Platée

Mercredi soir, c’était la reprise de la saison d’opéra avec Leen. Pour bien commencer l’année, nous avions jeté notre dévolu sur une oeuvre de Jean-Philippe Rameau, compositeur français du 18ème siècle.

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Après un prologue où l’on assiste à la naissance de la Comédie, on décide de présenter un divertissement sur la façon dont Jupiter guérit Junon, son épouse, de sa jalousie maladive. Pour ce faire, le roi des dieux entreprend de séduire Platée, reine des grenouilles réputée pour sa laideur, et de le convaincre de l’épouser. Au dernier moment, Junon, furieuse, arrache le voile de la fiancée et éclate de rire, définitivement remise de ses accès de colère. Platée, quant à elle, regagne son marais sous les quolibets.

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Non, ce n’est pas une histoire gentille, et de nos jours, on pourrait estimer qu’elle est franchement cruelle. Toutefois, on rit beaucoup dans cet opéra, aux dépens de tous les protagonistes.
La mise en scène est vive et drôle, le décor – un théâtre qui évolue au fur et à mesure de l’histoire – joue sur l’ambiguïté de la musique baroque en France (spectacle pour le roi ou roi qui se donne en spectacle ?) tout en mettant en valeur la modernité de la musique de Rameau. Les costumes sont bien trouvés, les chorégraphies des parties dansées (très présentes dans ce genre d’oeuvre) rappelant des “scènes de la vie conjugale” soulignent le propos sans l’alourdir… Une vraie réussite.
Quant aux interprètes, ils rivalisent d’excellence. C’était la première fois que j’entendais vraiment Julie Fuchs, dans le rôle de la Comédie et, surtout, de la Folie, et elle est à couper le souffle. La virtuosité avec laquelle elle enchaîne les notes plus aiguës les unes que les autres donne le vertige, d’autant que je suis convaincue qu’une partie de son interprétation laisse place à l’improvisation. Enfin, j’ai une mention spéciale pour Philippe Talbot (oui, c’est un homme), dont la Platée est drôle, touchante, grotesque, comique… et sacrément sportive ! J’avoue être restée en admiration en le voyant sauter les marches deux à deux sans perdre son souffle en plein milieu d’un air.

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Au final, c’est un petit bijou de bonne humeur et de bonne musique, et je ne peux que vous conseiller d’y aller.
Platée, Opéra national de Paris, jusqu’au 8 octobre

Note : en dépit de mes recherches, j’ai été incapable de trouver des photos du spectacle sur le site de l’Opéra, les rares illustrations viennent donc du site opera-online.