Il y a quelques semaines, quand j’ai appris l’ouverture d’un escape game au Palais Garnier pour l’été, j’ai fait des bonds de cabri. Voilà qui promettait d’être amusant et divertissant, même si j’avais du mal à envisager comment les organisateurs allaient gérer le tout. Marion était du même avis que moi et, après force atermoiements et une grosse bataille pour trouver une date, nous avons fini par nous y rendre dimanche.
Le pitch est assez simple et reprend celui du Fantôme de l’Opéra : le “fantôme” a décidé de faire payer le directeur de l’opéra alors que la générale de La flûte enchantée doit débuter. Il a donc subtilisé un morceau de la partition et trouvé le moyen de rendre aphones tous les chanteurs. Les joueurs, en tant qu’invités du directeur, sont appelés à la rescousse et ont une heure pour retrouver les notes et reconstituer la partition dérobée (pour les chanteurs, qu’ils se démerdent).
Bon. C’était pas terrible. Si l’idée de base est bonne, que le décor est somptueux (forcément), et que la scène d’introduction fait un véritable effort de jeu d’acteurs, le reste est assez faible ou pas très bien conçu.
Déjà, le jeu a lieu dans le Palais Garnier ouvert aux visiteurs lambda : les joueurs doivent donc porter un masque blanc (ultra inconfortable, on finit tous par le mettre sur le front) pour que les PNJ les repèrent. Ensuite, c’est l’abattage : je dirais qu’il y a une centaine de joueurs, toutes les demi-heures. Oui, vous avez bien lu : toutes les 30 minutes, une nouvelle fournée de joueurs débarque, alors même que l’introduction dure un bon quart d’heure, et qu’on se marche dessus dans le grand escalier.
Le jeu est proposé en anglais et en français, ce qui est un bon point pour les visiteurs étrangers. Malheureusement, comme souvent en France, leur partie introductive est réduite à portion congrue. En outre, pour faciliter la communication, les PNJ sont muets et ne s’expriment que par signes, du coup leur jeu est singulièrement réduit, ce qui est dommage (sauf l’ouvreuse, mais qui est du coup un peu assaillie).
Enfin, les énigmes sont assez basiques, ce qui est compréhensible et acceptable, vu que l’idée est d’attirer le plus grand nombre de personnes, qui pour certaines n’auraient pas mis les pieds ici ; la production insiste notamment sur l’aspect familial du jeu, et il est vrai que nous avons vu des enfants même jeunes. Le souci, à mon sens, c’est que ces énigmes n’ont que peu de rapport avec l’histoire du Palais Garnier : certes, on est “forcé” de prêter attention au très beau décor, on peut s’aventurer dans la salle ou les loges, gravir le grand escalier, mais cela concerne 4 ou 5 énigmes sur 8. Marion et moi avons résolu l’intégralité des énigmes en 35mn (sachant qu’on s’est pris le chou 10mn sur la première).
A titre personnel, j’ai également trouvé la fin très insatisfaisante. J’aurais au moins voulu une apparition du fantôme ou une conclusion qui ne force pas à scanner le QR code du programme !
Quitte à créer un bel escape game, j’aurais préféré une soirée ou une après-midi où l’Opéra aurait été privatisé, et j’aurais même été disposée à payer davantage pour une expérience plus immersive, du type de celle vécue avec Prizoners. Après, je conçois que la présence dans un monument historique réduit considérablement la marge de manœuvre des organisateurs.
Vous l’aurez compris, je ne recommande pas franchement ce jeu. Ce n’est pas un escape game, et en pleine canicule à Paris, on souffre de l’absence de ventilation / climatisation digne de ce nom. Tout n’est néanmoins pas à jeter : ce peut être une façon originale de découvrir les lieux, notamment avec des enfants.
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