Cold Winter Challenge

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Après une rentrée placée sous le signe du marasme intellectuel (je n’ai lu que des fanfics pendant deux mois – don’t judge me), et une fin d’année difficile au plan professionnel, j’ai sauté sur l’occasion quand Isa m’a proposé de participer au Cold winter challenge avec elle. En fouillant mes archives, j’ai découvert que je l’avais déjà fait en 2018, mais si le nom demeure, l’organisatrice a changé, de même que les catégories.
A part un ou deux ouvrages, j’ai surtout lu en fonction de mes envies et de ma PAL, si bien qu’il faut se soumettre à quelques contorsions pour caser certains titres.


Magie de Noël
Under the mistletoe (romance de Noël ou roman feel good se déroulant pendant les fêtes) : T’embrasser sous la neige, d’Emily Blaine. La romance de Noël annuelle d’Emily (et ma première, figurez-vous). Si je ne suis pas adepte du genre, mais j’ai passé un bon moment, et j’ai adoré la fin.

Raclette (famille, amis, secrets) : Neige rouge, de Simone van der Vlugt, un roman historique autour de deux femmes, une mère puis sa fille, et leurs choix de vie dans la Hollande du 16ème siècle. J’avoue avoir été assez déçue de ce roman, bien écrit et documenté, mais avec une scène assez terrible au milieu, et un changement brutal dans la narration, alors que j’avais adoré Bleu de Delft.

Danse de la fée Dragée (rêve, fantasy, fantastique) : Le corsaire, et autres poèmes orientaux, de lord Byron. Après deux pièces de théâtre, c’était l’occasion de me colleter à la poésie de Byron, et force est de constater que ça m’emmerde. C’est merveilleusement bien écrit, mais c’est long, très érudit, et j’ai eu un mal de chien à me laisser emporter. Comme j’avais déjà eu ce sentiment avec Manfred et Caïn, j’en déduis que ce n’est clairement pas un auteur pour moi.
On pourrait aussi mettre ce recueil dans la catégorie “Yule”, c’est un peu entre les deux.

Hiver mystérieux
Yule (mythologies, légendes)

Reine des Neiges (femme de pouvoir, sorcière, féminisme) : Le consentement, de Vanessa Springora. Je ne sais pas trop si on peut ranger ce témoignage dans cette catégorie, mais c’est probablement ce qui s’en rapproche le plus. Je ne reviendrai pas sur la puissance de ce texte, qui plus est très bien écrit, et ses conséquences.

New year, new me (métamorphose, transformation, évolution) : The Heart Goes Last, de Margaret Atwood. J’ai lu The Handmaid’s Tale il y a une quinzaine d’années, quand Marion Olharan me l’avait d’autorité mis dans les mains, et j’avais adoré, même si cette lecture m’avait secouée. Ma connaissance de l’anglais à l’époque n’était clairement pas la même – disons que je n’avais pas dix ans de traduction à mon actif.
Quoi qu’il en soit, ce roman traînait dans ma PAL depuis une éternité, et j’étais coincée au milieu depuis le confinement. Malheureusement, je me suis pas mal ennuyée : je n’accroche pas franchement au style d’Atwood, que je trouve sec à force d’être dépouillé, et les personnages principaux sont juste insupportables. En outre, lire une dystopie en cette période pour le moins compliquée n’était sans doute pas l’idée du siècle.

Marcher ensemble dans la neige
Rennes du Père Noël (animaux, écologie, nature)

Aurore boréale (voyage, aventure)

Carol of the bells (roman choral) : Le cœur de l’Angleterre, Jonathan Coe. Un merveilleux roman qui suit les personnages d’une famille sur les dix ans qui ont mené le Royaume-Uni au Brexit. C’est fin, drôle, intelligent. Ma dernière lecture de 2020, et sans doute une de mes préférées.

