Jusqu’à ce cours de sciences naturelles où il lui a fallu disséquer une grenouille, Mrinalini avait décidé de devenir actrice, mais cette expérience a suscité en elle une tout autre vocation : elle sera médecin et mettra des enfants au monde.
Après des années d’études à Delhi puis en Angleterre, Mrinalini retourne à Madras afin d’y ouvrir une clinique de gynécologie. C’est à travers son récit que le lecteur fait connaissance avec six de ses patientes aux origines, âges et aspirations différents.
Zubeida, qui porte la burqa et regarde Jules et Jim en cachette, est, en effet, bien éloignée de Megha, la mère en souffrance dans une famille patriarcale, ou de Leela, la jeune beauté ultra-protégée. Quant à Pooja, la lycéenne, violée par “le beau capitaine de l’équipe de cricket”, elle n’a rien à voir ni avec Tulsi, l’insatisfaite publicitaire qui vit en union libre, ni avec Anjolie, la performeuse franco-indienne au lourd passé.
Au fil des consultations, Mrinalini s’implique toujours plus dans leur vie, car depuis que l’inconstant Sid l’a abandonnée pour épouser une surfeuse, la jeune femme n’a plus qu’un seul désir : donner des ailes à ses patientes.
J’ai aperçu ce livre en librairie peu après la naissance de la Crevette, attirée par la magnifique photo de couverture, et encore plus par le résumé. Néanmoins, grâce aux deux neurones qui n’étaient pas totalement court-circuités par le baby-blues, j’ai sagement décidé d’attendre avant de l’acheter, me disant que le contenu serait peut-être un peu difficile dans mon état. Du coup, j’ai profité de mes vacances pour m’y atteler avec bonheur.
L’histoire, racontée par le médecin, est poignante, parfois drôle, toujours vraie, émouvante parfois… Sa propre vie croise celle de ses patientes, abordant ainsi tous les aspects de la condition féminine en Inde, des castes inférieures aux plus privilégiées.
J’ai beaucoup aimé ce roman. C’est très bien écrit, on plonge dans le quotidien pas toujours rose, parfois même sordide, de ces Indiennes dont on finit par se sentir proche en dépit de toutes les différences culturelles. On essaie de comprendre pourquoi certaines ne se rebellent pas contre leur condition, avant de découvrir comment elles contournent les interdits et les tabous. Ce livre est en fait une vraie leçon d’espoir, selon moi, une ode aux femmes indiennes et à leur courage, et je le recommande très chaleureusement.
“Journal d’une accoucheuse” est publié aux éditions Actes Sud
Magnifique couverture… Dans mon cas, sans enfant et légèrement terrifiée par la maternité, je pense qu’il serait dur malgré tout. Ce sera pour quand je serai plus grande.
Je pense qu’en effet, si tu es nullipare et que tu envisages de faire un bébé un jour, mieux vaut attendre un peu. Mais quand “tu seras grande”, n’hésite pas à le lire.