“Que l’on me pende, si je n’ai pas rêvé…” C’est avec cette chanson en tête – et quelques images – que je suis allée, en compagnie de l’Anglais, au bal de Chambord hier soir.
Pour moi, Chambord, c’est le château de conte de fées par excellence, avec ses tourelles, ses clochetons, son merveilleux escalier, sans oublier bien entendu son immensité, les cheminées dans lesquelles on fait brûler des troncs… Force est de constater, quand on grandit, que certaines choses reprennent des dimensions un peu plus humaines. Le château est toujours aussi beau, mais il est un peu moins imposant, et l’escalier n’est pas si immense que l’on pourrait croire.
Qu’importe ! Le but était de danser et de parader en costumes de cour du XVIème siècle, et ce programme fut entièrement rempli. L’anglais avait mis sa tenue de boyar (avec l’accent et la chapka), tandis que j’avais ressorti ma robe élisabethaine, tellement belle mais tellement encombrante (c’est bien simple, à certains moments, je ne pouvais pas avancer).
Et voici notre mannequin présentant ma jupe à cerceaux…
Nous sommes arrivés dès l’ouverture de la billeterie à 18h30, profitant du château déserté par les visiteurs et encore vide de danseurs. Traversant le rez-de-chaussée pour trouver les vestiaires, nous avons pu écouter les dernières notes d’une leçon de danse. Une fois équipés, visite !
Certes, c’était une visite tronquée – les salles autour de l’escalier à double révolution, la cour intérieure et la terrasse – mais il y avait le côté grisant de le faire en costumes, dans des lieux presque vides, alors que le décor était déjà posé. Au rez-de-chaussée et au second étage, quatre salles autour de l’escalier, l’une dévolue au buffet, les trois autres réservées aux danseurs. Juste avant le début du bal, des serviteurs – les élèves du lycée hôtelier de Blois – ont disposé une jonchée délicieusement odorante (rose, laurier, romarin, sapin).
Depuis la terrasse, la vue est enchanteresse. La perspective se déroule jusqu’aux confins du parc, et le soleil couchant rehausse le paysage de rouge et d’or. L’accès étant ouvert sur tout le toit, nous avons aussi l’occasion d’observer la cour intérieure dans laquelle se pressent les participants.
Le bal commence enfin par une suite de bransles. Il fait chaud, l’on se presse dans les différentes salles, et il est difficile à la première pause de trouver un verre d’eau. Mais l’organisation veille et, plutôt que nous laisser nous alcooliser, nous apporte force carafes et rafraîchissements. L’animation est réalisée par un comédien, qui ébauche quelques descriptions en parler de courtisan pour présenter la danse, et un maître à danser qui explique les pas. Force est de constater que, malgré la magie propre à ces soirées – et aux ingénieurs du son – les paroles nous parviennent parfois fort déformées et comprendre la danse peut relever du casse-tête.
En milieu de soirée, les musiciens s’arrêtent et le buffet est déclaré ouvert. Malheureusement, si le public porte l’habit de cour, il n’en a pas les moeurs : la presse est si grande dans les salles réservées au ravitaillement que je suis contrainte de m’adosser à l’escalier pendant que l’Anglais prend tous les risques pour nous rapporter un en-cas. Nous n’aurons pas l’occasion de tout goûter, ce qui est fort dommage, car les plats sont tous remarquables, et le fruit d’un veritable travail de recherche sur la période et le thème de la soirée : un velouté de courge aux herbes, des fonds d’artichaut farcis aux champignons, des feuilletés aux champignons, de fines brochettes de viande citronnée… Le tout arrosé d’un hypocras léger ou de pinot noir.
Nous reprenons les danses avec, de nouveau, quelques bransles assez simples, ce qui est assez dommage. En effet, l’Anglais et moi aurions souhaité un peu plus de complexité, un bransle d’Ecosse ou une bourrée d’Avignon, voire même une volte… Mais il faut faire danser tout le monde, et les musiciens enchaînent pavanes et allemandes.
Il fait à présent nuit noire, et l’on nous fait gagner les jardins pour une surprise. Là, rythmé par de la musique ancienne, nous assistons à un déluge de feu et de couleurs, des rouges et des verts, des ors et des bleus… Le ciel est bien dégagé et les fusées se reflètent dans les vitres du château, ce qui ajoute à la féérie. De retour au chaud, nous discutons avec quelques connaissances nouvelles et anciennes. Le temps va bientôt reprendre son cours. Mais j’aurai eu la chance de vivre ce dont j’ai toujours rêvé : un bal à Chambord.
Le premier bal de Chambord
Bin voilà. Encore une sortie dans le passé.
Ca avait drôlement bien.
C’est génial d’avoir pu assister à cette soirée
Ouiiii ! Il faudra que je t’envoie les photos si tu es intéressée. J’en suis encore de bonne humeur, c’est dire : je souris bêtement rien qu’à y repenser.