Hiver obscur
Fantôme des Noël passés (fantômes / voyage temporel)

Frissonner sous un plaid (horreur, épouvante, thriller, suspense) : Hard Pursuit, de Pamela Clare. J’aime beaucoup les romances à suspense de cette autrice, et même si le tome précédent, qui se déroule en Antarctique, aurait été plus approprié pour ce challenge, j’ai quand même passé un très bon moment.

Nuit du solstice (moins de 300 pages) : Objectif, de Tsuji Hitonari. Voilà bien longtemps que je voulais lire cet auteur, et c’est chose faite grâce au livre donnée par Ioionette. Divisés en courts chapitres comme autant d’instantanés, le roman laisse parler la narratrice, une photographe qui tient le monde à distance grâce à son appareil. J’ai beaucoup aimé.

Au chaud devant la cheminée
Grands enfants (livre jeunesse) : Le pull de Noël, de Cecilia Heikkila. Découvert l’an dernier, mais une très belle lecture de Noël que les enfants adorent.

Vitrine de Noël (lecture graphique/illustrée sur le thème de Noël ou de l’hiver) : Le journal de Gurty – Parée pour l’hiver, de Bertrand Santini. La Crevette a reçu le premier tome à Noël, et nous l’avons lu ensemble. On a tellement aimé et rigolé que je lui ai acheté la suite (et le troisième tome attend sagement son anniversaire, mais chut…).

Chocolat chaud (livre qui apporte du bien-être : feelgood, développement personnel…) : Indocile Ninnen, de Léna Forestier. C’est une romance, encore, mais une belle romance historique française très bien écrite.

Deux de mes lectures de cet hiver ne rentrent pas dans les catégories proposées : La familia grande, de Camille Kouchner, et l’unique BD que j’ai terminée ces derniers mois, Lou Sonata, de Julien Neel. Cette dernière m’a d’ailleurs ennuyée. Il faut que j’arrête cette série que j’ai adorée à son début, mais qui n’a plus aucun sens depuis déjà trois ou quatre tomes.

En sortir 21 en 2021 (et bilan 2020)

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Début 2020, je m’étais fixé comme défi de sortir 20 livres de ma PAL. Qu’est-ce que ça a donné ?

  • The smuggler wore silk, Alyssa Alexander
  • The heart goes last, Margaret Atwood
  • L’intégrale des haïkus, Basshô
  • Le cœur de l’Angleterre, Jonathan Coe
  • Autobiographie d’une esclave, Hannah Crafts
  • Frère d’âme, David Diop
  • L’absente, Lionel Duroy
  • Cachées par la forêt, Eric Dussert
  • Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci, Sigmund Freud
  • Cousin Kate, Georgette Heyer
  • Once upon a tower, Eloisa James
  • L’esclave islandaise, Steinunn Johannesdottir
  • Le lambeau, Philippe Lançon
  • I kissed an earl, Julie Anne Long (non terminé)
  • Les petites chaises rouges, Edna O’Brien
  • Rouge, histoire d’une couleur, Michel Pastoureau
  • Lady Pirate, Linsay Sands
  • Clélie, histoire romaine, Madeleine de Scudéry
  • Lady Smoke, Laura Sebastian
  • Mrs Dalloway, Virginia Woolf

