Cold Winter Challenge

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Après une rentrée placée sous le signe du marasme intellectuel (je n’ai lu que des fanfics pendant deux mois – don’t judge me), et une fin d’année difficile au plan professionnel, j’ai sauté sur l’occasion quand Isa m’a proposé de participer au Cold winter challenge avec elle. En fouillant mes archives, j’ai découvert que je l’avais déjà fait en 2018, mais si le nom demeure, l’organisatrice a changé, de même que les catégories.
A part un ou deux ouvrages, j’ai surtout lu en fonction de mes envies et de ma PAL, si bien qu’il faut se soumettre à quelques contorsions pour caser certains titres.


Magie de Noël
Under the mistletoe (romance de Noël ou roman feel good se déroulant pendant les fêtes) : T’embrasser sous la neige, d’Emily Blaine. La romance de Noël annuelle d’Emily (et ma première, figurez-vous). Si je ne suis pas adepte du genre, mais j’ai passé un bon moment, et j’ai adoré la fin.

Raclette (famille, amis, secrets) : Neige rouge, de Simone van der Vlugt, un roman historique autour de deux femmes, une mère puis sa fille, et leurs choix de vie dans la Hollande du 16ème siècle. J’avoue avoir été assez déçue de ce roman, bien écrit et documenté, mais avec une scène assez terrible au milieu, et un changement brutal dans la narration, alors que j’avais adoré Bleu de Delft.

Danse de la fée Dragée (rêve, fantasy, fantastique) : Le corsaire, et autres poèmes orientaux, de lord Byron. Après deux pièces de théâtre, c’était l’occasion de me colleter à la poésie de Byron, et force est de constater que ça m’emmerde. C’est merveilleusement bien écrit, mais c’est long, très érudit, et j’ai eu un mal de chien à me laisser emporter. Comme j’avais déjà eu ce sentiment avec Manfred et Caïn, j’en déduis que ce n’est clairement pas un auteur pour moi.
On pourrait aussi mettre ce recueil dans la catégorie “Yule”, c’est un peu entre les deux.

Hiver mystérieux
Yule (mythologies, légendes)

Reine des Neiges (femme de pouvoir, sorcière, féminisme) : Le consentement, de Vanessa Springora. Je ne sais pas trop si on peut ranger ce témoignage dans cette catégorie, mais c’est probablement ce qui s’en rapproche le plus. Je ne reviendrai pas sur la puissance de ce texte, qui plus est très bien écrit, et ses conséquences.

New year, new me (métamorphose, transformation, évolution) : The Heart Goes Last, de Margaret Atwood. J’ai lu The Handmaid’s Tale il y a une quinzaine d’années, quand Marion Olharan me l’avait d’autorité mis dans les mains, et j’avais adoré, même si cette lecture m’avait secouée. Ma connaissance de l’anglais à l’époque n’était clairement pas la même – disons que je n’avais pas dix ans de traduction à mon actif.
Quoi qu’il en soit, ce roman traînait dans ma PAL depuis une éternité, et j’étais coincée au milieu depuis le confinement. Malheureusement, je me suis pas mal ennuyée : je n’accroche pas franchement au style d’Atwood, que je trouve sec à force d’être dépouillé, et les personnages principaux sont juste insupportables. En outre, lire une dystopie en cette période pour le moins compliquée n’était sans doute pas l’idée du siècle.

Marcher ensemble dans la neige
Rennes du Père Noël (animaux, écologie, nature)

Aurore boréale (voyage, aventure)

Carol of the bells (roman choral) : Le cœur de l’Angleterre, Jonathan Coe. Un merveilleux roman qui suit les personnages d’une famille sur les dix ans qui ont mené le Royaume-Uni au Brexit. C’est fin, drôle, intelligent. Ma dernière lecture de 2020, et sans doute une de mes préférées.

