Comment j’ai foiré mon confinement

Alors qu’une petite lueur vacille au bout du tunnel – habitant en Ile-de-France, j’ai beaucoup de peine à croire que nous serons déconfinés dès le 11 mai – il est temps de tirer les premiers enseignements de ce confinement.
Spoiler : il y en a peu. A titre personnel, je suis passée à côté de tous les trucs qui permettraient de dire que j’ai “réussi”, mis à part le fait qu’on est toujours en vie (y compris le chat), et qu’on est encore à peu près normaux.

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Activité physique. J’avoue, j’y ai cru. Passés les premiers jours de marasme, j’ai réussi à faire quelques séances de yoga, et sur les recommandations d’une copine j’ai attaqué le Pilates (spoiler : vu mon absence totale de souplesse et mon manque de coordination, je suis une grosse merde dans ces deux disciplines). Je m’y suis tenue tous les jours pendant 8 jours.
Et puis… j’ai manqué de temps, parce que je suis incapable de faire ce genre de truc en présence des enfants (la seule fois où je l’ai fait dans ces conditions, Junior m’a foncé dedans alors que je roulais sur le dos, on ne s’est pas ratés), et que mon rare temps “libre” a été consacré intégralement au boulot ou à la récupération.

Culture. Au début du confinement, les annonces de grandes salles de spectacle, compagnies, artistes, en France et dans le monde, proposant leurs créations en streaming m’ont fait saliver. J’allais revoir Le lac des cygnes avec la Crevette, m’offrir un moment de temps libre devant un ou deux opéras et, pourquoi pas, regarder une pièce de théâtre de temps à autre.
Bon, en vrai, on a regardé 5 minutes de La princesse au petit pois sur le site de la Comédie-Française avant que Mademoiselle se mette à pleurer au prétexte que les acteurs parlaient fort. Quant à la musique, il faut aimer Aldebert et François Hadji-Lazaro, parce qu’ils passent en boucle grâce au Paprika qui est légèrement monomaniaque.
Pour tout dire, c’est à peine si j’ai le courage d’écouter les fables de La Fontaine formidablement récitées par Fabrice Lucchini, alors que c’est très bref et très beau.

Capillarité. Voilà des années que j’entends répéter que la cure de sébum c’est parfait pour rétablir l’équilibre du cuir chevelu et avoir des cheveux en pleine forme. Tant qu’à ne pas sortir, autant que ça serve à quelque chose. Les trois premières semaines de confinement, j’ai dû me laver les cheveux trois fois maximum (je les lave toutes les 48 à 72h en temps normal). De toute façon, ma pharmacienne avait dès le premier jour lourdement insisté pour que je les attache dès que je sortais, dans le pire des cas ça ne se verrait pas.
J’ai fini par lâcher l’affaire : j’ai les cheveux très fins (et très, très fourchus, d’autant que je devais aller chez le coiffeur le 17 mars), et au bout de 8 jours sans shampoing, ma brosse ripe sur les nœuds sans rien démêler. J’ai commencé par céder en faisant des shampoings secs, et puis je suis revenue à mon rythme habituel, la mort dans l’âme.

Epilation. Toujours dans la catégorie “pilosité”, il est question cette fois d’épilation. Ça ne vous aura pas échappé : plein de filles ont expliqué en long, en large et en travers que c’était le moment de se libérer de ce diktat de l’absence de poil, etc.
Sur le principe, éventuellement. Sauf que les poils, ça retient les odeurs. Et que j’ai l’odorat sensible, et encore plus depuis ma dernière grossesse (période où j’étais capable de débusquer un fumeur à 30 mètres). Autant dire que me passer d’épilation, si c’est pour ne littéralement plus pouvoir me sentir, ce n’est pas possible. Et que j’attends avec impatience que mon esthéticienne rouvre, parce que je ne sais pas bien le faire seule.

Soutien-gorge. Quand Pénélope Bagieu a tweeté “On est bien d’accord qu’on remettra jamais nos soutifs après le confinement ?” j’ai eu comme un moment de blanc.
J’avoue que ce n’est pas ma came, mais je me suis dit “allez, essayons, je ne perds rien et si ça se trouve je passe à côté d’un truc génial”. Dans la vraie vie, j’oscille entre le 95E et le 100D (oui, ça fait beaucoup), et soit j’ai une mauvaise posture, soit je ne suis pas assez musclée, mais je me suis retrouvée bloquée au niveau du plexus solaire. Ça a duré 10 jours, le temps de mon expérience, et du moment où j’ai recommencé à mettre des soutien-gorge, ça s’est décoincé.
En outre, un mois après la fin de l’expérience, j’ai toujours des marques de frottement avec le tissu de mes vêtements, et ça gratte. Échec sur toute la ligne.

