San Francisco, été 1967. Rongé par les ulcères et la psychanalyse, Oscar Acosta plante son job d’avocat à l’aide sociale. Filant sur les routes de l’Ouest, halluciné, il se livre : l’enfance déçue, le malaise d’être né basané, son obésité, la découverte du sexe, le bal des drogues… – folies qui nourriront son œuvre, hantée par la discrimination raciale et la quête identitaire.
Lors de la ronde des poches organisée l’été dernier par Armalite, Audrey m’avait d’abord envoyé Quand l’empereur était un dieu, de Julie Otsuka que, malheureusement, j’avais déjà lu en VO à sa sortie. Du coup, elle a décidé de me renvoyer un livre. Je vous avoue que, lorsque j’ai parcouru la quatrième de couverture, j’ai eu un gros moment de doute : c’était typiquement le genre de lecture qui ne m’attirait pas du tout. J’ai posé le livre sur ma PAL, plus ou moins en évidence sur mon bureau, en attendant que l’inspiration vienne.
Bizarrement, la semaine dernière, j’ai décidé de m’y mettre. Malgré un premier chapitre particulièrement cru et “poisseux”, une écriture volontiers vulgaire et heurtée, un sujet qui ne me tentait pas plus que cela… je me suis accrochée et je n’ai plus lâché ce bouquin. En dehors des moments de “trip” qui ne sont pas vraiment mon délire (ah, ah), et qui m’ont rappelé la lecture de Bleu presque transparent il y a bientôt 15 ans, j’ai beaucoup aimé la quête du narrateur, Américain d’origine mexicaine, qui décide de tailler la route pour tenter de trouver qui il est. La pauvreté, le racisme (subi et appliqué aux autres), la tentative d’ascension sociale, le sentiment d’imposture, la révolte… Cela m’a ouvert les yeux sur tout un pan de la culture et de l’histoire américaine que j’ignorais.
Doté d’un grand sens de la mise en scène et de l’auto-dérision, ainsi que d’une certaine capacité à se fourrer dans des situations invraisemblables, Oscar Zeta Acosta nous livre en réalité un autoportrait sans concession, mettant en lumière l’impossible adaptation de celui qui ne sait que faire de ses origines. Même si cette lecture ne laisse pas indemne, même si elle n’épargne rien entre scènes de cul peu ragoûtantes, trips hallucinés et crises d’ulcères, je vous la recommande (à condition que vous n’ayez pas l’estomac fragile).
Avec neuf mois de retard, donc, un grand merci à Audrey pour son envoi !
2015 Reading Challenge : A memoir
Pareil, typiquement le genre de livres que je n’aurais jamais acheté de moi-même (dont le synopsis me fait penser à Sur la route), d’où l’intérêt des swaps 🙂
Exactement ! J’espère que, si j’ai fait des choix aussi décalés pour d’autres personnes, elles auront apprécié.