Toutes ces lectures ont été indexées et commentées sur Goodreads. J’ai eu quelques échecs avec les romances, en particulier avec Julie Anne Long qui m’a copieusement ennuyée, et Alyssa Alexander qui n’était pas mal mais pas transcendante. Du coup, les autres romances qui traînent dans ma PAL depuis une éternité ont souffert, et je ne sais pas s’il est pertinent de les laisser dans ma pile.
Je n’ai pas achevé le recueil de Bashô, car clairement, 2020 n’était pas une année à poésie pour moi… ça demande un espace mental que je n’avais pas. Quant à Lady Smoke… je ne sais pas où il est ! Je l’ai cherché à plusieurs reprises en espérant m’y mettre, mais je n’ai pas réussi à remettre la main dessus. Soit je l’ai prêté et je ne sais plus à qui, soit je l’ai “rangé” dans un endroit très intelligent et je le retrouverai dans six mois.
J’ai eu des découvertes magnifiques : Virginia Woolf, même si son écriture est extrêmement complexe par moments, Jonathan Coe qui fut le dernier à sortir de cette liste il y a quelques jours, Madeleine de Scudéry, Philippe Lançon ou Steinunn Johannesdottir.
Enfin, j’ai connu de vraies déceptions : Lionel Duroy, dont j’avais adoré Eugénia il y a deux ans, m’a fait lever les yeux au ciel ; David Diop dont j’ai eu du mal à accrocher au récit halluciné ; et très étonnamment Margaret Atwood, dont j’ai lu The Handmaid’s Tale il y a des années et que j’avais adoré, et qui m’ennuie… je n’y arrive pas, même si j’ignore si c’est dû au style ou parce que la dystopie me met très mal à l’aise cette année.
Au total, ce sont 12 ouvrages qui sont sortis de ma PAL, un ou deux bien entamés qui ne devraient pas tarder. Je pense en sortir définitivement Hannah Crafts, dans lequel je suis coincée depuis au moins deux ans.

Pour 2021, reprenant l’initiative de Miss Sunalee, je vais tenter de faire sortir 21 ouvrages de ma PAL…

  • L’âne d’or, Apulée
  • Roland furieux, tome 2, L’Arioste
  • The heart goes last, Margaret Atwood (on y croit)
  • Les états et empires du soleil, Les états et empires de la lune, Cyrano de Bergerac
  • T’embrasser sous la neige, Emily Blaine
  • L’embellie, Edith Boissonnas
  • Le corsaire, Lord Byron
  • Hard pursuit, Pamela Clare
  • Le proscrit de Normandie, Natacha J. Collins
  • Le livre des tendresses, Marceline Desbordes-Valmore
  • Le joueur, Fiodor Dostoïevski
  • Bringing down the duke, Evie Dunmore
  • Kill the queen, Jennifer Estep
  • Indocile Ninnen, Léna Forestier
  • The madwoman in the attic, Sandra Gilbert & Susan Gubar
  • La demoiselle des Lumières, Annie Jay
  • Rebecca, Daphné du Maurier
  • Rouge impératrice, Léonora Miano
  • Les métamorphoses, Ovide
  • Marcher, Henry David Thoreau
  • Neige rouge, Simone van der Vlugt

Sacré programme, quand on y réfléchit. Je sens déjà que ça va être compliqué sur certains ouvrages. Je ne remets que le Margaret Atwood de ma PAL de 2020 puisque j’en suis presque à la moitié. Quant au reste, on verra bien !

En sortir 20 en 2020

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Je copie sans vergogne Sunalee, qui s’est elle-même inspirée d’une autre blogueuse, pour établir une liste de livres que j’aimerais sortir de ma PAL cette année. J’avoue que cet objectif est déjà en cours car je me suis rendu compte que, rien que sur Goodreads, j’avais 6 livres en instance au début de l’année, et qu’il fallait faire place nette !
Je n’ai pas racheté d’ouvrage en janvier, et je compte faire de même en février avant d’aller me ruiner sur le stand Actes Sud à Livre Paris en mars. Mais en attendant, voici ceux que je me propose de sortir – voire qui sont déjà sortis.

  • The smuggler wore silk, Alyssa Alexander
  • The heart goes last, Margaret Atwood
  • L’intégrale des haïkus, Basshô
  • Le cœur de l’Angleterre, Jonathan Coe
  • Autobiographie d’une esclave, Hannah Crafts
  • Frère d’âme, David Diop
  • L’absente, Lionel Duroy
  • Cachées par la forêt, Eric Dussert
  • Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci, Sigmund Freud
  • Cousin Kate, Georgette Heyer
  • Once upon a tower, Eloisa James
  • L’esclave islandaise, Steinunn Johannesdottir
  • Le lambeau, Philippe Lançon
  • I kissed an earl, Julie Anne Long (non terminé)
  • Les petites chaises rouges, Edna O’Brien
  • Rouge, histoire d’une couleur, Michel Pastoureau
  • Lady Pirate, Linsay Sands
  • Clélie, histoire romaine, Madeleine de Scudéry
  • Lady Smoke, Laura Sebastian
  • Mrs Dalloway, Virginia Woolf

