Aller à l’Opéra de Paris : premiers pas

A force de me vanter ici et là que je vais à l’opéra comme je respire ou presque, plusieurs personnes m’ont demandé de leur donner quelques clés pour assister à un spectacle. Je ne suis pas une spécialiste, mais juste une amatrice, il n’est pas question de faire une revue de puriste, simplement de fournir quelques explications que j’estime nécessaires.

Source
Source

L’opéra, on y comprend rien.
Les principales langues de l’opéra sont le français, l’italien et l’allemand, mais on trouve aussi des œuvres en russe, en anglais, en tchèque… Mais nul besoin de connaître la langue ! Les salles proposent un surtitrage lumineux, en anglais et français. Et puis, ne nous voilons pas la face : les chanteurs répètent souvent la même phrase.
Pour ce qui est de l’histoire, le plus simple est de s’offrir un programme : plutôt que de lire l’intégralité du livret (qui peut être long), parcourez l’argument (le mot savant pour “résumé”) qui tient généralement sur une ou deux pages. L’avantage, c’est que vous saurez aussi où en est l’histoire et s’il y a encore longtemps à attendre avant la fin du premier acte pour aller aux toilettes.

L’opéra, c’est pour les riches
Le prix des places peut grimper très vite mais, ce que l’on oublie souvent, c’est que l’Opéra de Paris est une salle de spectacle subventionnée par l’Etat. Du coup, il existe plusieurs astuces pour obtenir des places moins chères : les abonnements jeunes pour les moins de 28 ans, les places de dernière minute (souvent avec visibilité limitée), certains lundis ou samedis après-midi moins chers que d’autres…

Source
Source

On est bien assis, au moins ?
Là, ça dépend. Question rembourrage, on est largement mieux assis à Bastille qu’à Garnier, ne serait-ce que parce que les critères de confort ont évolué en un siècle.
Niveau visibilité, à part quelques places très hautes et complètement sur le côté à Bastille, on voit l’essentiel de la scène et le surtitrage.
En revanche, Garnier est un théâtre à l’italienne : on y allait autant pour voir que pour être vu, si bien que, depuis les loges de côté, on distingue mieux les autres spectateurs que la scène. Un conseil si vous choisissez des places petit budget : optez pour l’amphithéâtre (tout en haut) plutôt que pour les fonds de loges. L’amphithéâtre fait mal aux fesses, on a les genoux dans le dos du voisin de devant, mais on distingue la scène. Les fonds de loges donnent surtout envie de décapiter les personnes devant soi parce qu’on n’y voit rien.

On donne un pourboire ?
Ah non ! Si le champagne coûte un rein et qu’il faudra hypothéquer votre maison pour vous offrir un sandwich, on ne donne pas de pourboire dans les théâtres nationaux, dont fait partie l’Opéra de Paris. Et on attend que les hôtes vous installent en vous remettant un petit dépliant avec la distribution du jour.

Je suis en retard, je fais quoi ?
Honnêtement, vous êtes dans la merde. Si la plupart des salles de spectacle commencent avec un peu de retard, et vous permettent souvent de gagner votre place alors que le rideau est déjà levé, ce n’est pas le cas à l’Opéra de Paris. Sitôt les lumières éteintes, impossible d’entrer dans la salle avant l’entracte (s’il y en a un) et vous n’aurez même pas la possibilité de flâner à la boutique, qui sera en train de fermer.
En plus ça commence tôt : 19h30 en règle générale, voire plus tôt pour des spectacles très longs (l’idée étant que les spectateurs puissent repartir en transport).

Source
Source

Et alors, on va voir quoi ?
Quand on est novice, à moins de vraiment vouloir se dépayser, j’ai tendance à conseiller un classique, en italien la plupart du temps. Les opéras de Verdi comme La Traviata (qui reprend l’histoire de La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils), Rigoletto ou Il trovatore. C’est monumental, ça fait “boum-boum” mais c’est plein d’airs très connus.
Dans la saison 2015-2016, j’aurais aussi tendance à recommander Le barbier de Séville (Il Barbiere di Seviglia) de Rossini et Don Giovanni de Mozart.

Une autre possibilité serait de choisir un opéra en français dont le plus connu, Carmen, est souvent repris dans différentes salles (pas à l’ONP l’an prochain, malheureusement). Ou alors, un opéra en allemand comme La flûte enchantée, à l’affiche d’avril à juin cette année, très abordable et qui finit bien (si, si).

Et si on préfère le ballet ?
Je suis moins calée mais, une fois encore, si vous souhaitez vous initier, voir un joli ballet avec de beaux costumes, choisissez un classique du répertoire avec une chorégraphie de Noureev, effet garanti. Cette saison, vous pouvez choisir l’indémodable Lac des cygnes, ou des ballets (un peu) moins célèbres comme Paquita ou La fille mal gardée. La saison prochaine, je recommande La Bayadère (superbe) ou un grand classique de l’époque romantique, Giselle.
Si vous êtes d’humeur contemporaine, n’hésitez pas à vous tourner vers des noms connus comme Pina Bausch, Anne Teresa de Kersmaeker, William Forsythe… L’avantage de la technologie aujourd’hui, c’est que vous pouvez toujours trouver des extraits sur youtube.

Source
Source

Y’a pas moyen de combiner les deux ?
Si ! L’an prochain, l’ONP a décidé de monter Iolanta / Casse-Noisettes, un opéra qui précède un ballet, deux œuvres de Tchaïkovski. C’est une forme tombée en désuétude et remise au goût du jour, si bien que les places commencent déjà à se faire rare, mais tentez le coup.

Comment on réserve ?
Soit vous prenez un abonnement dès maintenant pour la saison 2015-2016 (dépêchez-vous, les places partent très vite cette année, ce doit être l’effet Benjamin Millepied), mais cela implique de réserver plusieurs spectacles. Soit vous guettez l’ouverture des réservations pour les spectacles au fur et à mesure de l’année (à partir de mai-juin, généralement, et étalée sur neuf mois environ). A moins que vous aimiez vous déplacer pour acheter votre place au guichet, j’aurais tendance à conseiller la réservation internet.
Par ailleurs, des places sont encore disponibles pour les spectacles de cette saison, jusqu’en juillet.
Enfin, tous les ans, l’ONP propose un spectacle gratuit pour les festivités du 14 juillet (même si je crois que ça tombe le 13 cette année). Premier arrivé, premier servi !

Source
Source

J’ai mon billet, c’est pour ce soir. Je garde mon jean et mes baskets ?
Même si a priori on ne vous dira rien, il est possible que vous attiriez quelques regards en coin. Sans aller jusqu’au costume-cravate si vous ne vous sentez pas de le faire, n’hésitez pas à sortir votre paire de mocassins des dimanches avec un pull sans trou, ou une tenue pour laquelle vous cherchiez une occasion (cette très jolie robe portée à un mariage il y a deux ans et que vous aimeriez bien remettre, mais au boulot, c’est un peu too much). Blague à part, un jean passe très bien avec une jolie chemise et des chaussures  pas trop moches. On n’est plus à l’époque robe de soirée et frac !

Je conclus en vous signalant qu’il y a une excellente FAQ sur le site de l’opéra, qui vous dira sans doute d’autres choses que j’aurais oubliée.