La semaine dernière, alors que nous étions au téléphone, l’Anglais est passé devant une affiche pour un spectacle au théâtre : “Tiens, Aucassin et Nicolette, un chantefable du 13ème siècle, ça te tente ?”. Sachant que c’est par cette oeuvre que je suis venue à la littérature médiévale – je l’ai découverte par l’intermédiaire de ma petite soeur, qui l’étudiait à l’école primaire – et que je l’ai lue un certain nombre de fois, j’ai dit banco.
Pour être honnête, j’étais très curieuse de savoir comment le texte serait adapté car, pour moi, c’est une oeuvre difficile à envisager autrement que par l’écrit – et ce d’autant plus que la metteuse en scène proposait sa traduction. Je n’ai pas du tout été déçue.
Aucassin et Nicolette raconte l’histoire de deux jeunes gens, le fils du comte de Beaucaire, et la filleule d’un vicomte local, ancienne captive sarrasine. Ils sont amoureux, mais leurs parents sont contre leur union car elle représenterait une grave mésalliance pour Aucassin. Après avoir enduré l’enfermement, ils s’enfuient jusqu’à trouver le moyen d’être ensemble et de se marier.
Le texte original mêle récit parlé et chant (ce qui est précisé dans toutes les éditions du texte). Toutefois, comme la musique ne nous est pas parvenue, il est assez difficile de s’imaginer ces différentes parties. C’est pourtant ainsi qu’est constitué le spectacle, et ça fonctionne.
Sur scène, les deux comédiens parlent, exposent la situation, avant d’interpréter les personnages. Les deux héros sont joués par Stéphanie Gagneux qui, selon le côté où elle se tourne et les accessoires qu’elle arbore, change de personnalité, de voix, de carrure… L’autre acteur, Brock, prend en charge tous les personnages secondaires, sautant hardiment d’un accent à l’autre, ainsi que certains bruitages – mention spéciale à l’imitation de la vièle à roue, où l’Anglais et moi riions aux larmes tellement ça rappelait une veillée de campement médiéval.
Car là est l’autre force du spectacle : avec peu de moyens, mais avec des bruitages parfaitement bien trouvés, quelques instruments de musique et deux-trois accessoires, les acteurs parviennent à faire vivre toute une galerie de personnages, à raconter l’histoire sans faiblir, nous faisant passer du rire à l’émotion, dans la plus pure tradition du théâtre de rue. Alors que j’avais toujours envisager l’oeuvre au premier degré, je m’aperçois qu’on l’aurait très certainement racontée de cette façon à l’époque médiévale.
Au final, il faut y aller! Courez-y, c’est un excellent moment à passer, dans une petite salle intimiste où vous aurez l’impression de pouvoir toucher les comédiens. En outre, jusqu’à dimanche, les places sont à 35% de réduction.
Aucassin et Nicolette, Théâtre de poche Montparnasse.
Du mardi au samedi, à 19h, le dimanche à 17h30.
Places de 10 à 24€