Feminibooks Challenge 2019 – Janvier

Souvenez-vous, pour le premier mois du Feminibooks Challenge, il fallait lire une autrice pour la première fois. Pour m’a part, il s’agit de… Françoise Chandernagor.

Aussi étonnant que cela puisse paraître lorsqu’on connaît mon amour du roman historique et que l’on sait à quel point le téléfilm L’Allée du Roi a changé ma vie d’adolescente, je n’avais jamais ouvert un de ses ouvrages (je pense que l’épaisseur me rebutait un peu). Et encore plus étonnant, ce n’est pas vers ce titre que je me suis tournée, mais vers les deux premiers tomes de sa série La Reine oubliée : Les enfants d’Alexandrie et Les dames de Rome.
Ces romans suivent le personnage de Cléopâtre-Séléné, fille de Cléopâtre VII (la plus connue, celle des films) et de Marc-Antoine, sœur jumelle d’Alexandre-Hélios (si), d’abord lors de son enfance à Alexandrie, au milieu des ors des pharaons, puis à Rome quand, prisonnière de guerre après la défaite d’Actium, elle est éduquée au sein de la maisonnée d’Octavie, la sœur de l’empereur Auguste.

La romancière s’est énormément documentée, aussi bien sur la vie privée, les mœurs, que sur la politique, les croyances et l’art de la guerre. Le récit est extrêmement vivant, bien que pendant tout le premier tome j’ai eu l’impression de lire une version plus fouillée de l’épisode de Confessions d’Histoire consacré à Cléopâtre et Marc-Antoine.
En outre, son style est magnifique, et on se laisse volontiers porter par le souffle qui se dégage du texte. L’autrice excelle à narrer un événement, à transmettre un sentiment précis, qu’il soit positif ou négatif (j’avoue que l’introduction de chaque roman fut difficile à encaisser).

Ce fut une véritable découverte, qui m’a permis de débuter mon année littéraire du bon pied. J’ai très envie de lire le troisième et dernier tome de la série, mais j’ignore quand il sortira, ou même s’il sortira un jour… En attendant, il y a fort à parier que je lirai bientôt L’Allée du Roi !

Feminibooks Challenge

Lassée des challenges lecture proposés par Popsugar – catégories redondantes au sein d’une même liste, répétitives d’une année sur l’autre, très orientés “Amérique du Nord” (et pour cause), etc. – j’ai découvert sur Instagram ce nouveau défi proposé par Opalyne. Bon, j’avoue, c’est une autre personne qui en a parlé, je ne connaissais pas du tout cette blogueuse.

Le but est simple : réussir à lire un livre par mois orienté autour d’une thématique féministe. Si on y arrive, on peut ajouter les catégories bonus.

Je suis hyper enthousiaste, et j’ai déjà coché janvier et février, ainsi que deux catégories bonus (en choisissant des autrices différentes à chaque fois). Du coup, je me proposais de faire une note sur chaque “livre du mois”, est-ce que ça vous dirait ?

