J’ai débuté 2020… malade comme un chien. Quinze jours d’une bonne grosse crève qui ont culminé par trois jours de perte d’odorat, une première depuis au moins dix ans. Si ces symptômes vous disent quelque chose… à moi aussi. Je pense avoir eu le Covid-19, mais le test antigénique pratiqué en août estime que non, donc c’est la grande inconnue.
Pourtant, 2020 ne s’annonçait pas trop mal : j’allais enfin être payée, j’avais du boulot assuré au moins jusqu’en octobre, la Crevette allait faire sa rentrée chez les grands et le Paprika sa rentrée tout court, on avait plein de voyages prévus (Portugal, Italie, Japon…), mon nouveau roman allait sortir après un hiatus de plus de cinq ans, ma vie culturelle et sociale allait reprendre (énormément de boulot en novembre/décembre et des déplacements très restreints par les grèves et les manifestations).
Et puis, bon, on le sait, tout a déraillé. Je vais essayer de faire un petit bilan positif / négatif, sachant que la deuxième catégorie est sans doute plus largement représentée
- Avec le confinement, j’ai fait d’énormes progrès en cuisine, notamment en pâtisserie / boulangerie. J’ai fait du pain, des buns à burger, des brioches (et des babkas), des cookies, des gâteaux, j’ai testé plein de nouvelles recettes, je me suis pris la tête pour nourrir tout le monde quatre fois par jour, sept jours sur sept, j’ai été effarée devant la quantité abyssale de yaourts engloutis par les enfants, j’ai planifié mes courses sur dix jours. Jamais je n’ai été aussi heureuse de m’être fait offrir un KitchenAid un an plus tôt. Ca m’a littéralement sauvé la vie.
- J’ai été payée de beaucoup de trucs au tout début du confinement, ce qui m’a permis (et me permet encore) de faire face à la situation beaucoup plus instable depuis.
- Grâce à mon réseau, j’ai pu avoir de nouvelles opportunités de travail quand mon planning s’est cassé la figure sans prévenir. Bon, ce n’est pas encore à la hauteur de ce qui était prévu, mais j’ai sacrément limité la casse.
- Si la sortie de mon nouveau roman est repoussée à demain (gniiii), j’ai repris la plume : pour le tome 2 de cette nouvelle série, mais aussi pour une petite enquête pour animer le compte Instagram de la marque de vêtements Bleu Tango, ce dont je suis très heureuse et fière.
- Je continue sur ma lancée éthique et plus respectueuse des ressources, à mon rythme et selon mes capacités, parfois très limitées. Cette année, j’ai reprisé des vêtements, fait réparer une demi-douzaine de jeans par une pro, investi dans la mode éthique (pour les enfants et moi, et en orientant l’Anglais vers une nouvelle marque de jeans), cuisiné local et de saison, soutenu mes petits commerçants (en particulier ma librairie). Bon, j’ai aussi commandé sur Amazon et acheté des tonnes de trucs suremballés, hein.
- Malgré des tensions inévitables, surtout quand on est confinés dans un appartement avec deux enfants en bas âge dont un très remuant, et qu’on paie ensuite l’effet cocotte-minute, l’Anglais et moi avons tenu le choc. Il a été très présent quand ça n’allait pas de mon côté. Il m’a épaulée, soutenue, poussée quand il le fallait, et a presque toujours su trouver les mots.
- Les enfants n’ont pas toujours été faciles à vivre, j’ai beaucoup perdu patience, pas mal pleuré, mais j’ai aussi apprécié leurs progrès et leurs efforts. L’année n’a pas été tendre pour eux non plus, et ils n’ont pas forcément les mots ou les outils pour s’approprier ce vécu.
- Côté boulot, c’est très calme. Tellement calme qu’à partir de la mi-janvier, ce sera le désert. J’ai des projets (démarchage, création de mon statut d’autoentrepreneuse, candidatures diverses), mais leur réalisation va me demander quand même pas mal d’efforts, notamment parce que je déteste 1/ quémander 2/ gérer l’administratif.
- Ma vie sociale et culturelle me manque atrocement. 2020 a été une année blanche sur le plan culturel (à l’exception d’un opéra adapté pour les enfants avec la Crevette), ce qui ne m’était pas arrivé depuis… euh… 2006, peut-être ? La déprime absolue. Tous les spectacles que je devais voir à l’opéra ont été annulés par les grèves mais surtout par les confinements divers, je ne suis pas allée au musée, quasiment pas au cinéma (je ne sais même plus ce que j’ai vu). J’ai franchi une étape que je retardais depuis longtemps : j’ai résilié ma carte UGC à la fin de l’été. Tant qu’à aller au ciné une fois tous les 6 mois, autant payer plein pot.
Et puis on a beau avancer que l’offre culturelle s’est démultipliée sur Internet, j’avoue que ça ne me concerne pas : j’ai regardé un opéra, le début d’une pièce de théâtre, un petit concert, et c’est tout. L’émotion n’est pas la même, et je n’arrive pas à accorder la même attention aux interprètes. Même la lecture fut compliquée, entre découvertes sublimes et énormes passages à vide. - Je rêve, sans doute comme beaucoup de gens, de retrouver mes copines pour boire un coup ou déjeuner, de recevoir des amis à la maison, d’improviser une sortie en amoureux… Si on s’est tous rattrapés cet été, depuis octobre c’est vraiment la lose, et ça risque de durer jusqu’au printemps. S’il reste des restaurants et des bars à la fin, bien entendu.
J’ai envie de retourner à la piscine plutôt que d’essayer de faire du yoga toute seule devant mon ordi, coincée entre mon lit et la fenêtre.
En guise de mot de la fin, je crois néanmoins que je ne suis vraiment pas à plaindre malgré une année 2020 dont j’ai l’impression qu’elle m’a passée à l’essoreuse : j’ai encore du boulot même si ça demande des efforts de zénitude en ce moment, j’ai des projets enthousiasmants à différents stades de concrétisation, j’ai un entourage familial, amical, social solide et aimant, suffisamment de ressource intérieure pour m’évader quand le besoin s’en fait sentir.
Mais par prudence, je vais quand même m’écrier “Jumanji !” quand sonnera minuit, histoire d’être bien certaine que cette année 2020 est enterrée.