Astérix – Le secret de la potion magique

À la suite d’une chute lors de la cueillette du gui, le druide Panoramix décide qu’il est temps d’assurer l’avenir du village. Accompagné d’Astérix et Obélix, il entreprend de parcourir le monde gaulois à la recherche d’un jeune druide talentueux à qui transmettre le Secret de la Potion Magique…


Lorsque j’ai appris qu’un nouveau film d’animation d’Astérix, piloté par Alexandre Astier, était en préparation, j’ai sauté de joie. J’avais adoré Le domaine des dieux, qui est à mon sens un des meilleurs de ceux réalisés sur le guerrier gaulois (je ne parle bien évidemment pas des films live).

Cette fois-ci, le scénario ne s’appuie pas sur un album en particulier – même s’il reprend des éléments de différentes histoires – mais a été écrit par Alexandre Astier. Toutefois, les codes sont toujours là : les Romains sur lesquels on tape, les prénoms à jeu de mots, les engueulades, les sangliers. On s’intéresse volontiers à cette quête initiatique teintée de rivalité, qui vire à l’odyssée loufoque.

Toutefois, peut-être à cause de ce scénario “original” ou parce que les réalisateurs ont tout donné pour Le Domaine des dieux, je me suis moins amusée. C’était drôle, oui, mais pas irrésistible. Déjà Roger Carel, le doubleur historique d’Astérix, a pris sa retraite pour être remplacé par Christian Clavier. Même si le choix peut paraître logique au regard de la carrière de ce dernier, c’est quand même une perte. Ensuite, les légionnaires doublés par Astier et Elie Semoun, qui constituaient un gros ressort comique du précédent opus, sont réduits à portion congrue, sans forcément trouver d’équivalent dans les nouveaux compagnons.
J’ai eu l’impression que les réalisateurs cherchaient à faire rire à tout prix, enfilant les gags au maximum. La dernière partie du film, une fois le remplaçant recruté, est plus enlevée et renoue même avec le grain de folie de la série, mais c’est un petit peu tard.

Qu’on ne s’y trompe pas : j’ai aimé ce film, j’ai passé un bon moment, j’ai rigolé. Mais sans doute parce que Le Domaine des dieux était une réussite à tous points de vue, j’aurais aimé être aussi transportée que la première fois.

Bohemian Rhapsody

Freddie Mercury, sa vie, son oeuvre. L’homme, le mythe, la légende.

Cela fait plusieurs années qu’on attendait un biopic sur le chanteur de Queen, notamment avec Sacha Baron Cohen – qui a fini par claquer la porte, exaspéré de l’interventionnisme des autres membres du groupe – puis plus récemment avec Rami Malek dans le rôle principal, et Bryan Singer à la réalisation.
L’Anglais et moi sommes de grands fans de Queen – c’est d’ailleurs à coup de citations du groupe qu’on a commencé à se dragouiller sur MSN (ouais, on est vieux), on a ouvert le bal de notre mariage sur Queen (si), et une de leurs chansons sert à “illustrer” le début de notre vie commune – et nous attendions ce film avec enthousiasme (2h de Queen sur grand écran !) et appréhension (comment condenser en 2h une vie aussi riche ?). Bon, c’était pas terrible.

Tout d’abord, le scénario prend pas mal (même beaucoup) de libertés avec ce que l’on sait de l’histoire du Queen. Freddie Mercury semble débarquer du jour au lendemain dans la vie (et le groupe) de Brian May et Roger Taylor, alors qu’ils se connaissaient depuis quelques années; ils ont mis plus d’un an à recruter John Deacon comme bassiste; jamais le nom de famille de Mary Austin n’est mentionné; la tournée au Japon n’est qu’à peine évoquée alors que celle aux USA est présentée comme un succès triomphal; le groupe ne s’est pas séparé en 1982… Enfin, j’ai beaucoup regretté que soient passées sous silence les six dernières années du groupe, qui ont quand même permis de sortir quatre albums, et non des moindres. Les ellipses narratives sont peut-être nécessaires pour ne pas alourdir le film, mais là on a un peu l’impression que le scénariste n’a retenu que ce qu’il voulait bien et tout cousu ensemble.
Le traitement de l’homosexualité de Freddie est assez bizarre : d’abord par allusions pas du tout subtiles, puis de façon totalement flamboyante et excessive, alors qu’il faut rappeler qu’il n’a jamais “admis” officiellement son orientation sexuelle. De même, la découverte de sa séropositivité est nimbée de musique et de lumière si bien qu’on a l’impression que ce n’est qu’un détail (dans les années 1980, c’était quand même une sentence de mort à plus ou moins brève échéance).

