Jeudi soir, pour mon anniversaire, Monsieur m’a emmenée dîner dans un très bon restaurant. Mais il ne s’agissait que – si j’ose dire – de l’apéritif, car il m’a ensuite annoncé la nature de mon “vrai” cadeau : un saut en parachute, programmé pour… le surlendemain !
Même si je n’en parle pas vraiment, j’ai toujours rêvé de sauter en parachute (et à l’élastique, aussi). Contrairement à certaines personnes qui ont le vertige, j’éprouve l’appel du vide et me trouver en haut d’un building, de préférence en extérieur, me grise. Autant dire que l’Anglais avait tapé dans le mille.
Pendant les 36h qui ont précédé, je suis restée d’un calme olympien. Chaque fois qu’on me demandait si j’avais peur, je répondais (avec sincérité) que non, pas du tout. J’ai même dormi comme un bébé la veille.
Nous nous sommes rendus à l’aérodrome de Péronne, dans la Somme, par un matin assez frais et couvert. Passées les diverses formalités – certificat médical, paiement du solde, explications diverses – commence… l’attente. En effet, il faut patienter jusqu’à qu’on nous appelle. Du coup, nous nous sommes repliés à la buvette, d’où nous avons même pu voir les premiers sauteurs décoller… et revenir à terre, nous gratifiant d’un ballet aérien coloré.
Vient donc mon tour. Pour ceux qui se demandent, on saute en tandem, c’est-à-dire, attaché à un professionnel. On est sanglé dans un harnais des cuisses aux épaules et, une fois que tout est serré, j’aime autant dire qu’on est un peu comme à la parade.
C’est enfin le départ ! On gagne l’avion sur fond de Take my breath away qui va nous emmener tout là-haut, à 4.000m d’altitude : c’est un petit coucou dans lequel on s’entasse littéralement les uns sur les autres. Relégués tout au fond, mon binôme et moi avons le temps de voir chacun s’installer comme il peut (impossible de se tenir debout, l’avion n’est pas prévu pour ça, on est assis par terre). On ferme l’abattant le volet en plexiglas et… en route !
On monte, on monte… c’est un décollage tout ce qu’il y a de plus normal, je dois même me déboucher les oreilles à deux reprises. Plus on s’élève, plus le paysage est beau, plus j’ai le sourire. On franchit la couche nuageuse et, comme me l’avait promis Alexandre, mon sauteur, la lumière est superbe. J’éprouve une sorte de vertige exalté, et la réalité s’insinue enfin dans ma tête : ça y est, je vais sauter !
L’avion est à l’horizontale, il décélère… Ce sont les tout derniers préparatifs : je suis définitivement reliée à mon binôme, mes lunettes sont plaquées sur mon visage, le voyant passe au vert…
De ma position, je vois tout : les photographes qui sortent avant leur groupe et patientent accrochés à la carlingue, les départs qui s’enchaînent, l’air parfois crispé de certains dont c’est, comme moi, le premier saut… J’ai beau passer en avant-dernière position sur une quinzaine de tandems ou de singletons, je n’ai pas du tout le temps de réfléchir.
Et nous y voici, les pieds dans le vide, le monde 4000m plus bas… J’adopte la position recommandée par Alex, et nous basculons. Ces deux-trois secondes où mon univers s’est littéralement renversé m’ont arraché un cri – de réflexe plus que d’angoisse – puis c’est parti pour 50 secondes de chute vertigineuse à 200km/h. C’est sublime.
Le vent me fouette le visage, mes mains me font mal tellement j’ai froid, et pourtant… c’est une des plus belles expériences de ma vie. Et c’est trop court. Déjà, nous traversons les nuages, la voilure s’ouvre, l’allure ralentit d’un coup.
Et là, c’est le drame : je continue à regarder en bas, à me régaler du paysage, quand soudain… la nausée ! Punaise, je n’ai pas eu peur, je suis restée calme et limite impassible tout du long (à part l’énorme sourire quand on a commencé à monter) et il faut que j’attrape le mal des transports à quelques secondes de l’arrivée. Car le secret, c’était de regarder l’horizon, chose à laquelle je n’ai pas pensé.
C’est donc très blanche et un peu sonnée que j’atterris, il faut même qu’on m’aide à me tenir debout car j’ai les jambes en coton. Mademoiselle se précipite vers moi dès qu’elle le peut. Moi, j’ai besoin d’un coca pour me remettre de mes émotions.
Je ne dirait qu’un mot : encore ! La prochaine fois, promis, je regarderai droit devant moi.
PS : si vous vous posez la question, je n’ai pas pris le forfait photo/vidéo (cher parce qu’il implique un sauteur supplémentaire) car je voulais surtout vivre la chose à fond. Tous les clichés qui illustrent cet article sont l’oeuvre de Monsieur, dont je vous conseille d’aller voir le blog.