Tsar

Mercredi dernier – je sais c’est tard, mais que voulez-vous la semaine passée a été un peu épique – l’Anglais et moi sommes allés voir le film Tsar de Pavel Loungnine. Parce qu’un film en costumes avec des Russes dedans, c’était trop tentant.

1564. Ivan IV dit le Terrible règne sur la Russie. Entre crises mystiques et délire de persécution, Ivan a créé un corps de garde attaché à sa protection, les oprichniki, dont le symbole est une tête de chien attachée à la selle. Ceux-ci commettent force exactions, massacrant tous ceux que le tsar suspecte de trahison. Dans le même temps, le métropolite de Moscou meurt, et le peuple s’inquiète. Pour remédier à la situation, Ivan décide de s’adresser à Philippe, un ami d’enfance devenu moine.

D’abord réticent, Philippe finit par accepter, mais doit prendre l’engagement de ne pas interférer dans les affaires séculières, et notamment de ne pas intervenir auprès du tsar. Après un temps de silence, le nouveau métropolite sort de sa réserve pour tenter de contrer un souverain persuadé d’être entouré d’espions à la solde de la Pologne, et pris d’une folie meurtrière. L’affrontement devient inéluctable.

Divisé en chapitres, le film est avant tout une très belle fresque aux couleurs chatoyantes. Les costumes, les décors, la musique, l’emphase religieuse du tsar… tout semble exalté et habité. Dans l’affrontement du tsar et du métropolite, le réalisateur cherche à nous montrer l’affrontement de l’ubris, la démesure, contre laquelle se débat la raison (et ici la foi). Les deux acteurs principaux sont remarquables, qu’il s’agisse du tsar fatigué, paranoïaque et édenté, effrayant d’iniquité et en même temps touchant dans ses rares moments de bonté, ou du métropolite, adossé à sa foi, contemplant avec horreur ce qu’il se passe autour de lui sans finalement pouvoir sauver quoi que ce soit.

Personnellement, je regrette deux choses : l’intervention divine un peu trop présente par moments, et l’image assez restrictive de la femme (ou vierge martyre ou prostituée impie). Quoiqu’il en soit, j’encourage mon fidèle lectorat à voir cette oeuvre.
A noter que le métropolite Philippe a été canonisé par l’église orthodoxe, sous le nom de Saint Philippe II de Moscou.

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