Après quelques ennuis techniques dus à une connexion internet pour le moins difficile, voici des nouvelles de notre périple. Hier et aujourd’hui, bravant les éléments (et les transports en commun), nous nous sommes rendues à Takayama, dans les Alpes japonaises (pas loin du Rhin japonais – non, vous ne rêvez pas, nous avons bel et bien eu une description de ce genre dans le train).
La ville est connue pour son centre ville ancien préservé, datant du début de l’époque d’Edo (1603-1867), notamment parce qu’elle s’est trouvée être le siège du gouvernement de la province. Grâce à la visite d’usage dans les vieilles ruelles et les boutiques à touristes (locaux, je précise), nous pouvons admirer certaines maisons, parfois immenses. De nombreuses distilleries de saké parsèment le chemin, et l’on peut les reconnaître à la boule de branches de cèdre au-dessus de la porte.
Nous nous sommes aussi rendues au Takayama-jinya, la demeure du gouverneur et, comme nous étions le Jour de la Culture (oui, ce genre de choses existe), l’entrée était gratuite. La demeure est immense et presque entièrement vide, mais on bénéficie d’une très belle vue sur les jardins intérieurs, dont les érables sont en train de rougir. Comme il est d’usage au Japon, la visite se fait… en chaussettes, avec les chaussures dans un sac plastique sous le bras, pour ne pas abîmer les couloirs en bois et les tatamis. Il suffit de prendre le coup, et l’on s’y fait. Le seul problème, c’est qu’en montagne, le sol est plutôt froid, surtout quand toutes les portes et fenêtres sont ouvertes pour procurer plus de lumière aux visiteurs.
A la tombée de la nuit (vers 17h, donc), les boutiques et les lieux historiques ferment, et il ne reste plus à nos deux touristes qu’à retourner au ryôkan (auberge traditionnelle) pour prendre un bain. Mais attention, il s’agit d’un onsen, bain traditionnel, alimenté ici par de l’eau de source chaude. Le principe est un peu le même qu’au hammam : hommes et femmes sont séparés, on se lave dans la partie appropriée et, une fois qu’on est bien propre, on se baigne dans l’eau chaude. Enfin, je me suis baignée. C’est très relaxant (et tellement crevant en fait, que j’ai systématiquement envie de dormir en sortant).
Ce matin, direction Hida no Sato, une reconstitution de village des montagnes locales japonais traditionnel. Afin de conserver le patrimoine architectural, de vieilles maisons typiques ont été déplacées ici et sont présentées au public. J’avais déjà visité les lieux il y a cinq ans lors de ma dernière expédition dans le coin, et ça donnait ça :
Aujourd’hui, le temps est plus clément, mais à force d’ôter et de remettre les chaussures pendant deux heures, on pourrait attraper un rhume. Les maisons sont très belles, et dans beaucoup d’entre elles, le foyer est allumé, non dans un but d’« authenticité », mais pour faciliter la conservation : la fumée chasse les nuisibles et garde le chaume et les cordes secs. Quelques courtes expositions retracent les activités des villages locaux (sériculture, coupe du bois, fêtes…) ou des savoir-faire traditionnels (fabrication des zôri, sandales de paille, tissage…). L’ensemble est à la fois distrayant et didactique.
Après deux grandes heures de balade, force est de constater que le froid gagne du terrain et qu’il serait temps de repartir. Une dernière promenade le long de la rivière où les carpes prennent le soleil et où une grue regarde l’eau couler, un dernier achat de souvenirs idiots, et nous sautons dans le train. Direction Kyôto !
Cela ne se verrait pas ici de faire les musées en chaussette