Eva Luna

Elle s’appelle Eva, qui veut dire vie, sa mère ayant voulu qu’elle y morde à belles dents ; Eva Luna, parce qu’elle fut conçue par un Indien de la tribu des Fils de la Lune piqué par un aspic, que sa mère arracha à l’agonie en lui faisant l’amour. Petite bonniche rebelle et émerveillée, écoutant aux portes et abreuvée de feuilletons radiophoniques, elle a le don d’inventer des histoires rocambolesques, improbables, renversantes, drôles et dramatiques comme la vie même, ce qui lui vaudra plus tard de sortir de la misère, de la servitude et de l’anonymat. Entre-temps, son destin aura croisé celui de dizaines de personnages plus hauts en couleur les uns que les autres – grand-mère Elvira, qui couche dans son cercueil et sera sauvée par cette arche de fortune lors d’une inondation catastrophique; la Madame, puissante maquerelle de la capitale, et Mimi, travesti promu star de la télévision nationale; Huberto Naranjo, gosse de la rue qui grandira dans les maquis de la guérilla; oncle Rupert et tante Burgel, aubergistes et fabricants de pendules à coucous dans un village danubien au cœur des montagnes tropicales;  et un dictateur, un tortionnaire au gardénia à la boutonnière, un commerçant moyen-oriental au cœur tendre et aux caresses savantes, sa femme Zulema, vaincue par la fatigue de vivre, l – sans oublier Rolf en qui Eva reconnaîtra l’homme de sa vie, puisque à en vivre une, il lui faut bien concevoir que certaines histoires finissent bien.


C’est une amie grecque qui m’a parlé de ce livre et me l’a offert peu après. D’Isabel Allende, je n’avais rien lu, même si j’avais entendu parler d’elle et que je connaissais le titre de son roman le plus célèbre, La maison aux esprits. Pour tout dire, je la croyais même apparentée à Salvador Allende (la Française qui n’y connaît rien en histoire de l’Amérique du Sud, c’est moi).

A lire le résumé, on pourrait craindre le fouillis total et l’absence de fil conducteur dans ce récit. D’ailleurs, on ne comprend pas trop de quoi ça va parler. En fait, c’est Eva Luna elle-même qui nous guide dans cette histoire, son histoire, tissée de milliers d’anecdotes, de détails, de sensations. Et on se laisse happer avec facilité, et même passion, dans ce roman aux multiples rebondissements.
Isabel Allende a un talent incroyable pour faire se rejoindre tous les détails émiettés tout au long du récit, les personnages se croisant parfois sans se (re)connaître, les souvenirs de telle anecdote trouvant un dénouement plusieurs dizaines voire centaines de pages plus loin. Le style est foisonnant sans être lourd, et entraîne dans une espèce de flot le lecteur, pour peu qu’il accepte de se laisser porter (personnellement, je n’ai eu aucun mal, je voulais à tout prix connaître la suite des aventures d’Eva Luna).
Mais surtout, j’ai adoré le personnage principal, cette petite fille qui devient femme sans jamais se renier, en apprenant de tout ce et tous ceux qui l’entourent, qui revendique sa liberté aussi bien intellectuelle que physique, qui trouve dans la magie des mots et de l’écriture de quoi se construire, s’affirmer. C’est un personnage presque épuisant par son énergie, mais formidable par le modèle qu’il offre.

2018 Reading challenge : A book you borrowed or that was given to you as a gift

Le Foyer des mères heureuses

Elles n’auraient jamais dû se rencontrer : Priya, Américano-Indienne, mariée à un brillant homme d’affaires, à l’avenir tout tracé aux Etats-Unis, et Asha, petite paysanne indienne, mariée à un brave homme couvert de dettes, deux enfants, sans argent et sans avenir. Priya sait qu’elle ne sera jamais mère. Elle sait aussi qu’en Inde on peut facilement recourir aux “services” d’une mère porteuse, il suffit de payer. Et le mari d’Asha a entendu parler de ce qu’il faut bien appeler un “commerce”. La machine ne sera pas longue à se mettre en marche.


L’autre jour chez mon libraire, ce livre m’a immédiatement fait de l’œil. On parle beaucoup de PMA et de GPA, surtout en ces temps d’assises de la bioéthique, et c’est un sujet qui m’a toujours interpellée – je me suis longtemps crue capable d’être mère porteuse si jamais la pratique était légalisée en France.

