et une au roquefort. Nous bavassons et achevons relativement tôt la soirée au pub irlandais, car nous sommes en fait tous plus ou moins recrus de fatigue. AnneEli et moi regagnons notre chambre où nous discutons près d’une heure, jusqu’à ce que, ayant pitié de mes paupières qui se ferment toute seule, ma camarade de chambrée sonne l’heure du couvre-feu.

La place des Vosges, version locale
La place des Vosges, version locale

Samedi matin, j’ouvre l’œil beaucoup trop tôt, en ayant l’impression de sortir du coma (en fait, c’est juste que, n’ayant pas à me soucier du réveil de la Crevette, j’ai dormi très profondément et j’ai plus l’habitude). Nous partons sous un fin crachin humide et froid, et nous réfugions à la bulle du livre, dont nous ne bougerons pas beaucoup.
J’arpente un peu nonchalamment les allées tout en essayant de ne pas me faire alpaguer par les représentants des maisons d’édition, et finis par fouiller dans les bacs et dégoter un recueil de romans gothiques de la collection “Bouquins”, que j’avais offert à mon ex il y a fort fort longtemps, pour la modique somme de 5€.
En milieu de matinée, Lucy me rejoint et nous échangeons les dernières nouvelles depuis le Salon du Livre tout en faisant un sort à la délicieuse tablette de Zaabar à la fève tonka offerte par Gasparde. Il fait froid et les projets de pique-nique ne sont pas très engageants, nous finissons par nous replier dans la chambre après un détour au Monoprix. S’ensuit une longue discussion à trois avec AnneEli, avant de regagner le festival.
Pendant que Lucy est à la conférence de Kim Newman, j’en profite pour racheter Bordemarge, cette fois au format papier, pour réclamer une dédicace en bonne et due forme à Emmanuelle. Dans la foulée, je me fais dédicacer le dernier roman de Silène Edgar – croisée au petit déj mais qui ne m’a pas reconnue – Adèle ou les noces de la reine Margot.

Une auteur en dédicace se cache sous ce chapeau... sauras-tu la retrouver ?
Une auteur en dédicace se cache sous ce chapeau… sauras-tu la retrouver ?

Alors qu’on m’avait proposé – et que j’avais accepté – de participer au dîner Brage, je finis par renoncer quand, prise d’une inspiration soudaine, je m’aperçois qu’Armalite et Chouchou repartiront tôt le lendemain et que je serai sans doute plus à mon aise au milieu de mes connaissances qu’avec tous ces auteurs de fantasy qui se demanderont ce que je peux bien faire ici.
La nourriture est délicieuse (malheureusement, j’ai le temps de tout digérer entre chaque plat, si bien que je pars en ayant un peu faim), l’ambiance amicale, Hélie et moi échangeons des blagues particulièrement relevées (je suis particulièrement fière de mon “Indien vaut mieux que deux tu l’auras”), et la soirée est très réussie. Devant l’épuisement et le manque d’enthousiasme général, retour à l’hôtel et nouvelle discussion prolongée avec AnneEli.

DSCN0057

Dimanche, le réveil est difficile… Trois jours à ne pas dormir suffisamment et à crapahuter toute la journée, ça me fait un mois de sport. Nous regagnons la bulle pour le rituel rendez-vous et passons tranquillement la matinée à discuter. A l’heure du déjeuner, le soleil a eu le bon goût de se lever et nous colonisons la terrasse pour déguster le délicieux cake madeleine pommes-fraises de Ju’ Li’. A mesure que l’après-midi s’écoule, nous saluons les partants, tandis que je garde un oeil sur ma montre.
A 16h, il est temps de retrouver Editeur Chéri pour une parler boutique. Nous abordons mon prochain travail, ma traduction en cours, l’état des lieux de la romance, un projet qui me tient à coeur, de nouvelles pistes à explorer… Le bilan est plutôt positif quoiqu’un peu réservé. Tout en discutant, nous retrouvons le reste de l’équipe Brage pour récupérer nos bagages et rejoindre la gare.

Le dragon en origami qui montait la garde devant la place de Robin Hobb
Le dragon en origami qui montait la garde devant la place de Robin Hobb

Je lutte pour ne pas m’endormir dans le train et finis par regagner mes pénates en milieu de soirée, complètement claquée, mais pour découvrir que l’Anglais a rangé son bureau et notre chambre, et qu’il y a une bouteille de champagne au frigo.
Rétrospectivement, j’ai passé un bon week-end avec mes amis et mes nouvelles connaissances, et ce fut très agréable. Toutefois, vu que je me suis peu à peu désintéressée de la fantasy – j’étais une grande fan de Robin Hobb, j’avais largement la possibilité de lui faire dédicacer un bouquin, mais je ne l’ai pas fait, c’est dire – et que je m’étais fixée une limite très stricte sur les achats de livres, on aurait tout aussi bien pu louer une grande baraque dans un coin de France et passer le week-end à discuter, lire, boire du thé et manger un barbecue. Du coup, je réitérerai sans doute l’expérience, mais plus pour les rencontres que pour la culture !