Le jour où j’ai remis Nietzsche en question

Avertissement : je n’ai aucune prétention à faire une explication de texte de Nietzsche (pour tout vous dire, je n’ai toujours pas compris comment j’ai fait pour ramasser un 10/20 à l’épreuve de philo au bac…). Bien entendu, je m’inspire de sa célèbre phrase “Dieu est mort” (qui n’est pas complète) et de ce que cela signifie pour moi.


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Je suis issue d’une famille mixte : ma mère est catho sur le papier, mais rien du tout en réalité, mon père est juif (et je le soupçonne d’être croyant), mon demi-frère est orthodoxe. J’ai reçu une éducation absolument pas religieuse : je ne suis jamais allée au catéchisme, j’ai vaguement essayé le talmud sans conviction, et je ne me suis pas franchement intéressée au reste.
Je ne me suis jamais vraiment sentie concernée par la question, ou plutôt, j’aurais bien aimé me sentir concernée, mais je n’y parvenais pas. A plusieurs reprises, je me souviens avoir prié (sans conviction) pour avoir la foi. Autant dire que la réponse n’est pas venue !

Lorsque l’Anglais m’a demandée en mariage, nous avons décidé d’avoir une cérémonie religieuse, eu égard à ses croyances – monsieur est protestant. Nous avons pris contact avec un(e) pasteur, qui nous a invités à la rencontrer à l’issue d’un culte (c’est comme ça qu’on appelle la messe chez eux).
Ce jour-là, il s’est passé quelque chose de très bizarre. En plein milieu du service (c’était pendant la lecture de la Bible), un truc m’est littéralement tombé dessus : la certitude que Dieu existait. C’était comme si une immense vague de chaleur montait en moi et m’enveloppait. En même temps, j’étais parcourue de frissons et j’avais envie de pleurer – c’était une expérience à la fois spirituelle, émotionnelle et physique.
J’ai mis une bonne dizaine de jours à m’en remettre. Chez mon psy, j’en pleurais toutes les larmes de mon corps (“Mais vous vous rendez compte, je crois en Dieu, c’est atroce, ça remet tout en cause !” “Oui, ou pas”). Je n’ai même pas osé l’avouer à l’Anglais tout de suite tellement j’étais secouée. Pensez donc, après 27 ans à être convaincue du contraire…

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Et puis les choses ont commencé à se tasser. J’ai commencé à m’interroger sur cette foi tout juste découverte, ce qu’elle recouvrait et ce que j’allais en faire.
Alors que ma “révélation” avait eu lieu au cours d’une célébration chrétienne, je me suis rendu compte que le message du Christ me passait complètement au-dessus. Oui. Je sais. C’est un peu n’importe quoi.
En fait, je crois que ma vision est un peu influencée par mon côté juif : j’ai plus l’idée d’un Dieu unique tout-puissant, jaloux, vengeur et distant que d’un dieu tout d’amour et de douceur. Contrairement à beaucoup de gens croyants, je n’ai pas la conviction que “Dieu m’aime”, juste qu’il existe. D’ailleurs je ne dis même pas que je prie pour quelqu’un, simplement que je pense à lui de tout mon cœur.
Dieu nous a-t-il créés ? Je n’en sais rien et, en fait, ça ne m’intéresse pas de le savoir (indice : je crois à la théorie de l’évolution). Y a-t-il un enfer, un paradis ? Euh… bonne question, on verra le moment venu, hein. Et la notion de péché ? Ah ne me lancez pas sur le sujet, je vais devenir vulgaire. Et le libre-arbitre dans tout ça ? Voilà bien une chose dont je ne doute pas : c’est que nous conservons notre libre-arbitre et que Dieu n’a pas de plan tripartite tout tracé.

Vous me direz : ça te fait une belle jambe, mais à quoi ça sert ? La réponse est très complexe mais, concrètement, ça me donne une sorte d’ancrage. Je n’y pense pas tous les jours, généralement pas pendant des semaines, mais je trouve cette conviction étrangement réconfortante.
Après, je suis fondamentalement républicaine et viscéralement attachée à la laïcité : à mes yeux, la religion fait partie de l’intime et, à ce titre, n’a certainement pas lieu d’être déballée en place publique. Si j’en fais mention ici, c’est justement parce que, même ouvert à tous, ce blog est le reflet (incomplet, certes) de ce que je pense et vis. Il est hors de question de faire du prosélytisme et cet article n’appelle pas de commentaires de ce genre.
Mais j’avais juste envie d’en parler. Parce que ça a tout changé sans rien changer.

3 thoughts on “Le jour où j’ai remis Nietzsche en question”

  1. Preuve que la philo est formatée à max, je me suis récolté un 12 absolument pas représentatif de mes piètres capacités de réflexion.

    En tout cas, je suis impressionnée par ce post, qui aborde un sujet si complexe, en peu de mots, mais tous précis et porteurs de sens. Ton expérience est parfaitement claire.

    Pour ma part, je suis athée, mais pas sceptique. J’ai vécu une drôle d’expérience proche du mystique (avec la bouffée d’émotions, tout ça) à mon premier et unique cours de yoga. Très étrange.
    Pendant mes années d’adolescence, je “croyais” en l’existence d’un être supérieur qui nous aurait plus ou moins créés mais qui aurait oublié notre existence tant nous sommes insignifiants et pathétiques. Aujourd’hui, je crois toujours à la deuxième partie de cette phrase.
    Du coup, quand ma famille me disait par tic de langage qu’il fallait prier pour telle ou telle chose, je ne le faisais pas : comment mes pauvres petites prières pourraient-elles atteindre cet être supérieur et signifier quelque chose pour lui ??

    Et conclusion : ta psy sait relativiser, c’est le moins qu’on puisse dire.

  2. Merci pour ton commentaire. C’était difficile de mettre des mots là-dessus, d’autant que la religion touche vraiment à l’intime dans notre culture, et que je ne veux surtout pas donner l’impression d’être confite en dévotion.
    Quant à ma psy, un jour je reviendrai sur le sujet, mais ça fait bientôt dix ans que je la fréquente, alors elle commence à avoir l’habitude !

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