Nord des lignes*

Aujourd’hui, nous avons loué une voiture pour aller explorer le Nord du pays. Explorer est le bon terme, étant donné que l’excursion était un peu comparable à une aventure : 120km en voiture avec la manière de conduire israélienne – klaxon en permanence, un clignotant mais quel clignotant, des camions partout – et les cartes à déchiffrer en hébreu.

Première étape à Saint-Jean-d’Acre, aujourd’hui Akko, ancienne forteresse croisée. Tombée en 1291, la ville fut laissée à l’abandon avant d’être reconstruite au XVIème siècle ; elle est connue pour abriter les vestiges de la cité croisée, sous le sol de la ville actuelle.
La visite commence par les jardins où, comme par fait exprès, un camion entier de soldats débarque en même temps que nous. Ca fait bizarre d’être cernée par des types plus jeunes que moi armés de fusils mitrailleurs.
L’audioguide est lénifiant, mais nous parvenons à visiter la ville souterraine, excavée à partir du XIXème siècle – les salles avaient été comblées pour construire le palais du pacha. Le moment le plus drôle de la visite intervient quand nous nous aventurons dans l’ancienne galerie d’égouts, ouverte au public sur une soixantaine de mètres.

Si Saint-Jean-d’Acre est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, il faut reconnaître que les infrastructures ne suivent pas : la ville est assez sale, les indications mal faites voire inexistantes, la visite s’achève en queue de poisson au milieu de la ville, et la majorité du site n’est pas ouverte au public pour cause de fouilles encore en cours. Il faudrait revenir voir dans une vingtaine d’années.

Nous reprenons la voiture direction Haïfa, la troisième ville du pays, et son plus grand port. C’est là que les migrants arrivaient quand ils faisaient le trajet en bateau. Déjeuner au bord de la plage avec un hamburger local : de l’agneau haché dans une pita avec des légumes et de l’houmous…
La ville n’est pas très séduisante, même si elle est en pleine évolution, grâce à l’implantation d’industries hi-tech. Comme nous n’avons pas réservé la visite des fameux jardins bahaïs, nous empruntons le funiculaire :

Une fois au sommet du Mont Carmel – oui, celui des carmes et des carmélites – rapide visite de la chapelle néo-gothique, puis arrêt à la boutique : incroyable mais vrai, le vendeur ne parle ni anglais ni hébreu, et n’accepte que les dollars et les euros. La pièce la plus intéressante du lieu est la pyramide érigée en mémoire des soldats français de la campagne d’Egypte (1799).

Dernière étape du jour à Césarée, mais… où est-ce donc ? Impossible de localiser la ville sur une carte ! Au bout de 5mn, nous finissons par l’identifier… sous le nom de Qesariyya. Pas simple.
Césarée était le port le plus important de la côté à l’époque antique, et fut embellie par Hérode au début de l’occupation de la Palestine par les Romains. C’est aujourd’hui un parc national où l’on peut admirer les vestiges de la cité romaine et de la ville médiévale. Le site, au bord de la mer, était extrêmement venteux aujourd’hui.
Les visiteurs déambulent au milieu des ruines selon leur envie. Parties de la ville médiévale, nous remontons vers le port – d’où Saint Paul de Tarse a été envoyé à Rome pour être jugé – puis arrivons dans l’immense amphithéâtre, où il me semble encore deviner la spina.
Nous remontons vers les thermes, ornés de grandes colonnes de marbre gris et de magnifiques mosaïques. D’autres mosaïques sont encore très bien conservées dans l’ancien palais du procurateur. Conformément au goût de l’époque, elles représentent des animaux pour la maison privée et des motifs géométriques pour les bâtiments publics.
Au-delà du promontoire et de l’ancien palais qui s’y trouvait, se trouve le théâtre antique, dans un excellent état de conservation. A tel point qu’une machinerie de scène y est installée ! Tout autour sont répartis des vestiges de colonnes ou de murs.

La journée s’achève dans le dédale de sens interdits de Tel-Aviv, à la recherche désespérée d’une pompe à essence.

* Ami lecteur, à toi de jouer : d’où vient cette expression ?

5 thoughts on “Nord des lignes*”

  1. North of the Boundaries

    “Nord des lignes”,à mon avis, se réfère soit :
    a/ au nord d’une ligne de front dans une guerre quelconque (Royaume franc de Jérusalem / WW1 / Guerre d’indépendance) ;
    b/ au nord des lignes de chemins de fer installées par les Britanniques du temps du mandat sur la Palestine.

    Si c’est pô ça, c’est donc autchoz !

  2. J’avoue que je n’ai jamais vu cette expression avant! “Nord des lignes”… Je ne sais pas pourquoi, mais ça me fait penser à une traduction latine un peu étrange… je réfléchis…
    La direction du Nord, c’est “Septentrio”;
    Mais les lignes?? ligne d’écriture (“versus”), front d’une armée (“acies”), étendue (“linea”), ou l’Equateur lui-même (“circulus aequinoctalis”)? Merci Gaffiot, je suis encore plus empêtrée…
    “Nord” tout court, je t’aurais dit que c’est un roman (barbant) de Céline. Fichtre, va falloir que je trouve cette expression!!

  3. Tiens, c’est drôle, d’un pays à l’autre on retrouve cette activité cherchage d’essence.
    Pour ce qui est du Nord des Lignes, j’aurais pensé à quelque chose en rapport avec le mur qui sépare Israël et la Palestine, mais je connais trop peu l’Histoire locale pour vraiment donner une version véritablement intéressante.

    米永

  4. En fait je sais en partie : il s’agit d’un film avec J. Irons et Bruce Willis dans lequel le RV des méchants est “nord des lignes”. Le titre du film m’échappe mais si tu me dis ce que l’on gagne je trouverai certainement !

  5. And the winner is…

    Et bien félicitations à mes parents, qui ont tous les deux trouvé la réponse : il s’agit de Die Hard III, sorti en France sous le titre “Une journée en enfer”.
    Le rapport avec Haïfa ? Y’en a pas.
    Pour la remise des prix, j’y réfléchis.

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