Hiver obscur
Fantôme des Noël passés (fantômes / voyage temporel)

Frissonner sous un plaid (horreur, épouvante, thriller, suspense) : Hard Pursuit, de Pamela Clare. J’aime beaucoup les romances à suspense de cette autrice, et même si le tome précédent, qui se déroule en Antarctique, aurait été plus approprié pour ce challenge, j’ai quand même passé un très bon moment.

Nuit du solstice (moins de 300 pages) : Objectif, de Tsuji Hitonari. Voilà bien longtemps que je voulais lire cet auteur, et c’est chose faite grâce au livre donnée par Ioionette. Divisés en courts chapitres comme autant d’instantanés, le roman laisse parler la narratrice, une photographe qui tient le monde à distance grâce à son appareil. J’ai beaucoup aimé.

Au chaud devant la cheminée
Grands enfants (livre jeunesse) : Le pull de Noël, de Cecilia Heikkila. Découvert l’an dernier, mais une très belle lecture de Noël que les enfants adorent.

Vitrine de Noël (lecture graphique/illustrée sur le thème de Noël ou de l’hiver) : Le journal de Gurty – Parée pour l’hiver, de Bertrand Santini. La Crevette a reçu le premier tome à Noël, et nous l’avons lu ensemble. On a tellement aimé et rigolé que je lui ai acheté la suite (et le troisième tome attend sagement son anniversaire, mais chut…).

Chocolat chaud (livre qui apporte du bien-être : feelgood, développement personnel…) : Indocile Ninnen, de Léna Forestier. C’est une romance, encore, mais une belle romance historique française très bien écrite.

Deux de mes lectures de cet hiver ne rentrent pas dans les catégories proposées : La familia grande, de Camille Kouchner, et l’unique BD que j’ai terminée ces derniers mois, Lou Sonata, de Julien Neel. Cette dernière m’a d’ailleurs ennuyée. Il faut que j’arrête cette série que j’ai adorée à son début, mais qui n’a plus aucun sens depuis déjà trois ou quatre tomes.

En sortir 21 en 2021 (et bilan 2020)

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Début 2020, je m’étais fixé comme défi de sortir 20 livres de ma PAL. Qu’est-ce que ça a donné ?

  • The smuggler wore silk, Alyssa Alexander
  • The heart goes last, Margaret Atwood
  • L’intégrale des haïkus, Basshô
  • Le cœur de l’Angleterre, Jonathan Coe
  • Autobiographie d’une esclave, Hannah Crafts
  • Frère d’âme, David Diop
  • L’absente, Lionel Duroy
  • Cachées par la forêt, Eric Dussert
  • Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci, Sigmund Freud
  • Cousin Kate, Georgette Heyer
  • Once upon a tower, Eloisa James
  • L’esclave islandaise, Steinunn Johannesdottir
  • Le lambeau, Philippe Lançon
  • I kissed an earl, Julie Anne Long (non terminé)
  • Les petites chaises rouges, Edna O’Brien
  • Rouge, histoire d’une couleur, Michel Pastoureau
  • Lady Pirate, Linsay Sands
  • Clélie, histoire romaine, Madeleine de Scudéry
  • Lady Smoke, Laura Sebastian
  • Mrs Dalloway, Virginia Woolf