En outre, j’ai trouvé la réalisation paresseuse. Qu’on ne se trompe pas : c’est bien ficelé, efficace, sans temps mort. Mais on a plus l’impression de visionner un long clip à la gloire de Queen et de Freddie qu’une biographie introspective. Chaque propos est l’occasion de ressortir un tube du groupe, fût-ce en porte-à-faux (mention spéciale à l’annonce de sa séropositivité aux autres membres…), histoire de faire larmoyer dans les chaumières ou taper du pied. Et la private joke de Mike Myers était-elle nécessaire ?

Toutefois, il faut féliciter les décorateurs, costumiers, maquilleurs, prothésistes… qui ont à la fois permis de donner à Rami Malek la “tête” de Freddie Mercury, mais plus globalement de retranscrire l’atmosphère de deux époques : d’abord les 70s et la période glam-rock du groupe, puis les 80s et les fautes de goût hallucinantes. A ce titre, la reconstitution du Live Aid, sommet du film comme de la carrière de Queen, est stupéfiante (l’Anglais est allé jusqu’à me confirmer les mouvements de caméra et les détails sonores).
Certaines séquences m’ont touchée, notamment celle de l’enregistrement de l’album A night at the opera, où l’on voit les exigences de Freddie, la fatigue, l’agacement, l’ambiance… J’avoue avoir beaucoup ri quand John Deacon et Brian May chambrent à n’en plus finir Roger Taylor sur sa chanson “I’m in love with my car”.

Au final, c’est un karaoké géant de deux heures sur les plus grands titres de Queen à voir en famille (n’oubliez pas de rester jusqu’à la fin du générique, vous aurez droit à deux chansons supplémentaires), mais pas franchement une biographie inspirée. Rami Malek se paiera peut-être le luxe de l’Oscar, mais je n’ai pas été particulièrement touchée par ce film, j’ai juste eu envie de réécouter A night at the opera en rentrant.
Le meilleur moment du film, pour nous, fut à la fin de la séance la petite discussion avec un couple d’un certain âge, qui avait vu Queen en live à l’hippodrome de Vincennes, et d’échanger sur nos ressentis, ainsi que sur leur expérience du groupe.

Bajirao Mastani

Inde, au début du 18ème siècle. La cour du roi hindou marathe Chhatrapati Shahu a besoin d’un nouveau Peshwa, équivalent du 1er ministre. Le jeune Bajirao, guerrier émérite doté d’une grande sagesse spirituelle, est choisi. Quelques années plus tard, durant un de ses voyages, Bajirao rencontre Mastani, fille du roi rajpoute hindou Chhatrasal et de sa conjointe musulmane perse Ruhani Bai. Elle lui demande son aide pour combattre l’envahisseur musulman qui menace leur fort. Bajirao, impressionné par ses qualités de guerrière, accepte de l’aider et ils réussissent à vaincre les ennemis. Chhatrasal, reconnaissant, insiste pour que Bajirao passe Holi (la fête des couleurs) avec eux à Bundelkhand. Mastani et Bajirao tombent amoureux. Il lui offre sa dague, inconscient du symbole de mariage que cela représente pour les rajpoutes de Bundelkhand. Bajirao repart pour Pune, où Kashi Bai, son épouse dévouée qui l’attendait impatiemment, l’accueille. Mastani, déterminée à suivre son cœur, arrive à Pune.


Quand j’ai découvert, un peu par hasard grâce à un article de Slate, que ce film sortait en France, je me suis ruée sur mon téléphone pour proposer une séance ciné à Ioionette, qui a bien entendu accepté (je rappelle que c’est à son mariage qu’on a fait une choré Bollywood). Ensuite, avec ma mémoire de poisson rouge et les déboires de la gare Montparnasse, j’ai failli ne jamais venir à la séance, mais ceci est une autre histoire.

