Dimanche matin, bravant la foule (et le joueur de clarinette fou), j’ai retrouvé Lucy qui effectuait une virée parisienne en célibataire, afin d’aller visiter cette exposition qui nous tenait à cœur. Après 50 minutes d’attente (aucune de nous n’avait songé à réserver…), nous avons enfin été admises dans le saint des saints le hall d’entrée.
L’exposition retrace l’oeuvre d’Elisabeth Louise Vigée Le Brun dans l’ordre chronologique, depuis ses œuvres de jeunesse jusqu’aux dernières toiles, composées quelques années avant sa mort.
La richesse des tableaux exposées est impressionnante : on retrouve beaucoup de portraits très célèbres, certains conservés au Musée du Château de Versailles ou dans d’autres établissements prestigieux, dont la fameuse représentation de Marie-Antoinette et ses enfants, hautement symbolique et politique.
C’est en effet grâce à ses talents de portraitiste qu’Elisabeth Louise sut se démarquer et gagner la faveur de la famille royale et de la cour et, par conséquent, de la ville. Mais la peintre était aussi douée pour se mettre en scène, se faisant représenter par des amis artistes, et réalisant plusieurs auto-portraits. Ceux avec sa fille, en particulier, sont encore aujourd’hui très connus en ce qu’ils incarnaient un modèle d’amour maternel mis en vogue par les écrits de Rousseau.
Prise dans le courant de la Révolution, jugée trop proche du pouvoir royal pour être honnête, Vigée Le Brun est forcée de fuir la France, d’abord en Italie, où elle pense passer quelques mois, avant de gagner l’Empire et la Russie (elle sera même admise à l’Académie de Saint-Pétersbourg). A chacune de ses étapes, l’artiste portraiture la bonne société, souvent la jeunesse dorée, donnant un visage aux noms célèbres de l’Europe d’alors. Ses portraits russes, notamment, peu connus en France car un seul y est conservé, rappellent très nettement ceux qu’elle a pu réaliser sous l’Ancien Régime.
Après son retour en France, Vigée Le Brun séjournera encore plusieurs années en Angleterre et se rendra à de multiples reprises en Suisse, y puisant l’inspiration pour un nouveau genre, la peinture de plein air.
Plus qu’une rétrospective consacrée à une artiste, le Grand Palais nous offre le portrait d’une femme talentueuse, qui sut mettre ses pinceaux au service des plus grands et, surtout, de sa propre ambition (soit dit sans la moindre connotation péjorative). Quand on sait à quel rôle les femmes étaient facilement réduites à l’époque, cette carrière est particulièrement brillante.
Tout, dans cette exposition, m’a plu : la profusion des œuvres et des techniques (huile, pastel, craie…), les cartels en trois langues (et oui, tout le monde ne parle pas français), les nombreuses citations des Mémoires de l’artiste… A la rigueur, j’aurais juste aimé en savoir un tout petit peu plus sur sa relation avec sa fille, mais c’est vraiment pour chipoter.
En un mot comme en cent : courez-y, ça vaut largement son prix.