Au xvie siècle, à Chypre, dans le port de Famagouste, le général Otello arrive avec son navire après avoir vaincu la marine turque en Méditerranée et assuré l’autorité vénitienne sur Chypre mais la jalousie, le complot et la vengeance mènent à la tragédie.
Nous sommes allés voir cet opéra de Verdi, adapté de la pièce éponyme de Shakespeare, vendredi soir à Budapest. L’occasion nous permettait à la fois de voir nos amis – même si ces messieurs auraient sans doute préféré une soirée dans un bar – et de profiter d’un moment de musique. J’avoue que si nous avions eu le choix de la programmation, nous ne serions sans doute pas aller écouter Verdi, que je n’apprécie que moyennement, mais on n’allait pas faire la fine bouche.
L’opéra de Budapest est un très beau bâtiment, dont l’extérieur évoque un mélange entre le Palais Garnier et l’opéra de Vienne, et l’intérieur ressemble à une miniature du Palais Garnier. Des marbres colorés, des lustres, de vastes escaliers… n’en jetez plus. La salle, dorée et rouge, ornée d’une immense fresque au plafond, est tout en bois, ce qui offre une excellente acoustique. En plus, comme la vie est très peu chère en Hongrie, nous avons eu d’excellentes places au parterre pour une soixantaine d’euros (à comparer aux 150-200€ à Paris).
L’orchestre, dirigé par Balázs Kocsár, était à la hauteur de la partition, tout en puissance, sans pour autant surjouer les moments d’intensité. Comme toujours chez Verdi, ça fait “poum, poum, poum”, mais l’ensemble dégageait une belle énergie.
J’ai eu un coup de cœur pour Mihály Kálmándy dans le rôle de Iago. Une vraie présence, un air inspiré dans la malfaisance, et un beau timbre de baryton, c’était sans doute le meilleur interprète de la soirée, bien que les autres ne soient pas en reste. Rafael Rojas en Otello était bon, mais un peu en dessous de Iago. en Desdemona, qui remplaçait au pied levé la chanteuse programmée à l’origine, a su tirer son épingle du jeu, en particulier dans la deuxième partie et juste avant son agonie.
En revanche, la mise en scène m’a laissée… dubitative, dirons-nous. Très sombre, très lourde en symboles, elle nous a donné une impression de “pas fini” : comme si le metteur en scène avait eu plusieurs idées qu’il n’avait pas exploitées à fond (les cordes / nœud du destin ; la forêt de main ; les deux symboles au centre la scène…). Et puis, avouons-le, le côté “totalitaire” dans une mise en scène, ça commence à être archi-vu.
Au final, nous avons passé une très bonne soirée. Contrairement à mes craintes, l’Anglais n’a pas été rebuté et a accepté l’éventualité de reconduire l’expérience de l’opéra (victoire !).