Ce roman, découpé en courts chapitres, alternant les points de vue de Priya et d’Asha, se lit facilement. On plonge dans la réalité tout de suite, aussi bien celle de la souffrance de ne pouvoir avoir d’enfant que celle de la honte de devoir “se louer” pour faire vivre sa famille. Pour des raisons différentes, chaque femme perçoit la GPA comme seule issue à un problème accablant, et chacune a ses doutes et ses espoirs. L’auteure déroule le fil des pensées de ses personnages sans les juger, montrant les constructions mentales de chacune, comment elles vivent l’expérience, ce qu’elles pensent ou devinent de l’autre, leur rapport à la maternité… Le nom de “Foyer des mères heureuses”, celui réservé aux gestatrices, est bien entendu ambivalent, car de quelles mères parle-t-on ?
J’ai été immédiatement happée par ce très beau récit, très vivant, parfois drôle, où il est certes question de maternité, mais aussi d’amour, de la place des femmes dans la société, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Inde. Je me suis attachée et parfois identifiée aux deux héroïnes, et je n’ai bien évidemment pas manqué de verser une petite larme à la fin. Mais au-delà de l’émotion, l’auteure offre des clés de réflexion sur la GPA, sans juger ni condamner et propose, à mon sens, une lecture intéressante à celles et ceux que le sujet touche.

Le Foyer des mères heureuses, Amulya Malladi, Mercure de France

2018 Reading Challenge : a book about a problem facing society today (la GPA, donc)

Eugenia

À la fin des années trente, parce qu’elle est tombée sous le charme d’un romancier d’origine juive, Eugenia, une jeune et brillante étudiante roumaine, prend soudain conscience de la vague de haine antisémite qui se répand dans son pays. Peu à peu, la société entière semble frappée par cette gangrène morale, y compris certains membres de sa propre famille. Comment résister, lutter, témoigner, quand tout le monde autour de soi semble hypnotisé par la tentation de la barbarie ?
Avec pour toile de fond l’ascension du fascisme européen, ce roman foisonnant revient sur un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale, l’effroyable pogrom de Jassy. Portrait d’une femme libre, animée par le besoin insatiable de comprendre l’origine du mal, ce livre est aussi une mise en garde contre le retour des heures les plus sombres de l’Histoire.


J’ai découvert l’existence de ce roman grâce à une chronique du Monde. Le sujet m’attirait à plus d’un titre, si bien que je me suis précipitée pour l’acheter. Et dès que je l’ai ouvert, je n’ai plus réussi à le lâcher.
Dans une très belle langue, l’auteur dresse un portrait de femme juste et touchant. J’ai d’abord cru qu’il serait davantage question du romancier, Mihail Sebastian, qui a réellement existé, mais en réalité celui-ci sert de contrepoint à l’histoire, sa voix résonnant par le biais de son journal ou de ses oeuvres dont des extraits sont disséminés. C’est un roman incroyablement fort qui, par la voix de son héroïne, offre un témoignage poignant et rigoureux de la montée du fascisme et de l’antisémitisme en Roumanie des années 1930 à la fin de la guerre, au prisme de sa relation amoureuse avec l’écrivain juif.

Ce fut un grand moment littérature, qui m’a remué les tripes et a eu un très fort retentissement personnel : ma grand-mère est née à Jassy (ou peut-être dans la campagne alentours, on ne sait pas bien) dans une famille de propriétaires terriens orthodoxes, était adolescente pendant la guerre et… a épousé un juif. Allez comprendre (et non, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une brusque prise de conscience ou d’une révolte).
Quoi qu’il en soit, en dehors de cet aspect très particulier, je ne peux que recommander la lecture de ce roman qui met un coup de projecteur sur un pan méconnu de l’histoire de la seconde guerre mondiale.