Levain. J’ai très envie de fabriquer mon propre levain depuis longtemps, et vu le temps que je passe en cuisine, ce serait probablement vite rentabilisé. Le souci, c’est que pour faire du bon levain, il faut de la bonne farine (idéalement de la T65 bio), et que… c’est celle-ci qui a disparu de tous les rayons ! Et en cette période où acheter de la farine pouvait relever, de manière plus générale, du parcours du combattant, j’ai préféré nourrir les troupes (et mon estomac) que nourrir un levain. Bref, on verra la prochaine fois.

Créativité. J’ai des copines qui ont écrit deux bouquins, d’autres qui se sont plongées à fond dans le DIY, des contacts qui suivent des tonnes de cours en ligne…
A titre personnel, ma créativité est restée bloquée au fond de mon lit quelque part aux alentours du 13 mars et elle est toujours portée disparue. J’aimerais bien pouvoir écrire, par exemple, mais je n’ai absolument pas l’espace mental nécessaire.

Enfants. Le confinement sera l’occasion de passer du temps “de qualité” avec les enfants, de leur faire découvrir des choses, d’inventer de nouvelles pratiques familiales.
LOL. Pardon. Ceux qui ont des enfants et qui, comme moi, ne s’éclatent pas à les avoir H24 comprendront de quoi je parle (oui, je suis une mère indigne). On essaie de les occuper comme on peut. Mais j’avoue ne pas être une dingue des activités manuelles, surtout quand elles sont salissantes, et que les jeux de société, même si je suis forcée de me convertir bon gré mal gré, ne sont pas trop ma came.
Quant au temps de qualité, il faut bien garder en tête que nous sommes tous sur les nerfs après bientôt deux mois de réclusion, et que ça joue sur l’humeur de chacun.

Les pois de senteur

Après plusieurs semaines d’arrêt, la fleuriste en face de la maison a repris son activité mais de façon restreinte : on ne peut retirer ses fleurs qu’une fois par semaine sur un créneau horaire bien précis, il faut commander à l’avance et le choix est restreint. La première commande proposait exclusivement des pois de senteur franciliens, et je m’en suis donc offert un joli bouquet coloré.

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Le pois de senteur est une fleur qui a une étrange valeur symbolique pour moi. Je l’ai quasiment ignoré jusqu’à mon séjour au japon il y a 15 ans. A force de pérégrinations au HMV de Shibuya (#toimêmetusais), et compte tenu de mon goût toujours prononcé pour le glam rock, j’étais tombée en arrêt sur l’album du groupe finlandais Negative. Une chanson, notamment, correspondait parfaitement à mon état d’esprit pas forcément joyeux à l’époque.

Quoi qu’il en soit, ils passaient en concert dans une petite salle peu quelques semaines avant mon départ et, n’écoutant que mon courage (et les conseils d’une copine pour dompter la borne d’achat), je m’étais offert une place. C’était microscopique, mais je pouvais presque toucher le groupe des doigts, et je suis à peu près sûre qu’ils m’ont repérée, vu que je faisais une tête de plus que tout le monde et que j’étais la seule gaijin dans la salle. J’avais un petit crush pour le chanteur, qui à la fin du concert a distribué quelques branches de pois de senteur au public – j’ai réussi à en avoir une.

C’était étrange de rapporter un rameau fleuri avec moi – les fleurs coupées sont hors de prix au Japon – dont la délicatesse contrastait si vivement avec la musique et les émotions de cette soirée. Surtout, j’ai eu le sentiment que le pois de senteur était une allégorie de tout ce que je vivais sur place : la fragilité constante, le sentiment d’être déplacée et vaguement à la dérive… Je n’en garde pas une impression négative (ah, ah), mais plutôt celui d’une profonde nostalgie dont je ne me suis jamais départie chaque fois que je repense à cette époque de ma vie, longtemps considérée comme un échec.

