Adèle et les noces de la Reine Margot

AdèleAdèle a 13 ans. Elle est perdue depuis le décès de sa grand-mère six mois plus tôt. Ses parents ont toujours été très pris par leur carrière et ne comprennent plus rien à leur fille, en pleine crise d adolescence. À l’école, Adèle est une élève moyenne, plus intéressée par les histoires avec les garçons que par le livre qu elle va devoir pendant les vacances : La Reine Margot, d’Alexandre Dumas. Préférant l’imaginaire à la réalité, Adèle se met à rêver la nuit qu elle est un personnage du roman. Elle rencontre au cours de ses rêves le beau Samuel, dont elle tombe amoureuse. Elle va assister au mariage de Margot, danser pendant les noces, constater les problèmes entre Catholiques et Protestants Mais Adèle commence à perdre pied. Ce qu’elle vit dans ses rêves est tellement plus intense que son quotidien qu’elle n a plus très envie de se réveiller.


J’avais découvert avec ravissement 14-14 co-écrit par Silène Edgar, auteur de ce nouveau roman, et je vous en avais fait part dans ces pages. C’est donc les yeux fermés que j’ai acheté ce nouveau tome, profitant au passage de la présence de Silène aux Imaginales pour me le faire dédicacer. Et je n’ai pas été déçue.
Exploitant de nouveau le thème de l’uchronie, le roman nous fait suivre en parallèle l’histoire d’Adèle, collégienne un peu paumée du XXIè siècle, et celle de son alter ego, transportée par la magie du rêve à la cour de Charles IX en 1572. La reconstitution proposée est bien plus celle du roman de Dumas que l’histoire réelle, toutefois l’auteur rétablit la vérité historique grâce aux recherches effectuées par l’héroïne pour tâcher de comprendre le nouveau monde qui l’entoure.
Confrontée aux jeux de pouvoirs et à l’intolérance religieuse, Adèle pose un regard neuf sur cette époque complexe tout en laissant aux lecteurs le soin de juger la situation et d’établir des parallèles (ou non) avec notre actualité. L’écriture est fine, et le roman se lit d’une traite, si bien que je vous le conseille vivement (il m’a fallu quelques heures pour le dévorer).
En bonus, la fin assez inattendue est très touchante et m’a tiré quelques larmes.

Adèle et les noces de la Reine Margot, Silène Edgar, Castelmore

“14-14”

La très jolie couverture
La très jolie couverture

A l’aube de la Grande Guerre…
Adrien et Hadrien ont treize ans et habitent tous les deux en Picardie. Ils ont les mêmes préoccupations : l’école, la famille, les filles… Une seule chose les sépare : Adrien vit en 2014 et Hadrien en 1914. Grâce à une boîte aux lettres mystérieuse, les deux adolescents vont s’échanger du courrier et devenir amis.
Mais la Grande Guerre est sur le point d’éclater pour Hadrien et leur correspondance pourrait bien s’interrompre de façon dramatique…

Autant le dire tout de suite : je ne suis pas fan de la littérature pour adolescents (rebaptisée “Young adult” ces dernières années). Je ne nie pas du tout les qualités de ce genre, mais en général cela me laisse froide (bon, parfois, j’ai des  “crises” : j’ai lu les sept premiers tomes de la série “Alex Ryder” d’une traite il y a quelques années, par exemple). Pourtant, le sujet de ce roman m’attirait : j’adore les uchronies et les romans historiques, et l’élément fantastique était un peu plus discret que d’habitude. Hier, j’ai enfin réussi à mettre la main dessus, et je suis ravie. Pour tout vous dire, je l’ai lu dans la foulée.

L’histoire est intelligente, chaque adolescent parlant de lui à la première personne (les deux auteurs se sont réparti les rôles), chacun ayant son style de narration et d’écriture. La correspondance rythme les chapitres, entrecoupés de scènes de la vie quotidienne et, dans le cas d’Hadrien, de documents visuels en rapport avec l’époque (une illustration de manuel scolaire, l’ordre de mobilisation générale de 1918…). C’est très vivant et on s’y croirait.
En outre, c’est très bien écrit, de façon à la fois simple et élégante : à aucun moment on ne sent l’exercice de style, tout est fluide et s’enchaîne à merveille. A titre personnel, la romance du héros de 2014 m’a un peu donné envie de le baffer, mais ce sont des garçons de treize ans, et j’étais bien moins dégourdie qu’eux au même âge !
Pour conclure, si jamais vous êtes enseignant : Silène a composé un dossier pédagogique autour du roman et de la Grande Guerre (je n’ai pas la moindre idée de ce que cela peut être, mais je suppose que ça vous parlera).

Un vrai coup de coeur, à lire et à faire lire absolument (il n’est pas impossible qu’une de mes nièces récupère ce roman, vu que la Crevette est encore un peu jeune).

14-14, Silène Edgar & Paul Beorn, éditions Castlemore