En Palestine, les Israélites sont réduits en esclavage par les Philistins, mais cherchent à se libérer de ce joug. Samson, l’un des guerriers israélites, mène un soulèvement qui s’avère dangereux pour leurs oppresseurs. Ces derniers se tournent alors vers Dalila, qui fut autrefois l’amante de Samson, pour apprendre le secret du héros et le réduire à l’impuissance…
Tout le monde connaît l’histoire de Samson et Dalila, donc inutile que je continue de poursuivre le résumé. Cet opéra de Camille Saint-Saëns effectue son grand retour à l’Opéra de Paris après vingt-cinq ans d’absence. Je n’y connais rien à l’oeuvre du compositeur (c’est un peu un leitmotiv de la saison cette année, j’y vais le nez au vent), mais le propos semblait intéressant et Leen était très enthousiasmée par la voix de la mezzo qui interprète Dalila.
Allez, pas de suspense : c’est très beau. La musique est magnifique et très bien dirigée par Philippe Jordan qui confesse, dans le programme, son coup de foudre pour le compositeur et sa capacité à synthétiser différentes influences. Et force est de constater le génie de Saint-Saëns, qui charme, raconte, suscite toute une palette d’émotions qui m’ont transportées.
Anita Rachvelishvili dans le rôle de Dalila est superbe. Outre que c’est agréable d’entendre une mezzo dans un rôle principal, il faut surtout souligner sa voix tour à tour puissante, légère ou vive, capable d’accents enjôleurs comme de la froideur la plus cruelle. Face à elle, Aleksandr Antonenko a été plus lent à démarrer : moyennement convaincant dans le premier acte – sa voix ne semblait pas assez “chauffée” – il gagne en peu à peu en puissance, jusqu’à exploser dans la magnifique lamentation qui ouvre le troisième acte.
Les seconds rôles, en particulier Nicolas Cavallier dans le rôle du vieillard hébreu, ne sont pas en reste. Si Egils Silins – déjà vu dans La Walkyrie – était parfois un peu couvert par l’orchestre, on sent toutefois qu’il s’amuse dans ce rôle de méchant cruel et calculateur. Enfin, les chœurs étaient fantastiques. Depuis quelques années, j’ai l’impression que leur niveau a beaucoup augmenté (ou alors j’y prête davantage attention), et cette fois encore, c’était à la hauteur. Les chœurs sont essentiels à cette oeuvre et ont grandement contribué à faire de ce spectacle une réussite.
Un bémol néanmoins : la mise en scène. Le principe de Damiano Michieletto était de défaire les personnages de leur appartenance religieuse pour se concentrer sur l’humain, ce qui est sans doute une bonne idée. Toutefois, il aurait peut-être fallu ne pas souligner à gros traits l’aspect totalitaire et fascisant des Philistins et, en particulier, nous épargner l’horrible scène de pogrom du premier acte. Celle-ci m’a mise tellement mal à l’aise que j’en ai pleuré, et me suis demandé si j’allais devoir sortir avant la fin. J’ai trouvé ce genre de symbolisme lourd et inutile. Les second et troisième actes étaient meilleurs, mais cette représentation a gardé un goût amer tout du long.
Samson et Dalila, Opéra Bastille, jusqu’au 5 novembre