Toutes ces lectures ont été indexées et commentées sur Goodreads. J’ai eu quelques échecs avec les romances, en particulier avec Julie Anne Long qui m’a copieusement ennuyée, et Alyssa Alexander qui n’était pas mal mais pas transcendante. Du coup, les autres romances qui traînent dans ma PAL depuis une éternité ont souffert, et je ne sais pas s’il est pertinent de les laisser dans ma pile.
Je n’ai pas achevé le recueil de Bashô, car clairement, 2020 n’était pas une année à poésie pour moi… ça demande un espace mental que je n’avais pas. Quant à Lady Smoke… je ne sais pas où il est ! Je l’ai cherché à plusieurs reprises en espérant m’y mettre, mais je n’ai pas réussi à remettre la main dessus. Soit je l’ai prêté et je ne sais plus à qui, soit je l’ai “rangé” dans un endroit très intelligent et je le retrouverai dans six mois.
J’ai eu des découvertes magnifiques : Virginia Woolf, même si son écriture est extrêmement complexe par moments, Jonathan Coe qui fut le dernier à sortir de cette liste il y a quelques jours, Madeleine de Scudéry, Philippe Lançon ou Steinunn Johannesdottir.
Enfin, j’ai connu de vraies déceptions : Lionel Duroy, dont j’avais adoré Eugénia il y a deux ans, m’a fait lever les yeux au ciel ; David Diop dont j’ai eu du mal à accrocher au récit halluciné ; et très étonnamment Margaret Atwood, dont j’ai lu The Handmaid’s Tale il y a des années et que j’avais adoré, et qui m’ennuie… je n’y arrive pas, même si j’ignore si c’est dû au style ou parce que la dystopie me met très mal à l’aise cette année.
Au total, ce sont 12 ouvrages qui sont sortis de ma PAL, un ou deux bien entamés qui ne devraient pas tarder. Je pense en sortir définitivement Hannah Crafts, dans lequel je suis coincée depuis au moins deux ans.

Pour 2021, reprenant l’initiative de Miss Sunalee, je vais tenter de faire sortir 21 ouvrages de ma PAL…

  • L’âne d’or, Apulée
  • Roland furieux, tome 2, L’Arioste
  • The heart goes last, Margaret Atwood (on y croit)
  • Les états et empires du soleil, Les états et empires de la lune, Cyrano de Bergerac
  • T’embrasser sous la neige, Emily Blaine
  • L’embellie, Edith Boissonnas
  • Le corsaire, Lord Byron
  • Hard pursuit, Pamela Clare
  • Le proscrit de Normandie, Natacha J. Collins
  • Le livre des tendresses, Marceline Desbordes-Valmore
  • Le joueur, Fiodor Dostoïevski
  • Bringing down the duke, Evie Dunmore
  • Kill the queen, Jennifer Estep
  • Indocile Ninnen, Léna Forestier
  • The madwoman in the attic, Sandra Gilbert & Susan Gubar
  • La demoiselle des Lumières, Annie Jay
  • Rebecca, Daphné du Maurier
  • Rouge impératrice, Léonora Miano
  • Les métamorphoses, Ovide
  • Marcher, Henry David Thoreau
  • Neige rouge, Simone van der Vlugt

Sacré programme, quand on y réfléchit. Je sens déjà que ça va être compliqué sur certains ouvrages. Je ne remets que le Margaret Atwood de ma PAL de 2020 puisque j’en suis presque à la moitié. Quant au reste, on verra bien !

Au Bonheur des Dames

Venue de sa lointaine Normandie, Denise arrive à Paris avec ses deux frères sans un sou en poche… D’abord aidée par l’oncle Baudu, un commerçant méfiant, elle va franchir la porte du Bonheur des Dames, un immense magasin de nouveautés qui fait se déplacer tout ce que Paris compte d’élégantes…
Engagée comme vendeuse, Denise découvre autour d’elle les rivalités avec les autres vendeuses, devenant vite la victime d’un système aliénant où il faut sans cesse se battre pour vendre et où les amitiés sont rares. Mais la jeune femme va faire la connaissance d’Octave Mouret, le directeur du Bonheur des Dames, un homme de conquête qui ne songe qu’à l’expansion de son magasin, à défaut de trouver l’amour. À moins que la rencontre avec Denise ne vienne bouleverser ses croyances ?


Ceux qui me connaissent ou lisent ce blog depuis longtemps savent que j’adore Zola (vraiment), et que Au Bonheur des Dames est mon roman préféré. Je l’ai lu l’été de mes 13 ans, et depuis je le relis, intégralement ou par extraits, tous les ans (si). Quand j’ai découvert cette adaptation en BD par Agnès Maupré, j’ai eu un moment d’hésitation : comment condenser un roman de 500 pages en environ 200 planches ? Comment remplacer les merveilleuses descriptions de personnages, de décors, d’émotions ? Mais la couverture était belle, les couleurs m’attiraient, et puis il faut soutenir la relance de l’économie, alors j’ai craqué.

