Trois jours à Marrakech

Grâce au CE de l’entreprise pour laquelle je travaille – oui, ma vie professionnelle est très compliquée – j’ai eu l’occasion de passer un long week-end au Maroc avec mes collègues. Si j’avoue qu’au début j’étais un peu réticente à l’idée d’un voyage corporate, et que la perspective de m’exhiber en maillot de bain devant ma chef n’avait rien de folichon, je me suis fait violence et, en fin de compte, c’était une bonne idée.

Jeudi soir, je dois dormir chez ma mère pour faciliter le transfert à l’aéroport le lendemain matin dans la nuit. Cela fait 5 minutes que je suis arrivée, et je m’aperçois que j’ai oublié mon passeport (acte manqué, bonjour).
Après un aller-retour en catastrophe pour récupérer mes papiers et deux petites heures de sommeil, il est temps de partir. Le contraste entre le ciel gris légèrement pluvieux d’Orly et le soleil radieux qui nous accueille à Marrakech est saisissant et bienvenu. En quelques minutes à peine, j’ai le sentiment de respirer à fond pour la première fois depuis des jours.

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La première journée s’écoule paisiblement, entre cocktail de bienvenue, repas pantagruéliques, petite sieste (je suis totalement au radar), plongeon dans la piscine et discussions à bâtons rompus. A 22h30, après un dernier thé à la menthe sur le patio, tout le monde dort du sommeil du juste.

Soleil

Samedi matin, changement de programme : alors que, poussée par ma sœur (qui travaille dans la même société que moi – j’avais dit que c’était compliqué), je m’étais inscrite à l’activité “quad et dromadaire” qui ne m’intéressait pas plus que ça, je quitte le navire et décide de m’incruster avec MF et Sandra qui vont en ville. Nous débarquons à 10h30 et sommes immédiatement assaillies de sollicitations. Si bien qu’au bout de dix minutes, je pète un plomb et gueule un “Non !” très sec à l’encontre d’un des rabatteurs, ce qui me vaut des regards stupéfaits de mes collègues. Ben oui, j’aime pas qu’on vienne m’emmerder.

Dans le souk des teinturiers
Dans le souk des teinturiers

Mais après, c’est le bonheur : nous passons près de cinq heures à arpenter le souk, flâner, fouiner, discuter, marchander, et faire quelques achats. Enfin “quelques”… Lâchez ma chef dans le souk, elle y passera la journée et rentrera avec la moitié des boutiques dans sa valise.
Entre les nombreuses échoppes à touristes, nous dénichons quelques perles qui proposent des bijoux anciens, de la belle céramique, des antiquités (j’ai flashé sur deux boîtes en os de chameau pas du tout dans mes moyens) et des luminaires modernes inspirés du travail d’artisans anciens. Je craque pour des savons, du musc, de l’ambre, une étole et un jeu d’échecs de voyage pour Monsieur. Le temps file, la lumière est belle, la chaleur très tolérable malgré nos manches longues et nos pantalons. Nous finissons par nous échouer au centre artisanal, où le bus de l’hôtel doit nous récupérer, pour un thé à la menthe très quelconque.

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De retour à l’hôtel, la quasi totalité de notre groupe est encore à dos de quad, si bien que nous nous autorisons une petite pause ravitaillement au bord de la piscine. Après une discussion au tour inattendu, chacune part se préparer pour la soirée, le point d’orgue de notre séjour.
Bon, en réalité, comme l’activité a pris du retard, et qu’on doit encore attendre des personnes qui se pomponnent, nous quittons l’hôtel bien plus tard que prévu, avant de nous enquiller près d’une heure de route en minibus. Je suis dans le même véhicule que mes deux chefs, et force est de constater que l’un d’entre eux est survolté par le voyage.
Nous arrivons dans une superbe villa traditionnelle dont les jardins surplombent un lac (on n’en distingue que les berges, éclairées par des braseros). C’est d’ailleurs dans les jardins et sur les différentes terrasses que nous passerons la soirée (fraîche). Roxy et moi nous faisons tatouer les mains au henné et tirer les cartes par une diseuse de bonne aventure. Le dîner est délicieux (le meilleur couscous de ma vie – la vérité !), mais le froid et la fatigue ont raison de moi, si bien que je mange peu et finis par me rapatrier à l’hôtel dès l’annonce de la première navette.

Bahia 1

Dimanche matin, il fait gris et pluvieux, et je dois me lever car j’ai eu la (bonne ?) idée de m’inscrire pour la visite de la ville. Après un nouveau retard parce qu’il faut rassembler tout le monde au bon endroit, nous partons visiter le palais de la Bahia et admirer la tour de la Koutoubia, le plus haut minaret de Marrakech.

Bahia 2

Le palais est envahi de touristes, mais superbe. En dépit de l’absence totale de mobilier ou d’explication (il faut se fier à son guide), les couleurs des zelliges (ces sortes de mosaïques à dessins géométriques), des peintures et des rares vitraux sont lumineuses. La décoration, qui ne fait intervenir que des motifs abstraits, conformément aux recommandations de l’islam, est faite de stuc, de céramique, de bois sculpté et peint… J’en prends plein les yeux, même si un examen plus approfondi met en évidence l’état de conservation très précaire de certaines œuvres. Même si des travaux sont en cours, ça risque de prendre des années à tout restaurer.

Bahia 3

Nous enchaînons ensuite avec le jardin de la Menara, un jardin construit au 12è siècle autour d’un bassin de retenue, lequel servait aussi à apprendre aux soldats à nager. Aujourd’hui, c’est un lieu très populaire et fréquenté, qui a la faveur des Marrakchis pour pique-niquer ou se promener.

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Un dernier détour par la Koutoubia, que nous admirons de loin, puis notre guide nous presse jusqu’au souk pour nous montrer “la seule vraie herboristerie berbère” (tu la sens, l’arnaque ?). La présentation n’a pas plus tôt débuté que je m’éclipse, au prétexte (vrai) que j’ai déjà fait mes achats la veille. Je suis un peu attristée d’avoir dû négliger d’autres monuments pour échouer ici, mais fais contre mauvaise fortune bon cœur : cela me donnera une raison de revenir.

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Après un déjeuner au pas de charge et un retour en taxi, il est temps de récupérer les valises et de partir à l’aéroport. Je vous passerai les détails bien connus des contrôles de sécurité et de l’attente en zone sous douane pour dépenser nos derniers dirhams.
Nous rentrons en fin de soirée. Je suis épuisée, mais ravie. En dépit de tout ce que nous avons pu subir ces derniers jours, c’était une parenthèse parfaite pour reprendre son souffle.