Vendredi dernier, j’ai enfin rencontré Elanor en vrai, et nous avions décidé de visiter l’exposition dédiée à Fragonard, actuellement au Musée du Luxembourg. Celui-ci a choisi l’angle le plus connu et le plus léger de l’oeuvre du peintre, celle de sa peinture libertine et érotique.
Selon une progression chronologique assez logique, l’exposition propose de suivre l’évolution du style de “Frago” depuis le milieu du 18ème siècle jusqu’au Directoire. Après les influences de la littérature précieuse et galante ainsi que de Watteau et Boucher, caractérisées par des scènes pastorales ou mythologiques, le peintre se tourne peu à peu vers des représentations très inspirées des libertins, pour finir sa carrière sur une sorte de revirement où l’allégorie remplace l’explicite et où les couples amoureux deviennent légitimes, suivant l’évolution de la sensibilité générale (“invention” de l’amour conjugal, retour du naturel…).
Les œuvres présentées sont essentiellement des peintures, mais on trouve d’autres supports, comme des dessins et des gravures (certaines illustrant des romans licencieux). Des artistes qui ont travaillé avec Fragonard, ou qui ont pu l’inspirer sont également mis à l’honneur, en particulier Pierre-Antoine Baudouin, un peintre de miniatures.
J’ai beaucoup apprécié cette exposition. Légère, colorée, coquine… elle a tout pour plaire. Fragonard peint à merveille l’échauffement des sens, l’abandon, l’emportement. Au-delà de ça, on prend plaisir à guetter le détail, scruter les paysages et les intérieurs (les scènes galantes de la fin du 18ème siècle sont parfaites pour cela), à se délecter des témoignages d’une époque dont les élites prônaient une forme d’insouciance et de liberté de mœurs.
Petit bémol : comme souvent avec ce genre d’événements très médiatisés, et alors que l’espace est assez étroit, nous avons dû faire face à quelques attroupements devant les oeuvres les plus célèbres, qui parfois cumulaient groupe et audioguide. En revanche, comme toujours, j’ai beaucoup apprécié la boutique du musée, qui proposait, outre les cartes postales et les housses de coussin brodées désormais traditionnelles, une sélection de livres en rapport avec l’exposition, notamment des ouvrages libertins, que j’empilais sans m’arrêter dans mes bras. J’ai été sage, je n’en ai finalement pris que trois petits.
Quoi qu’il en soit, si vous avez besoin de bonheur, de couleurs et d’insouciance (et je crois qu’en ce moment, nous en avons tous besoin), allez voir Fragonard, c’est bon pour le moral.