C’était un vrai coup de cœur. Le dessin est fluide, les couleurs éclatantes rendent parfaitement l’attrait qu’exerce le Bonheur, l’opposition colorée entre clientes et vendeuses, et entre grand magasin et petits commerces, déjà présente dans le roman, explose littéralement à chaque page. Les costumes et décors, en particulier les différentes “incarnations” du magasin, sont bien rendus.
En matière d’intrigue, il a fallu couper, bien entendu : certains personnages secondaires (Mme Bourdelais, Mme Frédéric, Lhomme et son fils, Albert), ainsi que certaines parties de l’intrigue (lorsque Denise part travailler dans la maison fondée par Robineau) ont été supprimées, mais il y a encore largement assez de matière pour faire un récit foisonnant et fascinant. La voix du narrateur omniscient est intelligemment remplacée par le baron Hartmann, qui commente les multiples évolutions du Bonheur avec différents personnages.

Je ne connaissais pas du tout le travail d’Agnès Maupré, et c’est une très belle découverte. Elle apporte à l’histoire la sensualité que l’on devinait entre les lignes, un mouvement, une fluidité.
En plus, l’Anglais a été emballé par cette BD, alors que Zola n’est pas sa tasse de thé.

Chroniques du confinement – Le mur invisible

J’ai fini hier soir cet étonnant roman de Marlen Haushofer dont tout le monde parle sur les réseaux sociaux depuis plusieurs mois. Si j’avais débuté la lecture avant le début de la quarantaine, force est de constater qu’elle prend une résonance toute particulière, et c’est sans doute la situation actuelle qui a considérablement ralenti ma progression.
Cette histoire de résilience, de confrontation à la nature et de renoncement à la loi des hommes m’a par moments mise mal à l’aise, peut-être parce qu’elle touchait un peu trop juste. L’apprentissage de la peur et de la solitude a quelque chose de glaçant, surtout quand, comme moi, on se projette à fond dans ce qu’on lit.
De façon étonnante, l’héroïne m’a constamment rappelé une amie, même si je ne saurais dire précisément pourquoi – en tout cas, je lui ai donné ses traits chaque fois que je me la représentais.

Mais le mur invisible au sens plus large, c’est cette distance plus que respectueuse que nous avons observée le temps de prendre des nouvelles des voisins – tout en empêchant le Paprika de le rejoindre. C’est cette habitude prise de parler avec les gens par écran interposé. C’est cette culpabilité à mettre le pied hors de chez soi en se demandant systématiquement si c’est absolument nécessaire (non, techniquement, pas forcément, mais pour la santé mentale, un peu quand même). C’est ce repli sur nous-mêmes quasi physique – voilà trois jours que j’ai l’impression d’avoir un nœud au plexus solaire.

Quelqu’un a une bonne romance à me conseiller pour enchaîner ?

En sortir 20 en 2020

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Je copie sans vergogne Sunalee, qui s’est elle-même inspirée d’une autre blogueuse, pour établir une liste de livres que j’aimerais sortir de ma PAL cette année. J’avoue que cet objectif est déjà en cours car je me suis rendu compte que, rien que sur Goodreads, j’avais 6 livres en instance au début de l’année, et qu’il fallait faire place nette !
Je n’ai pas racheté d’ouvrage en janvier, et je compte faire de même en février avant d’aller me ruiner sur le stand Actes Sud à Livre Paris en mars. Mais en attendant, voici ceux que je me propose de sortir – voire qui sont déjà sortis.

