Chrétien de Troyes

J’ai fini récemment deux des romans les moins connus de Chrétien de Troyes, donc j’en profite pour vous le présenter. C’est un auteur du XIIème siècle qui a rédigé des “romans” de chevalerie inspirés de la tradition des chansons de geste et des légendes arthuriennes très en vogue à son époque. Je mets le terme “roman” entre guillemets parce que l’oeuvre de Chrétien a en fait été rédigée en vers. S’il fut l’inventeur du roman comme suite de péripéties et analyse psychologique des personnages, il n’en demeure pas moins un poète.
Ses romans les plus célèbres sont Lancelot ou le Chevalier de la charrette et Perceval ou le conte du Graal. Inutile de résumer l’histoire, elle est connue de tous – mais si, rappelez-vous Kaamelott. En revanche, on connaît moins Erec et Enide et Cligès, oeuvres de jeunesse, qui, bien qu’utilisant la “matière de Bretagne”, y font moins référence et s’intéressent plus aux relations entre le chevalier et sa dame. Ce sont là les bases de l’amour courtois.
Erec et Enide est essentiellement une histoire de confiance entre un chevalier et son épouse : Erec quitte la cour du roi Arthur, accompagné de sa femme Enide, mais il lui interdit de le prévenir d’un danger. Or celle-ci, trop anxieuse pour son “ami”, l’avertit à chaque fois, ce qui provoque la colère d’Erec. tant et si bien qu’Enide se tait alors que son époux est attaqué et laissé pour mort. Elle est enlevée et se voit contrainte à un mariage le jour de l’enterrement. Masi, ô miracle, Erec se réveille et sauve sa femme.
Cligès commence avec l’histoire des parents du héros, comment son père quitta la Grèce pour conquérir honneur et gloire à la cour du roi Arthur, comment il y rencontra son épouse et comment ils rentrèrent en Grèce. Puis vient l’histoire de Cligèe proprement dite, qui est celle d’un affrontement entre le jeune homme et son oncle pour l’amour d’une dame, épouse de ce dernier. Afin d’échapper à la cour, ils conviennent d’une ruse : la jeune femme se fait passer pour morte (Shakespeare n’a rien inventé en fin de compte). Cette oeuvre ne fait appel à la mythologie arthurienne qu’au début et à la fin de l’histoire, quand le roi Arthur, arbitre des conflits, fait une apparition pour rétablir l’équilibre du monde. Un vrai deus ex machina.
Bien sûr, on peut reprocher une certaine légèreté dans la construction de l’histoire, et le côté répétitif des épreuves imposées aux héros. Néanmoins, l’oeuvre de Chrétien de Troyes est atemporelle, car elle parle de prouesses et d’amour, deux choses que nous associons encore aujourd’hui.

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