De ce même réalisateur, Sanjay Leela Bhansali, j’avais vu et adoré Devdas, même si au bout de trois heures, l’histoire s’essoufflait un peu. L’idée de départ est la même : s’appuyer sur un grand classique de la littérature indienne, lui-même inspiré d’une légendaire histoire d’amour, et l’adapter façon grand spectacle. Franchement, on a pris notre pied. Les costumes sont magnifiques, les décors intérieurs somptueux (les extérieurs souffrent en revanche d’un trop-plein d’effets spéciaux), les chansons et les chorégraphies entraînantes.
L’histoire en elle-même est intéressante car elle traite de l’intolérance religieuse, sujet ô combien brûlant en Inde ces temps-ci, et qui est ici beaucoup exprimé par la thématique des couleurs (safran, vert, noir). Au travers de la romance, le film tente de faire passer un message de coexistence pacifique, les héros revendiquant systématiquement la force de leur amour face aux impératifs de leurs religions respectives. Les personnages secondaires sont fouillés, en particulier celui de la première épouse de Bajirao, Kashi, coincée entre sa jalousie, son amour pour son mari et le poids des traditions.

Après, le film n’est pas exempt de défauts : le recours aux effets spéciaux est trop visible, devenant parfois ridicule ; les scènes de combats stylisées ne sont guère crédibles (on se doute que ce n’est pas le but), et fortement inspirées de l’esthétique de Frank Miller (pourquoi pas, mais ça fait bizarre). La fin se traîne en longueur, on sent que le réalisateur cherchait à atteindre les 3 heures réglementaires.
Ioionette et moi nous sommes également amusées à comptabiliser les ressemblances entre Devdas et Bajirao Mastani à l’occasion des chansons, et force est de constater que “Dola re” et “Pinga” se ressemblent énormément.

https://youtu.be/Jbn39j-xa-k?t=17s

Quoi qu’il en soit, nous avons passé un excellent moment et n’avons pas boudé notre plaisir ! Si vous aimez les grandes fresques en costumes, ou si vous êtes fan de films de Bollywood, c’est à voir.

Avengers : Infinity War

Les Avengers et leurs alliés devront être prêts à tout sacrifier pour neutraliser le redoutable Thanos avant que son attaque éclair ne conduise à la destruction complète de l’univers.


C’est sur ce scénario “ticket de métro” que le nouveau blockbuster Marvel s’appuie. Difficile d’en faire une critique sans spoiler, mais je vais essayer. La première chose importante, c’est qu’avoir vu Thor 3 peut être utile – on a raté une partie des références dès la scène d’introduction.

Que dire d’autre ? C’est une grosse machine, mais j’ai trouvé que le film ne s’en tirait pas trop mal quand il “sautait” d’une planète / dimension / zone géographique à l’autre. On arrive à suivre l’action en dépit de tous les super héros qui se bousculent au portillon.
J’ai apprécié le côté “humain” de Thanos, que je n’avais perçu jusqu’à présent que comme un gros tas de muscles de mauvaise humeur (ah non, ça c’est Hulk). La justification qu’offre le personnage pour ses actes pose une vraie question.
Et puis, la fin est assez déroutante pour nous laisser sur notre faim et nous donner envie de voir la suite. Pour une fois, la scène post-générique est brève et unique (bon, j’ai dû chercher sur Google pour comprendre la référence).

Après, le film dure 2h20, c’est long. Même si l’action ne mollit pas, au bout d’un moment, on n’est pas toujours super bien assis, on a les jambes engourdies et la vessie pleine. La caméra n’arrête presque jamais de bouger, et avec les couleurs pétantes des effets spéciaux, je suis sortie du film avec un bon début de migraine.
On pourrait aussi reprocher à Marvel de faire dans la surenchère avec tous ces personnages qui se superposent et se marchent plus ou moins sur les pieds (si Captain America se met à ressembler à Obi-Wan Kenobi époque Ewan McGregor, je vais être encore plus larguée), d’autant qu’à cause de ce foisonnement, on n’a pas franchement le temps de s’attarder sur les héros qu’on aime bien. Enfin, il y a un arc narratif qui semble un peu là pour faire du remplissage.

 

Est-ce que ça m’a plu ? Oui, même si c’était long par moments. Est-ce que j’irai voir la suite ? Bien sûr ! Le cliffhanger m’a bien accrochée et je veux connaître la suite.
Reste une question cruciale : mais qui meurt dans Avengers ? Je ne vous le dirait pas !