  • The smuggler wore silk, Alyssa Alexander
  • The heart goes last, Margaret Atwood
  • L’intégrale des haïkus, Basshô
  • Le cœur de l’Angleterre, Jonathan Coe
  • Autobiographie d’une esclave, Hannah Crafts
  • Frère d’âme, David Diop
  • L’absente, Lionel Duroy
  • Cachées par la forêt, Eric Dussert
  • Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci, Sigmund Freud
  • Cousin Kate, Georgette Heyer
  • Once upon a tower, Eloisa James
  • L’esclave islandaise, Steinunn Johannesdottir
  • Le lambeau, Philippe Lançon
  • I kissed an earl, Julie Anne Long (non terminé)
  • Les petites chaises rouges, Edna O’Brien
  • Rouge, histoire d’une couleur, Michel Pastoureau
  • Lady Pirate, Linsay Sands
  • Clélie, histoire romaine, Madeleine de Scudéry
  • Lady Smoke, Laura Sebastian
  • Mrs Dalloway, Virginia Woolf

Feminibooks Challenge 2019 – Janvier

Souvenez-vous, pour le premier mois du Feminibooks Challenge, il fallait lire une autrice pour la première fois. Pour m’a part, il s’agit de… Françoise Chandernagor.

Aussi étonnant que cela puisse paraître lorsqu’on connaît mon amour du roman historique et que l’on sait à quel point le téléfilm L’Allée du Roi a changé ma vie d’adolescente, je n’avais jamais ouvert un de ses ouvrages (je pense que l’épaisseur me rebutait un peu). Et encore plus étonnant, ce n’est pas vers ce titre que je me suis tournée, mais vers les deux premiers tomes de sa série La Reine oubliée : Les enfants d’Alexandrie et Les dames de Rome.
Ces romans suivent le personnage de Cléopâtre-Séléné, fille de Cléopâtre VII (la plus connue, celle des films) et de Marc-Antoine, sœur jumelle d’Alexandre-Hélios (si), d’abord lors de son enfance à Alexandrie, au milieu des ors des pharaons, puis à Rome quand, prisonnière de guerre après la défaite d’Actium, elle est éduquée au sein de la maisonnée d’Octavie, la sœur de l’empereur Auguste.

La romancière s’est énormément documentée, aussi bien sur la vie privée, les mœurs, que sur la politique, les croyances et l’art de la guerre. Le récit est extrêmement vivant, bien que pendant tout le premier tome j’ai eu l’impression de lire une version plus fouillée de l’épisode de Confessions d’Histoire consacré à Cléopâtre et Marc-Antoine.
En outre, son style est magnifique, et on se laisse volontiers porter par le souffle qui se dégage du texte. L’autrice excelle à narrer un événement, à transmettre un sentiment précis, qu’il soit positif ou négatif (j’avoue que l’introduction de chaque roman fut difficile à encaisser).

Ce fut une véritable découverte, qui m’a permis de débuter mon année littéraire du bon pied. J’ai très envie de lire le troisième et dernier tome de la série, mais j’ignore quand il sortira, ou même s’il sortira un jour… En attendant, il y a fort à parier que je lirai bientôt L’Allée du Roi !

Feminibooks Challenge

Lassée des challenges lecture proposés par Popsugar – catégories redondantes au sein d’une même liste, répétitives d’une année sur l’autre, très orientés “Amérique du Nord” (et pour cause), etc. – j’ai découvert sur Instagram ce nouveau défi proposé par Opalyne. Bon, j’avoue, c’est une autre personne qui en a parlé, je ne connaissais pas du tout cette blogueuse.

Le but est simple : réussir à lire un livre par mois orienté autour d’une thématique féministe. Si on y arrive, on peut ajouter les catégories bonus.

Je suis hyper enthousiaste, et j’ai déjà coché janvier et février, ainsi que deux catégories bonus (en choisissant des autrices différentes à chaque fois). Du coup, je me proposais de faire une note sur chaque “livre du mois”, est-ce que ça vous dirait ?

