Elisabeth Vigée Le Brun au Grand Palais

vigée Le BrunDimanche matin, bravant la foule (et le joueur de clarinette fou), j’ai retrouvé Lucy qui effectuait une virée parisienne en célibataire, afin d’aller visiter cette exposition qui nous tenait à cœur. Après 50 minutes d’attente (aucune de nous n’avait songé à réserver…), nous avons enfin été admises dans le saint des saints le hall d’entrée.
L’exposition retrace l’oeuvre d’Elisabeth Louise Vigée Le Brun dans l’ordre chronologique, depuis ses œuvres de jeunesse jusqu’aux dernières toiles, composées quelques années avant sa mort.

photo (81)La richesse des tableaux exposées est impressionnante : on retrouve beaucoup de portraits très célèbres, certains conservés au Musée du Château de Versailles ou dans d’autres établissements prestigieux, dont la fameuse représentation de Marie-Antoinette et ses enfants, hautement symbolique et politique.
C’est en effet grâce à ses talents de portraitiste qu’Elisabeth Louise sut se démarquer et gagner la faveur de la famille royale et de la cour et, par conséquent, de la ville. Mais la peintre était aussi douée pour se mettre en scène, se faisant représenter par des amis artistes, et réalisant plusieurs auto-portraits. Ceux avec sa fille, en particulier, sont encore aujourd’hui très connus en ce qu’ils incarnaient un modèle d’amour maternel mis en vogue par les écrits de Rousseau.

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Prise dans le courant de la Révolution, jugée trop proche du pouvoir royal pour être honnête, Vigée Le Brun est forcée de fuir la France, d’abord en Italie, où elle pense passer quelques mois, avant de gagner l’Empire et la Russie (elle sera même admise à l’Académie de Saint-Pétersbourg). A chacune de ses étapes, l’artiste portraiture la bonne société, souvent la jeunesse dorée, donnant un visage aux noms célèbres de l’Europe d’alors. Ses portraits russes, notamment, peu connus en France car un seul y est conservé, rappellent très nettement ceux qu’elle a pu réaliser sous l’Ancien Régime.
Après son retour en France, Vigée Le Brun séjournera encore plusieurs années en Angleterre et se rendra à de multiples reprises en Suisse, y puisant l’inspiration pour un nouveau genre, la peinture de plein air.

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Plus qu’une rétrospective consacrée à une artiste, le Grand Palais nous offre le portrait d’une femme talentueuse, qui sut mettre ses pinceaux au service des plus grands et, surtout, de sa propre ambition (soit dit sans la moindre connotation péjorative). Quand on sait à quel rôle les femmes étaient facilement réduites à l’époque, cette carrière est particulièrement brillante.
Tout, dans cette exposition, m’a plu : la profusion des œuvres et des techniques (huile, pastel, craie…), les cartels en trois langues (et oui, tout le monde ne parle pas français), les nombreuses citations des Mémoires de l’artiste… A la rigueur, j’aurais juste aimé en savoir un tout petit peu plus sur sa relation avec sa fille, mais c’est vraiment pour chipoter.

En un mot comme en cent : courez-y, ça vaut largement son prix.

Jean-Paul Gaultier au Grand Palais

Après deux expositions “sérieuses” sur des thèmes assez classiques, mercredi fut consacré à la découverte de la rétrospective que le Grand Palais consacre à Jean-Paul Gaultier. Grâce aux amies titulaires de la carte culture, nous avons pu griller la file, mais je ne saurais trop vous conseiller de réserver vos places à l’avance.

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Après une rapide chronologie ainsi qu’une explication sur les origines de la vocation de JPG, que l’on pourrait considérer comme “la jeunesse” (assistant chez Pierre Cardin, collaboration chez Dior), on découvre les créations personnelles du couturier (qui a ouvert sa propre maison à 24 ans).