Moi, Tonya

En 1994, le milieu sportif est bouleversé en apprenant que Nancy Kerrigan, jeune patineuse artistique promise à un brillant avenir, est sauvagement attaquée. Plus choquant encore, la championne Tonya Harding et ses proches sont soupçonnés d’avoir planifié et mis à exécution l’agression…


Je connaissais l’histoire de Tonya Harding et Nancy Kerrigan – je me souviens même de quelques images aperçues à la télé à l’époque – et je sais que ça m’avait beaucoup frappée (mauvais jeu de mots). Aussi avais-je envie de voir comment celle-ci pouvait être adaptée au cinéma.

La mise en scène est impeccable, alternant les plans de face – qui sont des reconstitutions d’interviews vraiment données par les protagonistes – où chaque personnage déroule sa vérité, et les passages plus narratifs dans lesquels l’histoire se déroule. Le réalisateur réussit le tour de force d’insérer trois plans-séquences franchement intéressants, dont un autour d’une scène de patinage sur la musique de Vivaldi, et un où le mari de Tonya erre dans leur maison vide.
Les moments où Tonya Harding patine sont stupéfiants, collant aux réelles chorégraphies de l’athlète avec un grand souci du détail. Je suppose que Margot Robbie a été doublée pour ces scènes, mais elles n’en demeurent pas moins saisissantes.
Les acteurs sont tous excellents, avec une mention spéciale à Allison Jeanney – qui a d’ailleurs remporté l’Oscar du meilleur second rôle féminin pour ce film – glaçante en mère abusive et exigeante. On pourrait croire ses propos déformés pour l’occasion, mais les images d’archives diffusées au générique montrent le contraire.

En revanche, si j’ai passé un très bon moment, ce film m’a posé certains problèmes. Tout d’abord, Tonya Harding a toujours été à la marge du milieu du patinage artistique, tant par son attitude et ses origines modestes – ce qui est souligné tout du long – mais aussi en raison d’un physique considéré comme ingrat et éloigné des canons de la patineuse éthérée. Or, si Margot Robbie est une excellente actrice, c’est aussi une fille sublime qui, même avec une frange en bataille et un maquillage criard, reste sublime. Mais disons qu’il s’agit d’une licence poétique.
Le principal souci du film, en revanche, est qu’il tend à dédouaner et, surtout, à excuser Tonya Harding de toute intention malveillante envers Nancy Kerrigan. Or celle-ci, même si elle a toujours nié en bloc son implication, n’était pas toute blanche, et aurait même reconnu à demi mot ces dernières années qu’elle était bel et bien au courant de quelque chose. Cette histoire a clairement ruiné toute sa vie, et elle en subit encore les conséquences aujourd’hui, mais le film s’efforce de la présenter comme la proie de son entourage, quasi une victime expiatoire, et cela m’a dérangée.

Toutefois, malgré ses défauts, c’est un film qui m’a beaucoup plu.

Black Panther

Après les événements qui se sont déroulés dans Captain America : Civil War, T’Challa revient chez lui prendre sa place sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu’un vieil ennemi resurgit, le courage de T’Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu’en tant que Black Panther. Il se retrouve entraîné dans un conflit qui menace non seulement le destin du Wakanda, mais celui du monde entier…


On a beaucoup parlé de ce film, non pas tant parce que c’est un nouvel énième épisode du Marvel Cinematic Universe, mais parce qu’il s’agit du premier super-héros noir porté à l’écran avec un tel budget et une telle universalité (il y a aussi les cas de Shaft et Hancock mais ne maîtrisant pas le sujet, je vais m’en tenir là). On a également beaucoup insisté sur le fait que la quasi totalité du casting était noire, de même que l’équipe de réalisation et les équipes techniques (costumes, musique…). Soit. Mais sinon, ça donne quoi ?

Franchement, le travail sur l’univers est incroyable. C’est cohérent visuellement, la culture wakandienne (on dit comme ça en français ?) est extrêmement bien développée, avec sa langue, ses croyances, ses failles, ses traditions… Même si une partie de l’univers a été développée dans les comics, il faut reconnaître que ça claque et qu’à aucun moment on n’a d’impression d’artificialité. L’immense force de cet univers culturel, c’est l’absence total d’emprunt à la culture européenne : tout se fonde sur des influences africaines et (peut-être ?) afro-caribéennes. Les personnages – en anglais, du moins – parlent avec un accent africain, ce qui est cohérent (l’acteur principal a lui-même fait remarquer que son personnage ne pouvait faire autrement, vu qu’il était issu d’une culture très avancée et n’avait pas été éduqué ailleurs que dans son pays).