Bilan de lectures 2018

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2018 fut une année riche en lectures, davantage que ce que j’espérais. Avec l’arrivée du Paprika et le tournant de notre vie familiale, le rythme fut parfois chaotique, mais renvoyer Junior dans sa chambre avec sa sœur m’a au moins permis de lire avant de dormir, fût-ce quelques pages.
A la suggestion de Karine, je vais reprendre ici les livres qui m’ont le plus marquée.

La nuit la neige, Claude Pujade-Renaud
2018 fut l’année de la (re)découverte de Claude Pujade-Renaud. Après Dans l’ombre de la lumière, lu il y a quatre ans, j’ai été tout aussi émerveillée, secouée, transportée, poussée à la réflexion par les écrits de cette autrice, à laquelle j’ai même écrit une sorte de déclaration d’amour sur le blog Lectures Gourmandes.

L’autre moitié du soleil, de Chimamanda Ngozi Adichie
Une claque. Je pense qu’il n’y a pas d’autre mot pour définir ce roman qui m’a complètement happée. C’était dur, lumineux, écrasant, léger… une lecture incroyable, qui m’a beaucoup marquée.

Eugenia, de Lionel Duroy
Encore un roman difficile, sur un sujet pas du tout joyeux, mais qui me touchait de près : la persécution des Juifs en Roumanie, des années 30 à la fin de la seconde guerre mondiale, au prisme de l’amour entre l’écrivain Mihail Sebastian et son étudiante, Eugenia. J’ai été retournée, tant par l’histoire que par la plume de l’auteur.

Le foyer des mères heureuses, Amulya Malladi
Le sujet du livre, les mères porteuses rémunérées en Inde, est très actuel et m’a immédiatement parlé. L’autrice a eu l’intelligence d’aborder les deux aspects du sujet, celui de la mère d’intention, et celui de la mère porteuse, donnant à voir une situation sans juger.

Eva Luna, Isabel Allende
Ce n’est pas le perdreau de l’année, mais je n’avais jamais lu Isabel Allende jusqu’à ce qu’on m’offre ce roman. Et quel roman ! Une histoire incroyable, qui semble partir dans tous les sens mais qui “retombe sur ses pattes”, une écriture foisonnante, un souffle presque épique… J’ai adoré.

La nuit des béguines, Aline Kliner
Aline Kliner s’est emparée d’un sujet assez peu connu, celui des béguinages d’Europe du Nord au milieu du Moyen-âge, pour en tirer un récit vif et coloré sur la condition féminine face à la religion. C’était une très belle lecture, avec une évocation parfaite de la période – quand on sait à quel point je peux être chiante sur le sujet, ce n’est pas peu dire – et une écriture très fluide.

Un monde à portée de main, Maylis de Kérangal
J’adore Maylis de Kérangal depuis Réparer les vivants, mais je ne savais pas si le sujet me toucherait autant cette fois-ci. Mais oui. Cette histoire de trompe-l’oeil et de quête d’authenticité, de soi, m’a conquise. Il y a aussi, surtout, l’écriture de l’autrice, cette façon d’entraîner le lecteur dès la première phrase, de ne plus le lâcher – une forme de lecture “en apnée” dont on émerge un peu sonné mais fasciné.

Petit pays, de Gaël Faye
Je suis arrivée après la bataille, soit une fois que tout le monde a lu et s’est extasié sur ce livre. Mais que c’est justifié ! Cette évocation douce-amère de la fin de l’enfance, qui s’achève dans le bain de sang du nettoyage ethnique au Rwanda (même si le narrateur vit au Burundi) est à la fois saisissante et attendrissante. Un roman relativement court, mais très marquant.


Comme il n’y a pas que la littérature sérieuse dans la vie, j’ai quand même lu pas mal de romance – vous constaterez d’ailleurs que c’est devenu l’un des seuls genres que je lis en VO, car je lis désormais avec un oeil de traductrice, ce qui est assez crevant. 2018 fut l’année de belles découvertes, mais aussi de “romances-cacahuètes” (des bouquins qu’on enchaîne jusqu’à se sentir un peu nauséeux). J’en ai probablement moins lu que les années précédentes, mais j’ai découvert quelques belles séries.

