En 1928, la jeune journaliste Maryse Choisy décide de mener une enquête sur les milieux de la prostitution parisienne et explore un nouveau genre, le reportage en immersion. Elle se fait passer pour une femme de chambre dans une maison de rendez-vous, se déguise pour entrer dans les dancings de la pègre, devient sous-maîtresse chez Ginette, danseuse de salon dans un bar lesbien, puis s’invite dans un hôtel particulier où de riches Américaines s’offrent de prétendus princes russes. Elle réussit même à s’infiltrer dans le plus illustre des claques parisiens, Le Chabanais.
J’avais vu passer une critique intéressante de ce livre lors de sa réédition, mais j’avais laissé passer l’occasion de l’acheter – trop de choses à lire, pas forcément envie de mettre 17€ dans un livre pas bien épais… Néanmoins, avec l’exposition sur la prostitution qui se tient actuellement au Musée d’Orsay, il est désormais très facile de se procurer cet ouvrage, et j’ai donc fini par craquer lundi dernier.
C’est bien écrit, découpé en chapitres plus ou moins longs, avec une plume tantôt très élégante, tantôt crue. Maryse Choisy cherche à nous plonger au plus près de la réalité des bordels et maisons de tolérance de l’entre-deux-guerres, et je dois dire que c’est assez réussi. Sa description des différentes chambres du Chabanais m’a beaucoup amusée – et je me suis dit qu’il faudrait réutiliser tout cela un jour dans un roman. Toutefois, si on ne peut lui reprocher son immersion et sa façon de rapporter les choses, j’ai trouvé parfois agaçante sa façon de se mettre en scène, assez éloignée de l’idée que je me fais de l’enquête journalistique (mais c’est sans doute compréhensible dans le contexte de l’époque).
J’apprécie qu’une femme – car elle a beau répéter qu’un journaliste n’a pas de sexe, elle se pose tout de même en femme – ose donner son point de vue sur le sujet de prostitution, à une époque où l’on n’est même pas censée savoir que cela existe. En revanche, si l’auteur affirme son opposition au système des maisons closes, il faut bien lire la préface (très éclairante) et comprendre que ce n’est pas forcément par féminisme.
Quoi qu’il en soit, j’ai apprécié de lire cet opus, à la fois facile et fascinant, et j’ai hâte que d’autres de ses reportages soient réédités (notamment Un mois chez les hommes, dans le monastère du Mont Athos).
Un mois chez les filles, Maryse Choisy, Stock, 17€
Ça me dit bien! Tu as vu l’expo du musée d’Orsay ?
Non, je n’ai pas encore eu le temps malheureusement.
Est-ce que ça se rapproche de la série Maison Close ? Ce n’est pas exactement la même époque mais je l’avais trouvée très bien.
Et tu m’as rappelé qu’il faut que j’aille au Musée d’Orsay …
Alors je n’ai pas vu la série, donc je ne peux pas vraiment te répondre… mais franchement, on est plus dans la peinture de moeurs que dans le sensationnalisme. Quant à Orsay… on y va ensemble ?
La serie etait vraiment bien. Assez dure et touchante en fait 🙂
Ok pour Orsay, on se parle sur FB.