L’histoire ne propose pas, pour une fois, un “comment le héros est devenu héros” mais un “comment le héros va-t-il rester le héros”. Opposé à un méchant à la fois brutal et touchant, il va devoir puiser en lui-même et remettre en cause une partie de ses convictions.
Il y a également l’immense questionnement qui relève de la nature même du Wakanda : faut-il continuer à se cacher ou aller aider les autres peuples noirs dominés / mal protégés par les blancs, anciens colons ? La question a le mérite de ne pas être traitée de façon manichéenne.

Toutefois, il s’agit d’un film de super-héros, et j’avoue m’être parfois ennuyée… 2h15, même en évitant trop de scènes de baston ou en rendant celles-ci plus intéressantes (les Wakandiens trouvent les armes à feu trop primitives), ça reste long. Certaines scènes sont clairement tournées pour la 3D et quand, comme moi, on a horreur de ça, ça peut laisser froid. Et puis il y a un sacré grand écart entre la lumière naturelle de certaines scènes et celle retravaillée en studio dans des scènes “d’extérieur”.

Marvel Studios’ BLACK PANTHER..Okoye (Danai Gurira)..Ph: Film Frame..©Marvel Studios 2018

Non, la grande force de ce film, ce sont ses personnages féminins. Portées par des interprètes de talent (Lupita Nyong’o, Angela Basset, Danai Gurira…), les femmes qui gravitent autour de Black Panther / T’Challa sont clairement ce que l’histoire apporte de plus intéressant. Entre la petite soeur génie des sciences, la générale entièrement dévouée à son devoir, qui réagit en militaire et non en femme/homme, la fiancée qui a une vie en dehors de son mec et, surtout, ne lui sert pas de faire-valoir, ce film est une vraie bouffée d’air frais. Pour un peu, j’aurais voulu en apprendre davantage sur elles que sur le héros et ses questionnements.

Au bout du compte, ce film m’a beaucoup plu, malgré ses défauts inhérents de “film de super-héros avec de la baston”. Pour une analyse plus fine, je vous renvoie à la chronique du Fossoyeur de Films dans laquelle je me suis beaucoup retrouvée.

L’échange des princesses

1721. Une idée audacieuse germe dans la tête de Philippe d’Orléans, Régent de France… Louis XV, 11 ans, va bientôt devenir Roi et un échange de princesses permettrait de consolider la paix avec l’Espagne, après des années de guerre qui ont laissé les deux royaumes exsangues.
Il marie donc sa fille, Mlle de Montpensier, 12 ans, à l’héritier du trône d’Espagne, et Louis XV doit épouser l’Infante d’Espagne, Anna Maria Victoria, âgée de 4 ans.
Mais l’entrée précipitée dans la cour des Grands de ces jeunes princesses, sacrifiées sur l’autel des jeux de pouvoirs, aura raison de leur insouciance…


J’avais beaucoup aimé le roman de Chantal Thomas, dont est tiré le film et, par un hasard incroyable, j’ai achevé cette semaine un roman qui aborde également cet épisode des relations franco-espagnoles. Cette histoire des deux princesses échangées, en particulier celle de l’infante-reine Marie-Anne Victoire, dont tous les contemporains louaient la grâce et la maturité.

