Un article aux sonorités japonaises – sous tous les sens du terme – pour vous parler de mon escapade à l’Opéra hier soir. Sur les conseils de Lou qui l’avait vu la semaine dernière, je me suis offert, un peu sur un coup de tête, une place pour aller voir le ballet contemporain Kaguyahime, chorégraphié par Jiri Kyllian, à Bastille.
L’histoire est inspirée d’une légende populaire au Japon – la première histoire en prose japonaise, datée du Xème siècle – connue sous le nom du Conte du coupeur de bambous. Il était une fois un couple de gens âgés qui n’avaient pas d’enfant et vivaient modestement. Un jour, l’homme, parti couper des bambous, découvrit dans un bambou une petite fille à la beauté remarquable, à qui l’on donna le nom de Nayotake no Kaguhime, “Claire demoiselle des bambous graciles”. Mais sa beauté attirait les prétendants, qu’elle éconduisit tous. Loin de se calmer, les prétendants déclenchèrent une guerre, que seule l’intervention de l’empereur permit de faire cesser. Ce dernier succomba également au charme de Kaguyahime, mais celle-ci lui révéla sa vraie nature : habitante de la lune, elle n’était sur terre que par accident, et repartirait à la prochaine pleine lune. L’empereur la fit enfermer pour qu’une telle chose n’arrive pas, mais toutes ses précautions ne servirent à rien, et la jeune fille repartit vers la lune comme annoncé.
Pour tous ceux qui trouvent ma narration brouillonne, ou qui voudraient avoir une approche plus littéraire, vous pouvez lire Le conte du coupeur de bambous de Tanizaki Jun.ichiro, édité chez Folio 2€. Oui, je fais de la pub éhontément, et je ne suis même pas payée pour ça, mais Tanizaki est mon auteur japonais préféré.
Le ballet se déroule sur une musique presque exclusivement composée de percussions. L’ensemble Kodô, spécialisé dans les performances de percussions japonaises, et un ensemble de percussionnistes “classiques”, composé de différents interprètes d’univers différents. A cela s’ajoutent trois interprètes de gagaku, la musique japonaise de cour, très particulière, car totalement différente de ce dont notre oreille occidentale a l’habitude. Ici, les instruments étaient l’orgue à bouche, la flûte et un petit hautbois.
La danse présente les tableaux successifs : l’arrivée de Kaguyahime, ses prétendants, la guerre, l’empereur… D’abord très lent, le rythme gagne en puissance, pour atteindre deux sommets : le combat entre les prétendants à la fin du premier acte, et la guerre au début du second. L’intensité des percussions, la force de l’interprétation des musiciens, le spectacle tant sur scène que dans la fosse d’orchestre… tout cela m’a un peu fait oublier les danseurs, je l’avoue, alors même qu’ils étaient remarquables.
Quoiqu’il en soit, si vous aimez la danse contemporaine, le Japon ou les percussions, ou même tout cela à la fois, n’hésitez pas à y aller, le spectacle dure jusqu’au 15 juillet.