Les promesses de l’ombre

Même si le titre ne vous rappelle rien, vous avez sans doute entendu parler de ce film, puisqu’il s’agit du dernier opus de David Cronenberg, qui réunit ici un casting de rêve – Viggo Mortensen, Vincent Cassel et Naomi Watts, entre autres. L’histoire est simple : une jeune femme d’origine russe décède en couches et la sage-femme qui a assisté à sa mort décide de retrouver à tout prix la famille du nouveau-né. Pour ce faire, elle décide d’utiliser le journal intime de la défunte mais, celui-ci étant rédigé en russe, elle se tourne vers des personnes peu recommandables pour en effectuer la traduction…
A première vue, il pourrait s’agir d’un énième film sur la mafia russe, le milieu en général et les luttes d’influences entre les différents cartels en particulier. Mais le réalisateur s’attache surtout à montrer l’humanité dans ce qu’elle a de plus intime, de plus douloureux, en ce qu’elle est de plus minable et méprisable. Cronenberg nous livre un formidable portrait d’un homme engagé dans une lutte de pouvoir, tant par ambition personnelle que pour sa survie ; d’une femme qui, sous prétexte de veiller sur un enfant, se risque en eaux troubles ; d’un autre homme aux prises avec l’autorité paternelle et l’affirmation de soi. Les héros ne sont pas reluisants, mais ils exercent une formidable attraction sur le spectateur : lequel échouera, lequel réussira dans cette quête personnelle ? Qu’est-ce qui les pousse réellement à avancer et à agir ?
Ce film, d’une grande violence physique et psychologique – la défunte qui raconte son calvaire, de son départ de Russie à sa grossesse, guide la narration – fait écho à la précédente réalisation de Cronenberg, à laquelle participait déjà Viggo Mortensen : A history of violence. Comme ce film, Les promesses de l’ombre traite la brutalité avec une sorte d’esthétisme, filme les corps maltraités avec fascination, avec amour presque, sans pour autant tomber dans le voyeurisme. La question de l’identité et de la rédemption – symbolisée ici par les tatouages sensés raconter la vie de celui qui les porte – est au coeur du film et est traitée avec beaucoup de finesse. Faut-il ne plus s’appartenir pour savoir qui l’on est ?
Un excellent film, donc, que je recommande à tous – encore que : âmes sensibles, s’abstenir ! A noter que Cronenberg pense à son public féminin en nous montrant Viggo Mortensen dans le plus simple appareil au cours d’une scène de combat en passe de devenir culte.


Je ne résiste pas à la tentation 😉

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