Voici deux-trois ans que, chaque fin mai, je vois passer les comptes-rendus et les statuts d’amis et de contacts se rendant aux Imaginales, pour généralement conclure par un “C’était génial mais trop court” collectif. Les Imaginales, c’est un festival de l’imaginaire, et notamment de la littérature de l’imaginaire, qui se tient tous les ans à Epinal.
Aussi quand, en janvier dernier, AnneEli m’a proposé de partager sa chambre (et son lit !) là-bas, je me suis dit que je n’allais pas mourir idiote et que ce serait l’occasion de voir “en vrai” plein de gens avec qui j’interagis de façon virtuelle.
Départ vendredi pour une arrivée en début d’après-midi. Cela fait deux jours que je m’interroge sur le contenu de ma valise vu le temps pour le moins changeant qu’on nous annonce et, bien évidemment, j’arrive trop couverte pour le soleil qui commence à taper. Le festival est installé dans le parc principal de la ville, sur la rive de la Moselle, et comprend à la fois une “bulle du livre” où l’on retrouve les auteurs en dédicace, les stands des petites maisons d’édition, quelques librairies d’occasion et… la buvette, ses fauteuils et sa terrasse, qui deviendront le QG du week-end.
Je discute avec mes connaissances et en fais de nouvelles pendant une bonne partie de l’après-midi, reçois une super nouvelle de boulot dont je ne veux rien dire pour l’instant et qui me fait sautiller sur mon fauteuil, au grand dam de mon aimable voisine, avant de remonter me rafraîchir pour le traditionnel dîner du vendredi à la crêperie. Comme je suis une fille chanceuse, je me retrouve coincée entre une galette au munster et une au roquefort. Nous bavassons et achevons relativement tôt la soirée au pub irlandais, car nous sommes en fait tous plus ou moins recrus de fatigue. AnneEli et moi regagnons notre chambre où nous discutons près d’une heure, jusqu’à ce que, ayant pitié de mes paupières qui se ferment toute seule, ma camarade de chambrée sonne l’heure du couvre-feu.
Samedi matin, j’ouvre l’œil beaucoup trop tôt, en ayant l’impression de sortir du coma (en fait, c’est juste que, n’ayant pas à me soucier du réveil de la Crevette, j’ai dormi très profondément et j’ai plus l’habitude). Nous partons sous un fin crachin humide et froid, et nous réfugions à la bulle du livre, dont nous ne bougerons pas beaucoup.
J’arpente un peu nonchalamment les allées tout en essayant de ne pas me faire alpaguer par les représentants des maisons d’édition, et finis par fouiller dans les bacs et dégoter un recueil de romans gothiques de la collection “Bouquins”, que j’avais offert à mon ex il y a fort fort longtemps, pour la modique somme de 5€.
En milieu de matinée, Lucy me rejoint et nous échangeons les dernières nouvelles depuis le Salon du Livre tout en faisant un sort à la délicieuse tablette de Zaabar à la fève tonka offerte par Gasparde. Il fait froid et les projets de pique-nique ne sont pas très engageants, nous finissons par nous replier dans la chambre après un détour au Monoprix. S’ensuit une longue discussion à trois avec AnneEli, avant de regagner le festival.
Pendant que Lucy est à la conférence de Kim Newman, j’en profite pour racheter Bordemarge, cette fois au format papier, pour réclamer une dédicace en bonne et due forme à Emmanuelle. Dans la foulée, je me fais dédicacer le dernier roman de Silène Edgar – croisée au petit déj mais qui ne m’a pas reconnue – Adèle ou les noces de la reine Margot.
Alors qu’on m’avait proposé – et que j’avais accepté – de participer au dîner Brage, je finis par renoncer quand, prise d’une inspiration soudaine, je m’aperçois qu’Armalite et Chouchou repartiront tôt le lendemain et que je serai sans doute plus à mon aise au milieu de mes connaissances qu’avec tous ces auteurs de fantasy qui se demanderont ce que je peux bien faire ici.
La nourriture est délicieuse (malheureusement, j’ai le temps de tout digérer entre chaque plat, si bien que je pars en ayant un peu faim), l’ambiance amicale, Hélie et moi échangeons des blagues particulièrement relevées (je suis particulièrement fière de mon “Indien vaut mieux que deux tu l’auras”), et la soirée est très réussie. Devant l’épuisement et le manque d’enthousiasme général, retour à l’hôtel et nouvelle discussion prolongée avec AnneEli.
Dimanche, le réveil est difficile… Trois jours à ne pas dormir suffisamment et à crapahuter toute la journée, ça me fait un mois de sport. Nous regagnons la bulle pour le rituel rendez-vous et passons tranquillement la matinée à discuter. A l’heure du déjeuner, le soleil a eu le bon goût de se lever et nous colonisons la terrasse pour déguster le délicieux cake madeleine pommes-fraises de Ju’ Li’. A mesure que l’après-midi s’écoule, nous saluons les partants, tandis que je garde un oeil sur ma montre.
A 16h, il est temps de retrouver Editeur Chéri pour une parler boutique. Nous abordons mon prochain travail, ma traduction en cours, l’état des lieux de la romance, un projet qui me tient à coeur, de nouvelles pistes à explorer… Le bilan est plutôt positif quoiqu’un peu réservé. Tout en discutant, nous retrouvons le reste de l’équipe Brage pour récupérer nos bagages et rejoindre la gare.
Je lutte pour ne pas m’endormir dans le train et finis par regagner mes pénates en milieu de soirée, complètement claquée, mais pour découvrir que l’Anglais a rangé son bureau et notre chambre, et qu’il y a une bouteille de champagne au frigo.
Rétrospectivement, j’ai passé un bon week-end avec mes amis et mes nouvelles connaissances, et ce fut très agréable. Toutefois, vu que je me suis peu à peu désintéressée de la fantasy – j’étais une grande fan de Robin Hobb, j’avais largement la possibilité de lui faire dédicacer un bouquin, mais je ne l’ai pas fait, c’est dire – et que je m’étais fixée une limite très stricte sur les achats de livres, on aurait tout aussi bien pu louer une grande baraque dans un coin de France et passer le week-end à discuter, lire, boire du thé et manger un barbecue. Du coup, je réitérerai sans doute l’expérience, mais plus pour les rencontres que pour la culture !