L’Heure tragique

Je sais que ça sonne franchement pompeux et grandiloquent, mais je reprends les mots de Winston Churchill (dans un tout autre contexte). Et pour être honnête, c’est un peu mon sentiment global ce matin, alors que je découvre, abasourdie, le résultat du vote britannique.

brexit

L’Union Européenne n’est sans doute pas la meilleure des institutions, mais elle a été bâtie sur les décombres de la seconde guerre mondiale, dans le but de consolider l’entente entre les peuples. C’était une idée un peu folle, mais qui a su trouver sa voie et qui s’est concrétisée de plein de façons. Aujourd’hui encore, je suis fière d’être Européenne, d’avoir le droit de circuler librement dans une trentaine de pays, d’utiliser une seule monnaie de Helsinki à Athènes…
Or ce matin, j’ai un goût amer dans la bouche. J’ai l’impression qu’on a piétiné ce rêve, et qu’on vient d’en entériner la fin. Car je ne me fais guère d’illusions : sous la poussée des nationalismes et des populismes, d’autres pays vont emboîter le pas à la Grande-Bretagne, et vont réussir leur coup de poker. Un tabou vient de sauter et, avec lui, la haine de l’autre (car la campagne fut majoritairement axée sur l’immigration), l’égocentrisme triomphent.

Si l’on veut pousser le raisonnement, je ne serais guère surprise de voir l’Ecosse obtenir son indépendance dans les deux ans à venir, peut-être avec l’Irlande du Nord. Et alors que j’étais contre l’indépendance car j’estimais que cela répondait à une fièvre nationaliste, aujourd’hui, j’aurais tendance à dire “Allez-y, venez nous rejoindre, on se sentira moins seuls”.
En extrapolant un peu (j’ai le droit, c’est mon métier), je pense que la monarchie britannique a beaucoup de souci à se faire et que, d’ici 50 ans, l’Angleterre sera une république et la guerre sera de retour en Europe de l’Ouest. Je veux croire très fort que ce ne sera pas le cas (surtout pour le second, bien entendu) mais j’ai de moins en moins confiance en l’être humain.

Le seul point positif que j’entraperçois dans cette histoire c’est que, avec la chute de la livre, le shopping à Londres va redevenir abordable. Mais pas sûr que ça suffise à me rendre le sourire.