Dimanche, l’Anglais et moi sommes enfin allés voir le dernier film de Ridley Scott dont on a tant parlé lors du festival de Cannes. J’avoue que nous y allions en sachant que nous serions déçus quoiqu’il arrive, d’autant que la bande-annonce nous avait fait redouter le pire par rapport au scénario. Et bien nous avons eu raison : c’était pire.
XIIème siècle. Après dix années passées à faire la guerre dans l’armée de Richard Coeur de Lion, Robin Longstride, archer, retourne en Angleterre en se faisant passer pour Robert Loxley. Après un arrêt à la cour (je ne peux pas trop en dire), il se rend sur les terres de Loxley, pour remettre un message au père et à l’épouse de celui dont il a usurpé l’identité. Malgré lui, il va se retrouver lié à ces terres et aux habitants.
J’évite de trop en dire, mais après tout, tout le monde connaît à peu près les personnages du mythe de Robin des Bois. En l’occurrence, j’ai été abasourdie par la platitude du scénario, digne d’un roman harlequin – le héros qui dort par terre dans la chambre de l’héroïne, les changements d’identité – ou complètement incompatible avec l’état d’esprit d’un personnage médiéval – “Nous voulons la liberté pour tous !” Bah voyons.
Le problème de Ridley Scott, qu’on trouvait déjà dans Gladiator – ah, le sénateur romain qui s’exclame “Mais César, nous sommes le peuple !” – et dans Kingdom of Heaven – Nous nous battrons tous, chevaliers ou pas – c’est qu’il tient absolument à faire passer un énorme message de “paix, amour, fraternité entre les peuples et mort aux tyrans” dans la bouche de ses héros, alors que c’est généralement incompatible avec l’environnement qu’il leur choisit.
Sinon, je n’ai pas trop compris l’histoire des orphelins du village qui partent vivre dans la forêt, qui ne parlent jamais, et dont la présence rappelle très fortement celle des “monstres” dans Le village de Shyamalan. A un moment donné, ces orphelins – qui pillent pour manger – débarquent d’on sait où montés sur des petits chevaux… On nage en plein délire.
D’un point de vue historique, alors là… Je sais que je vais faire ma râleuse, et que certains trouveront peut-être cela totalement snob, mais c’est pas grave, j’ai envie. Ne serait-ce que parce que l’un des arguments marketing majeurs reposait sur l’historicité voulue par Ridley Scott. Ah bah bien sûr. Nous sommes en plein XIIème siècle, mais les costumes ressemblent pour beaucoup à des costumes XVème – ne parlons pas de la cour, où c’est un joyeux mélange de pseudo-médiéval, de Tudor et de byzantin – Lady Marianne est une femme mariée mais elle se promène cheveux lâchés dans le dos, on joue au luth des airs qui ressemblent fortement à une chanson des années 80…
Sinon, le bon sens semble avoir manqué quelque part : les Français tentent de débarquer sur une plage cernée par des falaises, le roi de France dans sa nef sur une mer assez agitée porte un lourd manteau de velours fleurdelysé (!), les rois ont droit à une cotte de maille dorée (!!), on brûle le corps d’un chrétien alors qu’il n’y a ni maladie ni vengeance… Je pense que je pourrais en citer encore.
En d’autres termes, au-delà de la franche partie de rigolade (parce que vient un moment où il faut prendre tout ça au second degré), je me suis sérieusement ennuyée, et j’ai trouvé que ce film ne valait pas les éloges qu’il avait reçus. Tant qu’à se faire un film historique de Ridley Scott, autant choisir Kingdom of Heaven, c’est mieux.
Merci pour ce pur moment de douce rigolade (et l’économie ainsi faite de 8,50$ – canadiens, mais quand même !).
Ouais donc en gros, c’est gladiator dans la forêt. Et avec un arc.