Et là, on en prend plein les yeux, tant dans les tenues présentées que dans la muséographie : outre les traditionnels mannequins revêtus des somptueuses créations que nous avons pu admirer à la télé lors du reportage bisannuel sur “les nouvelles collections”, certains d’entre eux ont été modelés pour prendre les traits de muses, mannequins ou de JPG himself. L’expérience est un peu déroutante, mais pas inintéressante, surtout lorsque le mannequin se met à parler avec la voix de son modèle.
On peut également admirer un défilé sur podium avec un front row dont toutes les places ont été attribuées à des personnalités ayant un lien particulier avec le couturier. J’ai beaucoup apprécié cette partie, notamment les descriptions à haute voix de certaines tenues.

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L’exposition aborde ensuite les collaborations avec des muses, notamment les artistes. Outre Madonna, bien évidemment, on croise Beth Ditto, Kylie Minogue ou Mylène Farmer, qui toutes lui ont commandé des tenues de scènes. On notera au passage la délicatesse des commissaires qui n’ont rien trouvé de mieux que d’enfiler la tenue de Beth Ditto… sur un mannequin masculin. Classe.

En filigrane, on suit un parcours thématique autour des grandes influences du couturier : le tartan, le corset, l’ethnique… Ainsi qu’une rapide rétrospective des costumes créés pour la scène et le cinéma.

Au final, on en voit vraiment beaucoup, c’est impressionnant. Je ne crois pas avoir déjà vu autant de pièces dans une exposition consacrée au costume, mais je n’en ai fait que très peu sur les créateurs contemporains. La présentation est bien faite, plutôt innovante, et on pourrait toucher du doigt certaines tenues (je ne plaisante pas, j’en ai vu le faire).
Quelques regrets : il y a du monde, et je vous conseille fortement d’éviter les périodes de forte affluence ; j’aurais aimé que la partie consacrée au cinéma soit plus développée (on ne voit que quelques esquisses préparatoires pour Le cinquième élément, par exemple) ; et la boutique ne propose pas de carte postale des vêtements, uniquement des portraits ou des logos.

Jean-Paul Gaultier, Grand Palais, jusqu’au 3 août

Icônes américaines

Ce week-end, à l’occasion de la visite parisienne de Miss Sunalee, Shermane, Malena et moi en avons profité pour faire un peu de visite culturelle. Si je n’ai pas pu les accompagner samedi, j’ai néanmoins accepté avec enthousiasme d’aller à l’exposition Icônes américaines au Grande Palais.

afficheiconesL’exposition présente des œuvres très célèbres du San Francisco Museum of Modern Art, actuellement en rénovation. L’idée est d’offrir un panorama de la création contemporaine américaine depuis l’après-guerre, en se fondant sur la collection Doris et Donald Fischer, fondateurs de la marque Gap.

Les supports sont divers : sculpture en métal, installations, toiles, dessins au crayon, mobiles… l’avantage de l’art contemporain, c’est que cela a bien souvent un côté ludique. Outre les artistes extrêmement connus comme Roy Lichtenstein ou Andy Warhol, j’en ai découvert d’autres – je suis une bille en art moderne et contemporain, c’est affligeant. Ainsi, j’ai beaucoup aimé le travail de Chuck Close, qui réalise des portraits qui, de près, sont en réalité le résultat de différentes cellules peintes individuellement pour que la nuance et le mouvement impriment du relief à l’image (exemple ci-dessous).sf_moma_0 (1)Si vous êtes myope, c’est encore mieux, vous n’avez qu’à retirer vos lunettes pour mieux voir le portrait.
J’ai également beaucoup apprécié les “wall grids” de Sol LeWitt, qui sont en réalité reproduites à même le support après une “première exposition” en galerie. Ces oeuvres sont temporaires, car effacées à la fin de chaque présentation.

En dehors de cela, j’ai trouvé l’exposition assez courte (et donc chère), malheureusement, et le manque de cartels, une fois encore, criant. Je crois malheureusement que, plus le temps passe, plus nous serons condamnés à la visite à l’audioguide ou au téléchargement de l’application de l’exposition. Si ces nouveaux moyens de (faire) découvrir l’art conviennent à beaucoup de gens, j’avoue que ce n’est pas mon fort, car j’ai une préférence pour la lecture pour suivre la réflexion de l’artiste et/ou du commissaire de l’exposition.

Icônes américaines, Grand Palais, jusqu’au 22 juin, 12€