Demain dès l’aube

Depuis une dizaine de jours, un vent de colère souffle sur le microcosme rôliste et reconstituteur à cause de ce film. Demain dès l’aube met en effet en scène des héros participant à un “jeu de rôle napoléonnien“. Force est de constater qu’il s’agissait en fait d’une tempête dans un verre d’eau.

Matthieu est pianiste et en proie à des doutes existentiels, qui le poussent à aller vivre auprès de sa mère malade et de son jeune frère Paul. Il apprend que ce dernier participe toujours à un “jeu”, dans lequel il incarne un soldat de l’armée napoléonnienne. A la demande de sa mère, et sans doute un peu poussé par la curiosité et le goût de l’inconnu, Matthieu accepte de suivre son frère à un bivouac. D’abord réticent, il finit par se prendre au jeu et à mettre le doigt dans un engrenage étrange, dont le ressort principal est l’honneur.

Je dois avouer que j’ai eu un gros moment de doute au début quand l’introduction indique que des “rôlistes et reconstituteurs ont participé à la réalisation de ce film”. Cependant, la même introduction a l’honnêteté de reconnaître qu’il s’agit d’une fiction et que l’histoire n’est en rien tirée de faits réels.
En réalité, c’est un très beau film. Visuellement d’abord, tant grâce aux costumes (magnifiques !), qu’aux scènes historiques dont la lumière met en valeur le côté “hors du temps” et “irréel” (également renforcé par les bancs de brume que traversent les héros en changeant d’époque). Musicalement ensuite, car le personnage principal étant pianiste, sa musique le suit tout au long de l’histoire, jusqu’à se transposer dans le temps. Emotionnellement enfin, car les deux frères parviennent à se retrouver et à avancer dans leur vie “réelle” grâce au jeu. La narration est faite de telle sorte que le spectateur, d’abord réticent, finit par adopter le point de vue des héros et à le trouver parfaitement légitime.

Le scénario est certes un peu téléphoné, et le côté “sectaire”, secret et jusqu’au-boutiste du groupe est dérangeant. Néanmoins, d’autres scènes sont assez drôles, l’une d’elle étant une parfaite illustration de la vie en reconstitution : au lendemain d’une soirée empire, le film montre les participants revenant à la vie réelle, certains encore en costume, d’autres déjà rhabillés, tandis qu’en fond sonore on perçoit une sonnerie de portable. A propos de cette soirée empire, je précise que je n’ai jamais vu autant de reconstituteurs en costume dans un même lieu ailleurs que sur un évènement public “de masse”…

Quoiqu’il en soit, c’est un très beau film qui, selon moi, n’a pas lieu d’être sujet à polémique, car il précise son caractère fictif dès le début. Par ailleurs, on peut souligner que des compagnies napoléonniennes ont participé au tournage. Je pense malheureusement que la polémique est née de quelques articles très orientés parus dans une certaine presse, dont on oublie parfois le côté “anti-Napoléon”. Mais bien entendu, ce n’est que mon opinion.

4 thoughts on “Demain dès l’aube”

  1. Télérama est anti-tout-et-n’importe-quoi pourvu que ça leur donne un air d’élitisme, Libé est anti-tout-et-n’importe-quoi pourvu que ça leur donne un air de rebellz…

  2. avis divergants…

    Je l’ai vu, et honnetement je suis inquiete.

    Pour le positif: Le film est extremement bien realisé, tres bien joué, les symboles bien utilisée, certaines scenes particulerement reussit, les costumes splendides, et pour cause, il ont été preté par des reconstitueurs, qui effectivement, pour en connaitre certains, jouent egalement dans le film

    Pour le negatif: Les reconstitueurs et les roliste passent, malgres la precision sur le caractere fictif du film, pour des fou dangereux.
    Deja, physiquement, et a travers le jeu de l’acteur on en fait passer certains, a mon sens, pour des debiles legers.
    Ce qui m’inquiete plus, c’est qu’on ne montre pas un personnage deviant, unique en son genre dans un monde sain. Une generalité est faite via,entre autre, l’utilisation que l’on voit repetitive d’armes reeles.
    Cela vient aussi de la maniere de filmer qui genere une espece d’angoisse.

    Cette impression est renforcé par des interviews du realisateurs et de vincent perez, disponibles sur youtube et daily motion, ou ceux ci declare parfois le jeu de role comme etant “a la limite de la secte”

  3. En même temps, le personnage interprété par Jérémie Renier, qui peut passer pour “débile” est le seul de l’histoire à comprendre instinctivement ce qu’il se passe dans la vie de son frère. Je ne pense pas en outre que les joueurs soient présentés comme “déviants”, certains marquant bien la limite réel/jeu (cf. la jeune femme du dîner), mais plûtôt comme aux limites d’un jeu (voir l’attitude des témoins lors du duel final…) qu’ils finissent par ne plus maîtriser.

    Pour ce qui est des interviews, je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu le réalisateur dire une chose pareille (il soulignait plutôt le rôle des reconstituteurs dans le tournage), même si je déplore l’opinion exprimée par Vincent Perez. Après, s’agit-il vraiment de ce qu’il(s) pense(nt) ou d’un plan marketing ? Sachant que le réalisateur fait lui-même de la restitution musicale, je pense qu’il a choisi un milieu à la lisière de la reconstitution et du jeu de rôle car l’idée du costume et de l’historique lui plaisait. S’il avait fait un film avec le même thème dans le milieu de l’airsoft, ce n’est pas nous qui serions en train de nous insurger.

    Il y aura toujours des gens pour croire que les rôlistes et reconstituteurs sont fous à lier, mais je pense que d’autres sont prêts à faire l’effort de comprendre, à nous de les y aider.
    Ce qui est présenté dans le film n’est ni de la reconstitution (il n’y a pas de visée pédagogique, et j’ai rarement entendu ce genre de conversation en camp…) ni du jeu de rôle (où est le scénar ? les arbitres ? les armes en latex ?), mais un fantasme.

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