Eugenia, Lionel Duroy, Julliard

Reading Challenge 2018 : a book tied to your ancestry

L’autre moitié du soleil

Lagos, début des années soixante. L’avenir paraît sourire aux sœurs jumelles : la ravissante Olanna est amoureuse d’Odenigbo, intellectuel engagé et idéaliste ; quant à Kainene, sarcastique et secrète, elle noue une liaison avec Richard, journaliste britannique fasciné par la culture locale. Le tout sous le regard intrigué d’Ugwu, treize ans, qui a quitté son village dans la brousse et qui découvre la vie en devenant le boy d’Odenigbo. Quelques années plus tard, le Biafra se proclame indépendant du Nigeria. Un demi-soleil jaune, cousu sur la manche des soldats, s’étalant sur les drapeaux : c’est le symbole du pays et de l’avenir. Mais une longue guerre va éclater, qui fera plus d’un million de victimes.


J’ai acheté ce roman parce que ça faisait un moment que j’entendais beaucoup de bien de l’auteur, et que j’avais apprécié Chère Ijeawele, reçu à l’occasion d’une ronde des poches. Mon choix s’est porté sur ce pavé (près de 650 pages quand même) notamment parce que je n’y connais strictement rien au Biafra hormis, comme tout le monde, les atroces clichés de la famine. Pour être honnête, avant de lire ce livre, j’ignorais même que c’était avec le Nigéria que le Biafra avait fait sécession…

C’est un roman incroyable, qui m’a complètement happée. L’intrigue se déroule en deux temps, le début et la fin des années soixante, sans plus de précisions (bon, on sait que le Biafra a existé de 1967 à 1970). Outre la capacité de l’auteure à évoquer la vie des classes aisées et intellectuelles du Nigéria avant la guerre, le bouillonnement politique qui suit la décolonisation et la volonté des Noirs de se réapproprier leur histoire, elle n’hésite toutefois pas à renvoyer ses personnages à leurs contradictions, à souligner les limites et les excès de ce mouvement de fond, sans pour autant émettre de jugement.
L’immense force de C. N. Adichie demeure dans sa capacité à entremêler les thèmes graves – féminisme, racisme, décolonisation, guerre… – de façon fluide et sincère, sans jamais prêcher une morale quelconque, mais simplement en donnant à voir. J’ai adoré les recours à différentes langues, et la note de la traductrice, Mona de Pracontal, à ce propos est extrêmement intéressante. L’auteure s’est extrêmement documentée et parvient à nous faire vivre les événements, de l’émancipation du Nigéria à la chute du Biafra, sans jamais citer la moindre date.
A mon humble avis, ce livre – ou du moins des extraits, ça reste un pavé – devrait être lu par tous les lycéens travaillant sur la décolonisation.

Vous l’aurez compris, à mes yeux, Chimamanda Ngozi Adichie est un grand écrivain. Surtout quand on sait que L’autre moitié du soleil est son deuxième roman, écrit à l’âge de 27 ans. Celui-ci a d’ailleurs été adapté au cinéma, et j’aimerais bien voir le résultat, bien que je redoute que les personnages et l’intrigue perdent en épaisseur.
Etonnamment, je me suis imaginé le personnage d’Olanna sous les traits de l’actrice Lupita Nyong’o – or il se trouve que celle-ci a acheté les droits d’un autre roman de l’auteure, Americanah. Voilà un livre qui ne va pas tarder à rejoindre ma PAL.

Chimamanda Ngozi Adichie, L’autre moitié du soleil (traduction Mona de Pracontal), Folio
2018 Reading Challenge : a book with characters who are twins

Cold winter challenge : le bilan

Début décembre, je m’étais lancée avec plaisir dans ce défi que j’avais vu passer sur les réseaux sociaux, à la fois parce que j’aimais l’idée d’assortir mes lectures à la saison, mais aussi parce que j’espérais secrètement pouvoir faire baisser ma PAL. Presque deux mois plus tard, voici mon bilan.

Il y avait quatre catégories : livre en lien avec Noël, livre de nature writing ou littérature de voyage, livre de fantasy et un polar/thriller se déroulant en hiver. Si j’avais de quoi remplir les trois premières, la dernière catégorie m’apparaissait dès le départ comme inabordable, vu que je ne lis quasiment pas de polars ou de thrillers.