Allez, en bonus, ma chanson préférée

Chroniques du confinement – Des nouvelles du front (de l’intérieur)

Une bonne partie de mes angoisses a disparu depuis que j’ai trouvé un rythme de croisière pour le travail. Ce n’est ni pratique ni reposant, ce n’est sans doute pas le plus productif, mais je parviens à faire mon quota de pages habituels tout en m’occupant du reste – attention, ce n’est pas un moment Caliméro pour dire que je fais tout et Monsieur rien, c’est juste que Junior n’est pas assez autonome pour se gérer seul et éviter les bêtises. Disons surtout que j’ai appris à lâcher prise sur les temps qui ne sont pas réservés au travail.

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Ce n’est pas facile tous les jours, et tout dépend du degré de saturation des uns et des autres, mais pour l’instant on fait face. Une routine assez lâche s’est mise en place, qui nous permet de conserver des repères – paradoxalement, on ne fait pas tant de choses que cela, mais j’ai parfois l’impression que le temps file à toute allure. Je serai néanmoins ravie de mettre un terme à ce confinement.

Très sincèrement, j’en ai marre d’être coincée entre mes quatre murs, d’autant que cela a forcément une influence sur ma façon de penser, de réfléchir. Et je ressens une espèce de marasme intellectuel qui certes s’éclaircit par moments, mais n’est pas des plus agréables. L’impression que mon cerveau s’englue dans du rien, et que clairement si je ressors de ce confinement encore saine d’esprit, ce sera déjà bien. Je n’aurai pas acquis de nouvelles connaissances, j’aurai peut-être réussi à lire autre chose qu’un Harlequin Azur (ça reste à prouver), j’aurai peut-être découvert d’autres films que Eddie the Eagle et Starship Troopers… mais ça n’ira pas plus loin.

Après une dizaine de jours à tourner en rond, j’ai fini par me rendre à l’évidence: pour tenir le coup, il faut que je me foute la paix. Ce n’est donc pas cette année que je compenserai tous les gâteaux que je prépare et engloutis en me mettant au Pilates, Junior n’apprendra pas l’alphabet avec la méthode Montessori et Mademoiselle ne saura pas écrire pour la rentrée des classes – qu’elle ait lieu en mai ou en septembre – je ne coudrai pas mes masques moi-même… Tout ce qui n’est pas “essentiel” est mis en pause. Il en va de même pour moi.
Par la force des choses, je me suis recentrée sur notre groupe de confinement. J’ai par moment l’impression d’être en train de “larguer les amarres” et de m’éloigner peu à peu des gens, mais sans tristesse ou regret. C’est une simple constatation, d’une évolution somme toute logique compte tenu de l’énergie que me demande la vie quotidienne. Je ne doute pas, une fois cette “drôle de guerre” terminée, de retrouver un mode de fonctionnement normal.

Chroniques du confinement – Les menus de la semaine #7

Oui, c’est un peu le bazar dans les publications ici, je raconte pourquoi dans le prochain post (j’espère). Cette semaine, nous avons reçu une grosse livraison de produits frais des commerçants de notre marché, et nous devrions pouvoir tenir jusqu’au réassort en fin de semaine.

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Dimanche midi : filet-mignon de porc aux légumes qui restent
Dimanche soir : coquillettes à la tomate (enfants) / spaghetti à l’ail et au piment (adultes)

Lundi midi : poulet et pommes de terre Picard
Lundi soir : tarte salée épinards et cime di rappa

Mardi midi : restes de filet-mignon et haricots verts
Mardi soir : boulgour aux légumes (avec mezze Picard pour les adultes)

Mercredi midi : saucisses et flageolets
Mercredi soir : purée de légumes verts (enfants) / trucs apéro (adultes)

Jeudi midi : steak, petits pois
Jeudi soir : riz aux épinards et lardons (oui, on mange beaucoup d’épinards – c’est de saison et les enfants adorent)

Vendredi midi : magret de canard, frites
Vendredi soir : courge butternut rôtie (enfants) / asperges grillées au jambon et œuf à la coque (adultes)

Samedi midi : paupiettes de poulet et haricots beurre
Samedi soir : mini pizzas (pour les enfants) / pâtes à la Norma (pour les adultes)

A-côtés : pain cocotte, cookies matcha-chocolat, sablés à la rose, biscuits au miel et flocons, brownie

Les chroniques du confinement – Les menus de la semaine #6

Franchement, la préparation des menus vire au casse-tête. Le marché a fermé mais nous pouvons commander auprès de certains commerçants qui se sont réunis pour livrer… heureusement que leurs produits sont bons et qu’on veut les aider à franchir la crise parce que c’est un peu la foire d’empoigne. Mais bon, c’est toujours mieux que d’acheter le frais en supermarché (où nous sommes obligés d’aller pour l’épicerie et les 2kg de yaourts qu’engloutissent les enfants chaque semaine).

