Au cœur de Fukushima

Fukushima1Depuis l’accident de Tchernobyl, la destruction d’une partie de la centrale de Fukushima est la plus terrible catastrophe nucléaire civile qui ait frappée la planète. Suite à cet événement, un auteur de manga s’est fait engager anonymement comme ouvrier pour travailler dans la centrale afin de raconter le quotidien de cette usine et de ses réacteurs endommagés.


Voilà un manga qui me fait de l’œil depuis un moment, ce qui n’est pas peu dire vu que j’ai quasiment arrêté d’en lire il y a quelques années. Je pense que le fait qu’il s’agisse d’un récit “réel” y est pour beaucoup.
C’est une oeuvre très intéressante. Même si, graphiquement, je l’ai trouvée un peu inégale – le design des personnages rappelle beaucoup le trait des mangas “à l’ancienne” de mon enfance, il me semble, alors que les décors sont très soignés – j’ai adoré la narration. Divisé en bref chapitres qui peuvent se lire indépendamment, ce tome nous plonge dans le quotidien des travailleurs de la centrale. Qu’il s’agisse des techniciens chargés de démonter les lieux, des employés des salles de pause ou des agents chargés de la sécurité, chacun a une tâche bien particulière.
Il n’est pas question, dans ce livre, de faire un exposé technique sur ce qu’est une centrale nucléaire, l’irradiation, les risques pour la santé, etc. Il s’agit vraiment d’une restitution au plus près de la vie de ces anonymes qui œuvrent en sous-main (voire en sous-sous-main) dans ce no man’s land. Mais justement, cette perspective différente donne une autre dimension à la catastrophe.

J’ignore combien de tomes la série comportera mais, une chose est sûre, je lirai volontiers la suite !

Au cœur de Fukushima – Journal d’un travailleur de la centrale 1F, TATSUTA Kazuto, Kana

Les rêveries d’un gourmet solitaire

Taniguchi-gourmetUne vingtaine d’années après Le gourmet solitaire, Taniguchi ressuscite son personnage qui nous avait fait baver devant tous ces plats aussi appétissants les uns que les autres. Moi qui avais adoré le premier tome, c’est peu dire que j’attendais ce nouvel opus comme le Messie, d’autant que je n’ai appris son existence qu’il y a très peu de temps.

Alors, qu’en est-il ? Déjà, on ne peut pas dire que l’éditeur se soit foulé sur la couverture : on dirait qu’ils ont oublié la jaquette en couleurs ! C’est peut-être (sans doute) un choix éditorial fait en concertation avec l’auteur, mais je trouve cela particulièrement malvenu : pour un peu, on passerait à côté car il en devient invisible au rayon BD.
Le contenu est toujours aussi agréable : de courtes histoires, des anecdotes du même personnage qui se promène dans les endroits où l’entraînent ses affaires et, toujours, ce rapport à la fois gourmet et gourmand à la nourriture. La traduction est superbe – en même temps Patrick Honnoré n’est pas n’importe qui – et les notes explicatives sont à la fois intéressantes et concises.
J’ai également beaucoup aimé le rapport de l’auteur à la France développé dans l’ouvrage : outre les anecdotes et souvenirs culinaires, je pense qu’il faut interpréter le titre comme un clin d’oeil à Rousseau et ses Rêveries du promeneur solitaire (le promeneur solitaire étant un autre personnage de Taniguchi).

Quoi qu’il en soit, c’est une excellente lecture, qui met en appétit… et donne envie de (re)partir au Japon !

Les rêveries d’un gourmet solitaire, Taniguchi & Kusumi, Casterman

Sailor Moon Short Stories, tome 1

J’ai eu une relation passionnelle avec le manga jusqu’à mon séjour au Japon en 2004-2005. A mon retour, j’ai tout revendu et je n’ai quasiment plus acheté ni ouvert de manga, alors que le marché explosait en France et que, pendant quelques années, cela avait représenté une bonne partie de ma vie.

L’autre jour, en faisant des courses à la Fnac, je suis tombée par hasard sur un recueil de nouvelles tirées de l’univers de Sailor Moon, mon manga préféré quand j’étais ado, celui par lequel tout a commencé ou presque (c’est l’heure du coup de vieux : à l’époque, je payais le tome 38 francs ; oui, des francs). Le tome était scellé, ce que je peux comprendre vu que beaucoup de gens lisent sur place sans acheter le livre. Ni une, ni deux, poussée par un élan de nostalgie, j’embarque la chose : voilà une lecture idéale pour le bord de la piscine.

SailorMoon1Sauf que. En l’ouvrant le lendemain, je le feuillette rapidement (l’aspirateur à passer et l’urgence de faire les valises m’empêchent de me vautrer dans le canapé) et je découvre… que j’ai déjà lu toutes les histoires ! En fait, elles ont été publiées par Glénat au fur et à mesure de la série originelle pour compléter les tomes, et j’ai une excellente mémoire, surtout pour les choses inutiles, donc je me souviens des histoires (et même de la plupart des répliques – forcément, quand on relit cinquante fois le même tome…).

C’est une très grosse déception. L’éditeur (Pika, qui aurait racheté les droits de la série ? Ou peut-être seulement ceux des recueils de nouvelles ?) a-t-il volontairement mis le tome sous blister pour empêcher les gens de savoir de quoi il retournait, ou s’agit-il d’une pratique courante pour protéger les ouvrages ? Quoi qu’il en soit, je ne retenterai pas l’expérience, c’est une évidence !
Le seul point positif, à mes yeux, est la traduction qui a été remaniée pour, je pense, être plus proche du texte original. Néanmoins, il est assez étrange de voir que les noms des personnages ont été francisés pour certains et sont revenus à leur nom originel pour d’autres.