Série Attitude, Marion Olharan
Marion Olharan est une copine depuis… longtemps, on va dire. Ce qui n’enlève absolument rien à son talent. Sa plume est vive, ses histoires drôles et attendrissantes, tout en étant ancrées dans la réalité, ses héroïnes ne s’en laissent pas conter…
Mon préféré de la série – qu’elle a malheureusement décidé d’abandonner après trois tomes – demeure Joaquin.

Série Colorado High Country, Pamela Clare (Tempting Fate)
J’adore les romances historiques de Pamela Clare, j’aime beaucoup la personne en tant que telle (j’ai eu la chance de la rencontrer), mais je n’avais jamais testé ses séries contemporaines. Grave erreur, c’est génial. Haletant, sexy, drôle, (très) bien écrit et documenté – l’autrice fut journaliste et ça se sent.
Ma préférence est allée à Tempting Fate, avec le ténébreux Chaska et la rescapée Naomi. J’ai beaucoup aimé l’incursion dans l’histoire des Lakotas, et la résilience de l’héroïne. Malgré cette couverture ratée.

Série The Hartigans, Avery Flynn
J’ai beaucoup entendu parler d’Avery Flynn sur les réseaux sociaux. The Hartigans n’est pas sa première série, mais elle est novatrice en ce qu’elle met en scène des héroïnes proches de la réalité : l’une est laide (vraiment), l’autre est grosse (pas une taille 44, mais plutôt 54), etc. Chacune trouve l’amour en affrontant ses démons mais sans pour autant se laisser écraser par le mâle alpha devant elle. Et les personnages ont de l’humour.
Seuls les deux premiers tomes, Butterface et Muffin Top, sont sortis. J’ai hâte de lire la suite, et si une maison d’édition veut me confier la série, ce sera avec joie.


Cette année a été riche en découvertes heureuses ! Je fais peut-être davantage confiance à mon instinct ? Car il y a eu aussi quelques flops. Pas de lecture insupportable, mais plutôt des livres dont j’attendais beaucoup et qui m’ont déçue.
Plus encore qu’à mon habitude, mes goûts m’ont portée vers l’histoire des Juifs (et de leurs persécution) et la condition féminine. Des pistes pour 2019?

L’âge d’or

La légende parle d’un “âge d’or, où vallées et montagnes n’étaient entravées d’aucune muraille. Où les hommes allaient et venaient librement…” Mais ce temps lointain est bien révolu. Le royaume est accablé par la disette et les malversations des seigneurs de la cour. À la mort du vieux roi, sa fille Tilda s’apprête à monter sur le trône pour lui succéder. Avec le soutien du sage Tankred et du loyal Bertil, ses plus proches conseillers et amis, elle entend mener à bien les réformes nécessaires pour soulager son peuple des maux qui l’accablent. Mais un complot mené par son jeune frère la condamne brusquement à l’exil. Guidée par des signes étranges, Tilda décide de reconquérir son royaume avec l’aide de ses deux compagnons. Commence alors un long périple, où leur destin sera lié à “L’âge d’or”.


J’ai découvert cette bande dessinée par hasard, en traînant chez mon dealer libraire. La couverture m’a attirée, le résumé m’a intriguée, du coup je suis repartie avec, en dépit de son prix assez élevé (32€ quand même).

Ce fut un coup de cœur. J’ai adoré le dessin de Cyril Pedrosa, à la fois nerveux et somptueux, sa façon de jouer avec les couleurs qui apporte vraiment une touche “enluminure” à l’ouvrage. Les teintes dominantes expriment, autant que le dessin, l’émotion qui domine dans la case. En quelques traits, l’artiste parvient à suggérer le mouvement, le rêve, la confusion, l’action…
Le scénario développé par Roxanne Moreil n’est pas en reste. L’oeuvre aborde des sujets comme le pouvoir et ses effets sur l’être humain, la justice, la place des femmes, et questionne sans cesse les motivations de ses personnages. Tout n’est pas ce qu’il semble être, et on prend beaucoup de plaisir à découvrir cet univers médiévalisant et fouillé, auréolé d’une touche de magie.

