Après les événements qui se sont déroulés dans Captain America : Civil War, T’Challa revient chez lui prendre sa place sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu’un vieil ennemi resurgit, le courage de T’Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu’en tant que Black Panther. Il se retrouve entraîné dans un conflit qui menace non seulement le destin du Wakanda, mais celui du monde entier…
On a beaucoup parlé de ce film, non pas tant parce que c’est un nouvel énième épisode du Marvel Cinematic Universe, mais parce qu’il s’agit du premier super-héros noir porté à l’écran avec un tel budget et une telle universalité (il y a aussi les cas de Shaft et Hancock mais ne maîtrisant pas le sujet, je vais m’en tenir là). On a également beaucoup insisté sur le fait que la quasi totalité du casting était noire, de même que l’équipe de réalisation et les équipes techniques (costumes, musique…). Soit. Mais sinon, ça donne quoi ?
Franchement, le travail sur l’univers est incroyable. C’est cohérent visuellement, la culture wakandienne (on dit comme ça en français ?) est extrêmement bien développée, avec sa langue, ses croyances, ses failles, ses traditions… Même si une partie de l’univers a été développée dans les comics, il faut reconnaître que ça claque et qu’à aucun moment on n’a d’impression d’artificialité. L’immense force de cet univers culturel, c’est l’absence total d’emprunt à la culture européenne : tout se fonde sur des influences africaines et (peut-être ?) afro-caribéennes. Les personnages – en anglais, du moins – parlent avec un accent africain, ce qui est cohérent (l’acteur principal a lui-même fait remarquer que son personnage ne pouvait faire autrement, vu qu’il était issu d’une culture très avancée et n’avait pas été éduqué ailleurs que dans son pays).
L’histoire ne propose pas, pour une fois, un “comment le héros est devenu héros” mais un “comment le héros va-t-il rester le héros”. Opposé à un méchant à la fois brutal et touchant, il va devoir puiser en lui-même et remettre en cause une partie de ses convictions.
Il y a également l’immense questionnement qui relève de la nature même du Wakanda : faut-il continuer à se cacher ou aller aider les autres peuples noirs dominés / mal protégés par les blancs, anciens colons ? La question a le mérite de ne pas être traitée de façon manichéenne.
Toutefois, il s’agit d’un film de super-héros, et j’avoue m’être parfois ennuyée… 2h15, même en évitant trop de scènes de baston ou en rendant celles-ci plus intéressantes (les Wakandiens trouvent les armes à feu trop primitives), ça reste long. Certaines scènes sont clairement tournées pour la 3D et quand, comme moi, on a horreur de ça, ça peut laisser froid. Et puis il y a un sacré grand écart entre la lumière naturelle de certaines scènes et celle retravaillée en studio dans des scènes “d’extérieur”.
Non, la grande force de ce film, ce sont ses personnages féminins. Portées par des interprètes de talent (Lupita Nyong’o, Angela Basset, Danai Gurira…), les femmes qui gravitent autour de Black Panther / T’Challa sont clairement ce que l’histoire apporte de plus intéressant. Entre la petite soeur génie des sciences, la générale entièrement dévouée à son devoir, qui réagit en militaire et non en femme/homme, la fiancée qui a une vie en dehors de son mec et, surtout, ne lui sert pas de faire-valoir, ce film est une vraie bouffée d’air frais. Pour un peu, j’aurais voulu en apprendre davantage sur elles que sur le héros et ses questionnements.
Au bout du compte, ce film m’a beaucoup plu, malgré ses défauts inhérents de “film de super-héros avec de la baston”. Pour une analyse plus fine, je vous renvoie à la chronique du Fossoyeur de Films dans laquelle je me suis beaucoup retrouvée.