En ce moment, peut-être à cause de la pandémie, peut-être parce que, pour la première fois depuis deux ans, je n’ai pas de gros compte à rebours dans la tête, peut-être parce que je sens la quarantaine approcher… je m’interroge beaucoup sur ce que serait ma vie si…
- Si j’avais fait les démarches pour acquérir la nationalité canadienne avant d’être majeure (ou si mon père s’en était chargé, tiens).
- Si j’avais osé décrocher mon téléphone pour ce job d’indexation aux Beaux-Arts qui n’attendait que moi.
- Si j’avais appris à bouger et à sentir mon corps, littéralement (j’y reviendrai sans doute un jour).
- Si j’avais fini mes études : le japonais jusqu’au master, le doctorat, peut-être. Et s’il m’en était resté quelque chose.
- Si j’étais restée ou retournée vivre au Japon après mon séjour.
- Si, d’une manière générale, j’avais osé me défaire de certaines convictions que je gardais chevillées au corps.
- Surtout, si j’avais cessé de prendre des chemins de traverse ou de choisir l’option facile.
Paradoxalement, je sais que, à l’instant T, je suis dans une situation qui me convient, me plaît et me correspond : je suis mariée à l’homme que j’aime, nous avons deux enfants avec qui c’est pas rigolo tous les jours mais qui sont quand même très mignons, je travaille dans un domaine qui me plaît, nous bénéficions d’une certaine stabilité financière, j’ai normalement une vie culturelle riche… Mais depuis quelques mois, la vague monte. Et j’ignore pourquoi.
Il m’arrive de me dire “et si” mais en fait je vais bien plus souvent à la case suivante “j’aurais du”. Quand je ne suis pas trop dans le fond, j’arrive à prendre ce recul nécessaire et me dire “si j’avais fait ça, je n’aurais sans doute pas vécu ça, rencontré telle personne ou vu telle chose”. Quand je ne suis pas dans un bon jour (ou alors tout simplement le soir juste avant de dormir), je n’ai que le “j’aurai du” qui me trotte en tête. Je suis assez éloignée de l’image que je me faisais de moi à cet âge, des choses que je pensais avoir vécu. Je suis bourrée de regrets, d’angoisses et d’insatisfaction. Et en même temps, paradoxalement, je pense qu’au fond celle que je suis aujourd’hui est différente mais raccord avec celle que j’étais et que je voulais être.
Je pense que le fait d’avoir du temps – surtout quand on en a manqué 😉 fait sortir ce genre de réflexion. Mais je pense aussi que la situation actuelle n’est pas étrangère à ces interrogations.
(je t’ai déjà parlé de ce que j’appelle mes “vies imaginaires” ?)
Les “vies imaginaires”, j’en ai plein aussi ! Qu’est-ce qui serait arrivé si j’avais bifurqué à tel ou tel endroit ?
Personnellement, je pense que la période invite beaucoup trop à l’introspection, et pas forcément de façon consutructive.
Tout à fait d’accord, introspection un peu trop profonde je dirais: on remue beaucoup mais au bout d’un moment lorsque tu remues trop tu n’en tires pas forcement quelque chose.
C’est marrant, moi le “what if” m’est passé et je suis à peu près en paix avec ma vie telle qu’elle est à l’heure actuelle. Je crois que je n’aurais pas voulu vivre ce merdier avec d’autres personnes et dans d’autres circonstances, j’ai conscience d’être très bien entourée et d’être bien là où je suis. Par contre, je me suis posée énormément de questions pendant les 3 années qui ont précédé, donc je comprends ce que vous ressentez. Bisous à vous deux <3
@isa ♥
au moins, j’ai toujours été raccord avec moi-même et je pense que c’est ce qui peut me conduire à une sérénité vis à vis du “et si ?” Hâte d’y être 😉
Parfois je regrette des choses dans ma vie, mais après deux secondes de réflexion ces regrets s’envolent ! Si j’étais devenue actrice ou costumière comme j’en rêvais plus jeune, je n’aurais jamais écrit de romans. Si je n’étais pas partie en Belgique pour suivre mon ex le psychopathe, je ne vivrais pas ici aujourd’hui, et je n’aurais pas rencontré mon monsieur Parfait !