Alors certes, ce n’est pas donné. Mais en cette période de fête, c’est une excellente BD à (faire) glisser sous le sapin. Je recommande chaleureusement !

L’âge d’or, tome 1, Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil, Dupuis, 32€

Eva Luna

Elle s’appelle Eva, qui veut dire vie, sa mère ayant voulu qu’elle y morde à belles dents ; Eva Luna, parce qu’elle fut conçue par un Indien de la tribu des Fils de la Lune piqué par un aspic, que sa mère arracha à l’agonie en lui faisant l’amour. Petite bonniche rebelle et émerveillée, écoutant aux portes et abreuvée de feuilletons radiophoniques, elle a le don d’inventer des histoires rocambolesques, improbables, renversantes, drôles et dramatiques comme la vie même, ce qui lui vaudra plus tard de sortir de la misère, de la servitude et de l’anonymat. Entre-temps, son destin aura croisé celui de dizaines de personnages plus hauts en couleur les uns que les autres – grand-mère Elvira, qui couche dans son cercueil et sera sauvée par cette arche de fortune lors d’une inondation catastrophique; la Madame, puissante maquerelle de la capitale, et Mimi, travesti promu star de la télévision nationale; Huberto Naranjo, gosse de la rue qui grandira dans les maquis de la guérilla; oncle Rupert et tante Burgel, aubergistes et fabricants de pendules à coucous dans un village danubien au cœur des montagnes tropicales;  et un dictateur, un tortionnaire au gardénia à la boutonnière, un commerçant moyen-oriental au cœur tendre et aux caresses savantes, sa femme Zulema, vaincue par la fatigue de vivre, l – sans oublier Rolf en qui Eva reconnaîtra l’homme de sa vie, puisque à en vivre une, il lui faut bien concevoir que certaines histoires finissent bien.


C’est une amie grecque qui m’a parlé de ce livre et me l’a offert peu après. D’Isabel Allende, je n’avais rien lu, même si j’avais entendu parler d’elle et que je connaissais le titre de son roman le plus célèbre, La maison aux esprits. Pour tout dire, je la croyais même apparentée à Salvador Allende (la Française qui n’y connaît rien en histoire de l’Amérique du Sud, c’est moi).

A lire le résumé, on pourrait craindre le fouillis total et l’absence de fil conducteur dans ce récit. D’ailleurs, on ne comprend pas trop de quoi ça va parler. En fait, c’est Eva Luna elle-même qui nous guide dans cette histoire, son histoire, tissée de milliers d’anecdotes, de détails, de sensations. Et on se laisse happer avec facilité, et même passion, dans ce roman aux multiples rebondissements.
Isabel Allende a un talent incroyable pour faire se rejoindre tous les détails émiettés tout au long du récit, les personnages se croisant parfois sans se (re)connaître, les souvenirs de telle anecdote trouvant un dénouement plusieurs dizaines voire centaines de pages plus loin. Le style est foisonnant sans être lourd, et entraîne dans une espèce de flot le lecteur, pour peu qu’il accepte de se laisser porter (personnellement, je n’ai eu aucun mal, je voulais à tout prix connaître la suite des aventures d’Eva Luna).
Mais surtout, j’ai adoré le personnage principal, cette petite fille qui devient femme sans jamais se renier, en apprenant de tout ce et tous ceux qui l’entourent, qui revendique sa liberté aussi bien intellectuelle que physique, qui trouve dans la magie des mots et de l’écriture de quoi se construire, s’affirmer. C’est un personnage presque épuisant par son énergie, mais formidable par le modèle qu’il offre.

2018 Reading challenge : A book you borrowed or that was given to you as a gift