Oba -over- mania ?

Comme vous tous, j’ai appris ce matin que Barack Obama, actuel Président des Etats-Unis, venait de se voir décerner le Prix Nobel de la Paix. Et bien je ne sais pas ce que vous en pensez, mais personnellement, je suis sidérée.

Je sais, ça fait vieille radoteuse de dire un truc pareil, mais que voulez-vous ? J’ai l’impression qu’on s’est fait arnaquer. D’après le communiqué de presse, la vénérable Académie a décidé de récompenser : “ses efforts extraordinaires pour renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples”. C’est beau comme la Déclaration des droits de l’Homme. Certes, on ne peut nier les réels efforts du Président pour rendre sa place à l’ONU (en tout cas pour en faire autre chose qu’une instance consultative), sa volonté de rouvrir le dialogue avec des nations “ennemies” depuis le 11 septembre et son ouverture internationale.
Mais est-il possible de décerner ce prix, sans rougir, à un chef d’état dont le gouvernement mène toujours deux guerres au Moyen-Orient ? Au Président du premier pays producteur d’armes au monde ? On frôle la schizophrénie. On va me rétorquer qu’il a fait des efforts en ce sens, qu’il n’a pas eu le temps d’entreprendre toutes les actions qu’il avait promises. Justement, n’est-ce pas la preuve criante qu’on l’a nommé trop tôt ? Je rappelle que Barack Obama a été élu en novembre 2008 et n’a pris ses fonctions qu’en janvier dernier, un record ! Pour la petite histoire, les nominations pour le Nobel de la Paix s’achèvent en février… c’est dire si l’affaire a été rondement menée.

Je n’ai rien contre le principe de récompenser un chef d’Etat – en exercice ou non – pour son action en faveur de la paix. Bien au contraire, j’ai envie de croire que cela pourrait susciter des vocations. Mais je me demande en même temps pourquoi l’Académie a ciblé le très médiatique Président quand des centaines de dissidents croupissent en prison pour avoir simplement osé élever la voix. On me répondra que Aung Sang Suu Kyi et le Dalaï-Lama ont déjà été distingués ; oui mais il en reste tant d’autres, comme par exemple le journaliste Hu Jia (sur la photo), qui a osé demander des Jeux Olympiques dans une démocratie.
A 48 ans, Barack Obama est donc Président des Etats-Unis (soit la nation la plus puissante du monde, au moins d’un point de vue théorique) ET prix Nobel de la Paix. J’ai presque envie de lui souhaiter une mort rapide pour accéder au statut de légende, car sinon il risque de décevoir des millions voire des milliards de gens, et je ne pense pas que ce soit très agréable à vivre. Quelque part, on peut dire que sa vie est “finie” : plus de but ultime à atteindre, une pression encore plus forte… Bonne chance pour la suite, Mister President.

2 thoughts on “Oba -over- mania ?”

  1. Fini le temps où l’on pouvait critiquer la Chine… Maintenant, il faut lui lécher les bottes. Ceci explique sans doute en partie cela.

  2. Je partage ton sentiment!
    Barack Obama est devenu, avec raison, un véritable symbole. Mais, comme tu le dis très bien, il n’a pris ses fonctions qu’en janvier. On aurait pu attendre un peu avant de lui attribuer ce prix: qu’a-t-il eu le temps de faire en moins d’un an? C’est dommage de récompenser quelqu’un pour ce qu’il représente (le premier président noir d’un pays où les conséquences de la ségrégation raciale se font toujours sortir (par exemple, dans les universités, étudiants noirs et blancs ne se mélangent pas)) et non pour ses actes…

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