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Dimanche midi : Irish stew
Dimanche soir : riz aux épinards

Lundi midi : steak, petits pois
Lundi soir : asperges rôties et apéro

Mardi midi : schnitzel et pommes noisettes
Mardi soir : embeurrée de chou / avec les restes d’Irish stew pour les adultes

Mercredi midi : poisson, fondue de poireaux
Mercredi soir : boulgour à la tomate (pour les enfants) / poêlée Picard (pour les adultes)

Jeudi midi : filet de canette, haricots verts
Jeudi soir : courge butternut rôtie au four (pour les enfants) / foccacia, mozzarella et tapenade (pour les adultes)

Vendredi midi : paupiettes, navets, carottes
Vendredi soir : soupe (enfants) / poêlée Picard (adultes)

Samedi midi : omelette, salade de betteraves
Samedi soir : mini pizzas (pour les enfants) / pâtes à la Norma, salade de fenouil à l’orange (pour les adultes)

A-côtés : foccacia “comme un tableau” (décorée avec des herbes aromatiques, des fleurs et des légumes), biscuits aux pépites de chocolat, banana bread au chocolat

Chroniques du confinement – L’heure des choix

Sans que je m’en rende compte, il s’est déjà écoulé cinq jours depuis ma dernière publication. Moi qui pensais être plus sporadique mais tout de même présente, c’est dire si j’ai été dépassée par la situation.

Assurer la continuité pédagogique. Empêcher le Paprika de faire des conneries. Gérer l’entretien de la maison (je n’ai jamais fait autant de vaisselle de ma vie, j’en ai maaaaarre). Préparer les repas. Penser aux courses avec 8 jours d’avance – râler quand on ne trouve pas ce qu’on veut au supermarché dévalisé. Lire (j’ai téléchargé une intégrale Harlequin Azur – les vrais savent). Travailler (pendant la sieste et après le coucher des enfants). Encadrer les activités manuelles (Mademoiselle est quasi autonome, son frère c’est une autre histoire – bien plus salissante). Bloguer.
Attention, je ne dis pas que je suis seule à tout faire, l’Anglais est présent et joue son rôle.

Après une semaine de flou total, une autre de tâtonnements, nous avons trouvé un genre de routine. Mais au bout du compte, il n’y a pas assez de temps, et certainement pas assez d’espace mental, pour tout faire. J’aimerais pouvoir me concentrer sur des choses plus futiles, plus essentielles à ma vie intérieure, mais pour l’instant je dois assumer un certain nombre de choix dont la prégnance est plus forte.
J’avoue que je ne suis pas certaine que cela me plaise, mais je ne vais pas non plus sauter du train en marche.

Chroniques du confinement – Souffler un bon coup

Une semaine après Isa, je m’aperçois que je me suis pas mal mis la pression pour tenir cette chronique – j’avoue que j’ai très envie de garder une trace écrite sur le vif de cette période, qui d’une façon ou d’une autre changera nos vies.

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Mais il faut me rendre à l’évidence : entre la gestion du Paprika, une partie la continuité pédagogique de la Crevette (l’Anglais en gère l’essentiel, mais je fais les chansons et comptine), l’intendance (ça mange quatre fois par jour ces bêtes-là), le boulot (avec les rames), et le maintien d’un semblant d’activité physique, la charge est déjà très importante. Si raconter notre quotidien est intéressant, celui-ci a pris un rythme de croisière et j’ai vite le sentiment d’être redondante.
Du coup, j’ai décidé de m’autoriser à ne rien publier certains jours si je n’ai pas l’inspiration / le temps / le courage, ou à dévier de ma ligne éditoriale en proposant des billets moins centrés sur le confinement. Je ne m’interdis rien, et je serai toujours là à guetter vos commentaires.

