Le couronnement de Poppée

A défaut d’avoir beaucoup d’activités cette semaine, je recycle mes dernières aventures.

Cette année encore, j’avais souscrit un abonnement à l’Opéra de Paris avec des amies. Nous étions cinq et avions prévu de voir sept spectacles. Bien entendu, celui que j’attendais le plus (“La flûte enchantée”, l’un de mes opéras préférés) m’a été interdit puisque je venais d’accoucher.

Fin juin, donc, en clôture de la saison, nous sommes allées voir “L’Incoronazione di Poppea”, de Monteverdi, considéré comme le premier opéra moderne. Pour être honnête, j’adore la musique baroque, mais les quelques commentaires glanés çà et là n’étaient guère encourageants : en gros, on risquait de s’emmerder franchement pendant trois heures (en buvant des coups à l’entracte pour tenir). Le principal truc à retenir, c’était “les costumes sont beaux”. Ah bah oui. Ca va nous occuper, tiens.

La fosse d'orchestre est un peu vide...
La fosse d’orchestre est un peu vide…

Première constatation : il y a à peine une douzaine de musiciens dans la fosse. Bah oui, on est encore loin de l’orchestre symphonique. Mais cela change agréablement, la musique me paraît plus douce, presque “floue”.

Seconde constatation quand le rideau se lève : j’avais oublié que je n’aime pas les mises en scène de Bob Wilson. C’est dommage. En gros, le maquillage est exagéré comme pour des acteurs de kabuki, les costumes sont renaissance (qu’on m’explique pourquoi vu que c’est une oeuvre du 17ème siècle censée se dérouler dans la Rome antique…) et les poses sont statiques. Je pense que l’idée est de mettre l’emphase sur le côté implacable de l’histoire et la détermination de l’héroïne à devenir reine, mais je trouve ça lourd. Après, mes co-spectatrices ont adoré. Je dois vraiment être hermétique à l’art contemporain.

Et là j'ai entendu "Le monologue shakespearien" de Vincent Delerm
Et là j’ai entendu “Le monologue shakespearien” de Vincent Delerm

En revanche… on ne s’est pas ennuyées une seconde. Malgré son (très) long argument, l’histoire se déroule sans anicroche, mêlant drame et comédie. L’un des aspects que j’ai préféré était l’inversion des rôles : deux rôles masculins (dont l’un des héros) étaient tenus par des femmes, tandis que les deux rôles de servantes/nourrices étaient tenus par des hommes. Ces derniers sont d’ailleurs les véritables ressorts comiques de l’intrigue, jouant à merveille les vieilles acariâtres. Pour ne rien gâcher, l’interprétation est remarquable. Les chanteurs enchaînaient les morceaux de bravoure avec une aisance impressionnante et les musiciens n’étaient pas en reste. Bon, on a eu une pensée émue pour les deux cornistes à bouquin : ils intervenaient cinq minutes dans l’avant-dernier morceau, et on les a surpris à suivre le match de l’équipe de France sur leur téléphone…

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Au final, la soirée fut une grande réussite, couronnée de champagne pour célébrer la fin de la saison et le probable départ de Cha² sous d’autres cieux. L’an prochain, sans doute pas d’abonnement car on s’y est prises très tard (je crois même que c’est mort), mais j’essaierai de continuer à fréquenter les lieux, car c’est vraiment le genre de soirée qui me vide la tête au bon sens du terme.