Visuellement, c’est une grande réussite. L’auteure a donné la main au scénario, et a sans doute eu l’oeil aux détails, si bien que les décors – une partie du film a été tournée à Versailles et Trianon, c’est assez rare pour être mentionné – et les costumes (enfin des robes dignes de ce nom avec des corsets raccords, des perruques “histo”…) sont magnifiques et nous plongent dans l’ambiance. La façon de filmer, très lente, peut en déstabiliser certains mais souligne à mon sens le gouffre au bord duquel se tiennent les protagonistes : les deux couples d’enfants obligés de tenir des rôles d’adultes.
Lambert Wilson, en Philippe V d’Espagne, cabotine comme toujours, mais cela fonctionne à merveille tant il épouse les névroses religieuses du roi. Le couple formé par Don Luis et Mlle de Montpensier est très juste, bien que légèrement romancé (ils ne se supportaient pas et elle avait des tendances boulimiques). Kacey Mottet Klein campe avec beaucoup de justesse un adolescent écrasé par son père et par sa charge, fascinée par sa jolie épouse trop piquante. Le second couple, plus jeune, est plus inégal : Igor Van Dessel hésite souvent entre jeu et récitation ; certes, on peut l’imputer à son personnage, jeune roi auquel on dicte ses décisions et ses prises de parole, mais lorsque son personnage exprime ses angoisses morbides, il n’a pas toujours l’air touché par ce qu’il dit. En revanche, j’ai eu un coup de coeur incroyable pour Juliane Lepoureau en Marie-Anne Victoire. Elle trouve le ton juste entre espièglerie et gravité, et incarne littéralement l’infante-reine d’une façon qui se rapproche de ce que les témoins du temps ont rapporté.

Néanmoins, j’ai quelques reproches. Le choix d’un rythme lent et presque contemplatif par moments étire beaucoup la narration, qui du coup devient moins dynamique que dans le roman. De même j’ai trouvé certaines ellipses, quoique nécessaires, ne sont pas toujours très heureuses – j’ai la chance de très bien connaître la période et les protagonistes, si bien qu’il m’était facile de suivre, mais je ne suis pas certaine que cela aurait été le cas pour tout le monde. Enfin, j’ai trouvé certains seconds rôles – en particulier le duc de Conti – un peu trop outrés et caricaturaux.
Au final, j’ai passé un bon moment, même si je peux, sans me forcer, déclarer que “le livre était mieux”.

Star Wars VIII

Les héros du Réveil de la force rejoignent les figures légendaires de la galaxie dans une aventure épique qui révèle des secrets ancestraux sur la Force et entraîne de surprenantes révélations sur le passé…


Ce n’est pas un secret, ni même un aveu difficile : j’ai toujours été relativement imperméable à l’univers de Star Wars. J’ai sans doute découvert la série trop tard pour m’y intéresser vraiment, et la trilogie des années 2000 ne m’a pas laissé de souvenir impérissable, même si j’étais très fan de l’univers visuel. Une exception notable : je me souviens avoir vu un génial reportage à la télé canadienne sur les effets spéciaux de la trilogie originelle et avoir été fascinée.

Néanmoins, comme toujours, je suis bon public, et la division enflammée entre spectateurs qui ont adoré le film et ceux qui ont trouvé que c’était un massacre m’a donné envie de me faire mon idée.
En fait, je me suis emmerdée. 2h30 de film, c’est long. Surtout quand il se passe à la fois plein de trucs (on passe d’un coin à l’autre de la galaxie en fonction de l’histoire) et rien du tout. Pour être honnête, je ne sais pas qui a fumé quoi pour le scénario, mais il n’y a rien de crédible : l’intégralité des décisions prises par les personnages, bons ou mauvais, est idiote, inutile ou les deux.

Il y a certes quelques aspects intéressants, comme la conclusion sur l’espoir semé dans la galaxie, la dualité du personnage de Kylo Ren (en revanche : pourquoi une scène torse nu ?), la part d’ombre de Luke Skywalker… mais globalement, j’ai trouvé que ces idées n’étaient pour la plupart pas assez exploitées / développées (on ne sait toujours pas pourquoi Luke a une main mécanique). Au final, mon jugement rejoint celui de l’Odieux connard : les licences ne sont rachetées que pour mourir. Pas au sens où j’estime qu’on trahit l’épopée d’origine (je ne suis pas assez fan pour porter un jugement sur ce point), mais juste parce qu’on a droit à un grand spectacle, très beau visuellement, mais sans âme.

Est-ce que j’irai quand même voir l’épisode IX ? Oui, car je suis faible, et que j’ai envie de découvrir ce que ça donne. Mais j’ai désormais la confirmation que ça ne me captivera pas particulièrement.

Crash Test Aglaé

L’histoire d’une jeune ouvrière psychorigide dont le seul repère dans la vie est son travail. Lorsqu’elle apprend que son usine fait l’objet d’une délocalisation sauvage, elle accepte, au grand étonnement de l’entreprise, de poursuivre son boulot en Inde. Accompagnée de deux collègues, elle va entreprendre un absurde périple en voiture jusqu’au bout du monde qui se transformera en une improbable quête personnelle.