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J’avais retenu deux types de livres : ceux qui correspondaient exactement à une catégorie (6 livres), et ceux qui avaient un rapport, de près ou de loin, à l’hiver, au froid et/ou à Noël (3 livres).
Si j’ai débuté sur les chapeaux de roues, abattant trois livres en deux semaines, la suite a été plus chaotique : les vacances de Noël et leur bon vieux syndrome grippal ont mis un net coup d’arrêt à ma progression, tandis que les diverses absences pour maladie de la nounou et la reprise du travail ont sérieusement écorné le temps dont je disposais.

Au final, j’ai lu quatre livres de la première sélection, un de la seconde sélection, et une nouvelle qui pourrait rentrer dans la catégorie “Magie de Noël”. Petit résumé et impressions.

Magie de Noël – J’avais prévu de relire Christmas Eve at Friday Harbor pendant les vacances de Noël. Vacances que j’ai essentiellement passées sous la couette, à souffrir plus ou moins en silence de ma pseudo-grippe. Autant dire que c’est raté.
En revanche, j’ai lu une nouvelle, Lighting the flames, de Sarah Wendell. Il s’agit d’une romance de Hanouka, qui se déroule dans l’état de New York : il y a donc beaucoup de neige et une ambiance relativement festive. Bon, en revanche, je dois avouer que mis à part l’aspect un peu “exotique”, je me suis un peu ennuyée.

Flocons magiques – Un seul titre, mais qui cochait à la fois la case “fantasy” et celle “hiver”, The Winter King, de C. L. Wilson. C’est une romance qui se déroule dans un univers med-fan, et qui a réussi à me réconcilier avec la fantasy. L’intrigue est dense, l’univers très cohérent, les personnages attachants et profonds, et l’histoire d’amour est parfaitement crédible. Je recommande aux amatrices du genre.

Marcher dans la neige – C’est la catégorie que j’ai le plus remplie, avec trois titres.
J’ai donc lu Dans les forêts de Sibérie, de Sylvain Tesson. Si l’ambiance “solitaire dans une cabane” m’a beaucoup plu, j’ai un peu regretté le style parfois ampoulé de Tesson, qui plonge un peu trop dans l’introspection intellectualiste. Mais globalement, ce livre m’a laissé une bonne impression, et je lirai sans doute d’autres ouvrages de cet auteur.
Puis je me suis attaquée à La mer des Cosmonautes, de Cédric Gras (un copain de Tesson), qui a accompagné une expédition polaire russe. Le récit est court, intéressant, en particulier lorsqu’il retrace l’histoire de la conquête du pôle sud et celle des poliarniks. Néanmoins, la plume de Cédric Gras est moins agréable que celle de Tesson et, surtout, on sent la déception qui a résulté de ce voyage.
Enfin, j’ai lu avec beaucoup de plaisir Berezina.

Stalactites ensanglantées – Comme prévu, et sans surprise, aucune lecture dans cette catégorie. J’aurais bien fait une tentative avec un Agatha Christie, mais grippe, vacances de Noël, tout ça.

Hors catégorie – La nuit la neige, de Claude Pujade-Renaud. Je ne reviendrai pas dessus parce que je me suis largement étendue sur le sujet dans un article. En tout cas il y avait de la neige (plein), et du froid (plein aussi).

En conclusion, ce challenge a été un vrai plaisir. J’avais du mal à lire depuis cet été (étrangement…), et cela m’a remis le pied à l’étrier. Je me suis rendu compte que j’arrivais de nouveau à me perdre dans un livre, à m’absorber dans un univers, à me passionner pour un style. Et puis, lire en fonction de la saison n’est pas désagréable, si bien que je me demande si on ne pourrait pas faire de même autour du printemps (et de Pâques), de l’été et de l’automne (avec la rentrée des classes).