Voilà des semaines – et même, en toute sincérité, plusieurs années – que le climat se tend et que la société se polarise. Voilà des semaines que, chaque jour, les réseaux sociaux me crachent leur mépris à la figure. Parce que je n’ai pas l’heur de penser la même chose que certains membres de mon entourage – ceux qui généralement s’expriment le plus fort, parce que j’ai la faiblesse de penser qu’il faut encourager les compromis, parce que je nourris une défiance viscérale à l’égard des mouvements de masse, quels qu’ils soient.
C’est insidieux, jamais frontal, mais la condescendance et le dégoût qui suintent de certains propos me frappent au cœur. C’est sans doute idiot, ce ne sont jamais que des “paroles” électroniques, hâtivement rédigées, hâtivement oubliées. Mais très franchement, vivre dans cette espèce de monde où si l’on n’est pas avec quelqu’un alors on est contre lui me fatigue.
Se rendent-ils compte, ces gens-là, du mal qu’ils font ? Outre que, personnellement, plus on me serine un truc, moins j’ai envie de l’écouter – ce qui leur porte sans doute préjudice – se rendent-ils compte que tous ces commentaires, toutes ces “plaisanteries” d’un goût plus ou moins douteux, toutes ces formules assassines se cumulent et finissent par blesser réellement ? Ces derniers jours, j’éprouve une sorte de souffrance morale sans cesse entretenue. C’est comme une plaie qui suppure et qu’on viendrait rouvrir systématiquement.
Vous me direz : rien de plus facile, il n’y a qu’à abandonner les réseaux sociaux, se protéger. Je pourrais, oui. Mais outre que je n’ai pas envie de céder le terrain, que je considère toujours Facebook comme ma fenêtre de divertissement, j’y suis aussi en contact avec des gens très bien et je peux y raconter plein de bêtises. Alors non, je ne me priverai pas de certains plaisirs à cause de quelques fâcheux.
Mais promis, dès demain, je recommencerai à me taire.
Moi j’ai opté pour la fuite (des réseaux sociaux). Et c’est sans regret aucun!