Samedi matin, je suis allée avec Ioionette et Miss CoCo (re)visiter le musée Gustave Moreau. Si je précise “re”, c’est parce que, si mes calculs sont exacts, je m’y suis déjà rendue une fois… il y a un peu plus de 22 ans. Oui.
Pourquoi ça ? Parce que cette année-là, j’étais scolarisée dans une école du 9ème arrondissement, dont dépend le musée, et que j’ai eu droit à une visite avec ma classe. Si je n’ai aucun souvenir des explications, je gardais l’image très nette d’un tableau – Promethée enchaîné se faisant dévorer le foie par un aigle – et rétrospectivement, je me demande si c’était une bonne idée de faire faire une visite pareille à des gamins d’à peine 10 ans..
A la fin de sa vie, Gustave Moreau, qui n’avait pas d’héritiers, a organisé son hôtel particulier en atelier-musée, choisissant l’accrochage et les oeuvres exposées. Je n’en suis pas certaine, mais je pense que rien n’a bougé depuis plus d’un siècle.
Vu que le rez-de-chaussée est dévolu à l’accueil (et certainement à l’administration), on démarre la visite au premier étage, qui servait d’appartement au peintre. Ce dernier a hérité la maison de ses parents (son père était architecte) et a changé en partie la disposition des pièces. Le niveau sert de “musée sentimental personnel”, où l’on retrouve les copies d’œuvres célèbres exécutées dans sa jeunes, les dessins dédicacés par des amis, mais aussi des photos de famille, des antiques et un boudoir consacré à la mémoire de son “amie et confidente”. Soyons francs, cet étage n’a pas particulièrement d’intérêt, sauf à vouloir s’immerger dans la psyché du peintre et à y passer un peu de temps (ce qui est compliqué car les lieux sont très étroits).
Le deuxième étage est… spectaculaire. Moreau l’a fait modifier pour le transformer en atelier, et le résultat est impressionnant : de grandes baies vitrées, un espace sans le moindre obstacle et… un superbe escalier qui mène au troisième étage et que je transplanterais bien dans mon appartement (comment ça, “y’a pas la place” ?).
Quant aux oeuvres, elles valent le détour. Elles sont de natures variées : des dessins d’une précision surprenante, des statuettes de cire, et beaucoup de toiles à des degrés d’achèvement divers. Moreau avait apparemment pour habitude de réaliser ses toiles avec ses sujets avant d’ajouter une foule de détails au moyen d’un fin pinceau. Quand l’oeuvre est achevée (parce que nous sommes dans un atelier d’artiste sur la fin de sa vie, donc c’est rarement le cas), le résultat est saisissant. Il faut avoir le nez presque collé à la toile pour les observer, mais c’est superbe.
Les sujets sont très divers : mythologie antique, féerie médiévale, scènes bibliques, Orient fantasmé… En revanche, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu des scènes de la vie quotidienne ou des natures mortes. Quelques paysages, mais assez peu.
Plusieurs choses ressortent de ce que j’ai pu lire des cartels (peu développés, malheureusement) : apparemment, le peintre avait un faible pour les éphèbes et les hommes bien bâtis (souvenez-vous, il avait une “amie et confidente” – jamais on ne parle de maîtresse…). En outre, je pense qu’il a été touché, de près ou de loin, par la vague de religiosité qui a gagné la France dans la seconde moitié du 19ème siècle – et illustrée par Zola dans sa trilogie des villes et, dans une moindre mesure, dans “La conquête de Plassans”.
Dans un autre ordre d’idée, il m’a semblé que Moreau établissait un pont avec le mouvement préraphaélite, quoique sans l’aspect “déclinons l’art sous toutes ses formes pour le rendre accessible au plus grand nombre” (au contraire, il faut pouvoir saisir la multitude de références dans chacune de ses œuvres). Le choix de ses sujets, la façon dont il les a traités… tout cela n’est pas rappeler le travail de Burne-Jones, notamment.
En outre, le peintre est “affilié” au mouvement symboliste, et je dois reconnaître que, si je n’y connais rien en peinture, cela m’a parlé au niveau littéraire. Devant certaines de ses œuvres, l’envie de citer un poème de Leconte de Lisle ou d’évoquer le souvenir d’une nouvelle de Villiers de l’Isle-Adam est assez prégnante. D’ailleurs, il est souvent fait référence à Joris-Karl Huysmans et à son principal roman, A rebours.
Au final, la visite est assez rapide. En prenant notre temps pour lire les cartels et scruter les œuvres, nous avons passé à peine plus d’une heure sur place. L’endroit vaut la peine d’être vu, au moins pour son magnifique atelier, mais les tableaux méritent un large détour. Enfin, c’est une visite peu onéreuse, ce qui est à souligner dans Paris : 5€ l’entrée en tarif plein, et votre billet peut être utilisé pendant huit jours dans un autre musée (liste disponible sur le site du musée).
Musée Gustave Moreau – 14, rue de La Rochefoucauld 75009 Paris. Ouvert du mercredi au lundi.
Héhé, j’ai presque la même chose à la maison !
Devant les regards vides des gens qui nous demandaient “Mais vous êtes qui l’un par rapport à l’autres ?”, avec “ma génération” nous avons opter pour “L’édit familial de 2007” qui simplifie le tableau d’ensemble :
> Mes frères, demi-frères, soeurs, 1/4 de frères etc. sont mes frères et soeurs
> Les fils de la 1/2 soeur de ma belle mère (oui hein ?) sont devenus mes cousins (faut dire qu’on est parti en vacances pendant de longues années)
Et tout le monde est content ! <3
Je me demande si ton commentaire a atterri sur le bon article… Je le déplace ?