Nous avions vu la bande-annonce de ce film avec Monsieur il y a quelques semaines, et elle nous avait fait beaucoup rire. Toutefois, lorsqu’il m’a suggéré samedi dernier d’aller le voir, j’ai eu un moment d’hésitation : et si on avait vu tous les gags dans la bande-annonce ? et si c’était plombant ?

En fait, non, rien de tout ça. Aglaé est une jeune femme qui ne vit que pour son métier de technicienne pour crash-tests, et dont le monde s’écroule lorsque l’usine est délocalisée en Inde. Sa décision absolument inébranlable de conserver son emploi et, du coup, de partir dans la nouvelle usine, déclenche une succession de situations burlesques, fantasques ou tendres, qui s’enchaînent avec beaucoup de fluidité. Au-delà du caractère bien entendu improbable de la situation, le réalisateur offre un récit picaresque au féminin, servi par de grandes actrices. India Hair, dans le rôle principal, est éblouissante, parvenant à faire aimer un personnage mal à l’aise avec elle-même et les autres. Elle est épaulée par Julie Depardieu (avec des parasols en papier dans son chignon) et Yolande Moreau (en vieille fille obsédée du ménage) qui campent toutes deux des personnages hauts en couleurs et attendrissants.

Ce film est une vraie bouffée d’oxygène. Il donne une vision satirique du monde du travail, chacun en prenant pour son grade, sans verser dans le pamphlet ou la mièvrerie. Les seconds rôles sont tordants (j’ai eu un faible pour Eric Berger en liquidateur d’usine), les situations cocasses ou parfois ridicules, mais évoquant néanmoins le monde de l’entreprise dans lequel nous vivons.
De plus, j’ai apprécié le côté coloré de la mise en scène, ce personnage principal entêté et concentré sur un objectif unique, les paysages grandioses, la musique…

Un excellent moment de cinéma, idéal pour se remonter le moral avant la rentrée.

Spider-Man : Homecoming

Après ses spectaculaires débuts dans Captain America : Civil War, le jeune Peter Parker découvre peu à peu sa nouvelle identité, celle de Spider-Man, le super-héros lanceur de toile. Galvanisé par son expérience avec les Avengers, Peter rentre chez lui auprès de sa tante May, sous l’œil attentif de son nouveau mentor, Tony Stark. Il s’efforce de reprendre sa vie d’avant, mais au fond de lui, Peter rêve de se prouver qu’il est plus que le sympathique super héros du quartier. L’apparition d’un nouvel ennemi, le Vautour, va mettre en danger tout ce qui compte pour lui…


J’avoue, j’avais plus envie d’aller voir Wonderwomand qu’une énième resucée de l’homme-araignée, dont je n’avais pas apprécié le dernier opus. Mais les différentes critiques sur les réseaux sociaux ont fini par me convaincre et, profitant de ce que ma mère gardait la Crevette, nous sommes allés voir par nous-mêmes de quoi il retournait ce week-end.

Franchement, nous n’avons pas été déçus. Même si le film est long (un poil trop à mon goût), on retrouve ce qui m’avait plu dans le premier épisode avec Tobey Maguire : l’ambiance lycée, les hésitations adolescentes, la difficulté à s’adapter à sa condition de super-héros… En outre, le scénario a fait le choix judicieux de s’écarter un peu de la trame canonique : Peter n’est pas (encore) journaliste (il fait des vidéos avec son portable, comme n’importe quel ado), Tante May est déjà veuve même si on n’en sait pas plus, Mary Jane n’est pas encore dans là. Si le héros et son ennemi sont toujours deux hommes blancs, le reste du casting est très diversifié, ce qui est une bonne chose.

De plus, comme souvent dans l’univers Marvel, l’humour n’est jamais loin. J’ai ainsi particulièrement les petites vidéos de Captain America qui émaillent le film, celui-ci campant désormais le rôle d’un garde-chiourme pour lycéens. La BO est également bien choisie, mêlant vieux tubes et chansons contemporaines.
Si j’ai vu venir le principal rebondissement dans les vingt premières minutes, mon plaisir n’en a pas été gâché, et j’ai passé un très bon moment. Du coup, si vous devez fuir une journée pluvieuse ou vous réfugier dans un espace climatisé cet été, n’hésitez pas, Spider-Man : Homecoming est le film qu’il vous faut.