Chroniques du confinement – Les menus de la semaine #5

Faute de temps et d’inspiration, je reprends cette catégorie (qu’on aurait presque pu relier à un “Cuisinons nos livres”). Cette fois-ci, bien entendu, nous sommes quatre à tous les repas, même si les enfants mangent avant nous le soir.
Depuis cette semaine, nous subissons comme tout le monde la fermeture des marchés (notre marché étant couvert, nous avions eu 10 jours de répit), mais les commerçants ont mis en place un système de livraison qui nous évitera la viande sous vide et les légumes fatigués.

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Dimanche midi : rôti de poulet à l’échalote, carottes, navets
Dimanche soir : raviolis ricotta/basilic

Lundi midi : dos de flétan et petits pois
Lundi soir : vert de blettes, riz, lardons

Mardi midi : pavé de saumon, poireaux
Mardi soir : mozzarella di buffala, courgettes sautées à la tomate (= au concentré de tomates) / avec des pâtes pour les adultes

Mercredi midi : frittata à la pancetta et à la mozzarella
Mercredi soir : courge butternut rôtie au four / avec restes du rôti pour les adultes

Jeudi midi : aiguillettes de poulet frit Picard, carottes et pommes de terre au four
Jeudi soir : soupe en brique pour les enfants / velouté d’épluchures d’asperges et fin de la mozzarella pour les adultes

Vendredi midi : poisson pané (du poissonnier), haricots beurre
Vendredi soir : coquillettes (enfants) / tortellini (adultes)

Samedi midi : saucisse de Morteau, lentilles, poireaux
Samedi soir : patate douce rôtie au four

A-côtés : ciabatta (un peu foirée), pains au maïs, cookies matcha-chocolat au lait

Chroniques du confinement – Tourner en rond

J’avoue, la nouvelle annonce du gouvernement de prolonger le confinement de 15 jours ne m’a pas surprise. Je ne suis même pas sûre d’avoir réagi vu que je pars du principe, depuis le début, qu’on n’en aura pas fini avant le mois de mai – j’en suis juste à espérer pouvoir célébrer mon anniversaire en famille.

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On a beau être dans des conditions plutôt favorables, avoir la possibilité de prendre l’air et de sortir les enfants en respectant les règles, on se cogne tous aux murs. Physiquement, d’abord, avec les enfants qui se font mal régulièrement – ou essaient : le Paprika a failli dévaler l’escalier du parking en trottinette cet après-midi. Psychiquement ensuite : j’ai réussi à reprendre le travail mais je sens que mes facultés ne sont pas géniales. Outre le manque de concentration, il y a clairement un manque de répondant du côté de mes neurones.
Mais je vous rassure, j’ai téléchargé une intégrale Harlequin Azur hier soir (les vrais savent), mes neurones vont avoir de quoi se détendre.

Chroniques du confinement – Le mur invisible

J’ai fini hier soir cet étonnant roman de Marlen Haushofer dont tout le monde parle sur les réseaux sociaux depuis plusieurs mois. Si j’avais débuté la lecture avant le début de la quarantaine, force est de constater qu’elle prend une résonance toute particulière, et c’est sans doute la situation actuelle qui a considérablement ralenti ma progression.
Cette histoire de résilience, de confrontation à la nature et de renoncement à la loi des hommes m’a par moments mise mal à l’aise, peut-être parce qu’elle touchait un peu trop juste. L’apprentissage de la peur et de la solitude a quelque chose de glaçant, surtout quand, comme moi, on se projette à fond dans ce qu’on lit.
De façon étonnante, l’héroïne m’a constamment rappelé une amie, même si je ne saurais dire précisément pourquoi – en tout cas, je lui ai donné ses traits chaque fois que je me la représentais.

Mais le mur invisible au sens plus large, c’est cette distance plus que respectueuse que nous avons observée le temps de prendre des nouvelles des voisins – tout en empêchant le Paprika de le rejoindre. C’est cette habitude prise de parler avec les gens par écran interposé. C’est cette culpabilité à mettre le pied hors de chez soi en se demandant systématiquement si c’est absolument nécessaire (non, techniquement, pas forcément, mais pour la santé mentale, un peu quand même). C’est ce repli sur nous-mêmes quasi physique – voilà trois jours que j’ai l’impression d’avoir un nœud au plexus solaire.

Quelqu’un a une bonne romance à me conseiller pour enchaîner ?