Voyage en Crète #3 – Cnossos

Cnossos, pour les quelques hellénistes distingués qui hantent ce blog, c’est très certainement un souvenir un peu marrant des premiers cours de grec. Pour les autres, ça n’évoque peu ou pas grand-chose : il s’agit du principal palais édifié par les Minoens. Mis au jour à la fin du 19ème siècle et fouillé de façon systématique par Sir Arthur Evans au début du 20ème, l’endroit est un peu un objet de fantasme.

La maquette du palais, visible au musée d'archéologie d'Héraklion
La maquette du palais, visible au musée d’archéologie d’Héraklion

Baptisé “palais du roi Minos” (qui a aussi donné son nom à la civilisation crétoise antique), l’endroit a donc longtemps été considéré comme le fameux labyrinthe de la légende (Dédale, Icare, le Minotaure, tout ça). C’est surtout une civilisation très complexe et avancée, davantage que les preuves tangibles d’un mythe, qui a été mise au jour : structure palatiale, centre administratif, objets d’arts, objets utilitaires, fresques… tous ces vestiges ont permis de saisir une partie de l’esprit de ce peuple, ainsi que de ses croyances.

Cnossos 2

Néanmoins, la redécouverte de ce site majeur ne s’est pas faite sans dommage collatéral : emporté par son lyrisme, Evans a sans doute extrapolé pas mal de choses, et a carrément “restitué” des pans entiers du palais. En conséquence, on se retrouve avec un site antique doté d’appendices modernes en béton censés représenter l’endroit dans toute sa splendeur, mais tellement intriqués aux vestiges qu’on ne peut plus les démolir, sous peine d’endommager le site…
Tout ceci – ainsi que la foule des touristes, qui se pressent sur ce site tout proche de la capitale – a un côté carton-pâte qui donne un faux air de Disneyland antique à Cnossos. Ou un genre de Parc Astérix, le grand huit en moins.

Un exemple de reconstruction : les différents niveaux du palais
Un exemple de reconstruction : les différents niveaux du palais

Il ne faut toutefois pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Car, si ces reconstructions franchement malheureuses font tache, elles permettent de se faire une idée du palais (1300 pièces sur quatre étages, et un escalier monumental). En outre, il reste encore des pithoi, ces jarres de stockage géantes, sur le site, ainsi qu’un tracé très lisible de certains appartements, de l’aire dite “du théâtre” et de l’escalier.

Un pithos, deux pithoi...
Un pithos, deux pithoi, trois…
Effet de perspective, qui donne un côté très moderniste au site (en béton véritable)
Effet de perspective, qui donne un côté très moderniste au site (en béton véritable)

Quoi qu’il en soit, même si je confesse un peu de déception – les photos du palais et des fresques avaient nourri mon imaginaire et avaient permis de faire passer l’apprentissage de l’optatif – j’estime que c’est un site qu’il vaut mieux avoir vu, ne serait-ce que pour le confronter aux collections du musée archéologique et aux autres palais minoens.

Restitution en Technicolor
Restitution en Technicolor

Recommandation : évitez les restaurants autour du site, qui sont des pièges à touristes évidents. Mieux vaut s’enfoncer un peu dans l’arrière-pays (superbe !) ou regagner Héraklion.

Séjour en Crète #2 – Héraklion, le musée d’archéologie et le centre historique

Héraklion est l’actuelle “capitale” de la Crète, bien que ce ne soit pas – et de loin ! – la ville la plus ancienne de l’île. Le site a été choisi par les Sarrasins au 7ème siècle pour établir un port abrité, du nom d’al-Khandaq, et devint rapidement une plaque tournante du commerce méditerranéen. Au 13ème siècle, l’île passa sous influence vénitienne, et Al-Khandaq fut rebaptisée Candie (vous aussi vous avez la chanson en tête ?). Compte tenu de sa situation stratégique, la ville fut souvent assiégée, et passa sous domination turque du 17ème siècle jusqu’à la fin du 19ème siècle.

Vue sur l'île de Dia depuis la jetée
Vue sur l’île de Dia depuis la jetée

Héraklion a beaucoup souffert de la seconde guerre mondiale, et la plupart des monuments historiques ont été détruits dans des bombardements. Il reste toutefois de beaux témoignages de la présence vénitienne, en particulier la loggia, aujourd’hui hôtel de ville, la citadelle du port, la fontaine Morosini (ou fontaine aux lions) et l’église Agios Titos, au plan carré très surprenant.

 

La loggia, de l'extérieur...
La loggia, de l’extérieur…
...à l'intérieur
…à l’intérieur
Heraklion 2
Agios Titos

 

Heraklion 7
La fontaine aux lions

 Au détour des rues, on croise parfois de jolis bâtiments en plus ou moins bon état, ainsi que de beaux détails…

Sur un mur...
Sur un mur…
Tiens, du Bauhaus sous le soleil, on se croirait à Tel-Aviv...
Tiens, du Bauhaus sous le soleil, on se croirait à Tel-Aviv…
Enorme faute et boutique à touristes mises à part, le bâtiment est superbe
Enorme faute et boutique à touristes mises à part, le bâtiment est superbe

Et puis, il y a le musée archéologique… Recommandé par tous les guides, il vaut assurément le voyage si vous êtes un tant soit peu intéressés par l’antiquité ! Sur deux étages, l’endroit présente de façon chronologique l’évolution de la civilisation crétoise, du néolithique à l’occupation romaine.

Des sceaux utilisés par l'administration minoenne
Des sceaux utilisés par l’administration minoenne

Les collections sont extrêmement riches, regroupant presque tous les objets découverts sur l’île : poteries, bijoux, objets utilitaires (comme des fuseaux ou des aiguilles), sceaux, statues, fresques, sarcophages, armes… On trouve aussi une magnifique maquette du palais de Cnossos, qui permet de se faire une idée du gigantisme de celui-ci (1300 pièces quand même).

IMG_3486IMG_3487

La célèbre fresque du taureau...
La célèbre fresque du taureau…

J’y ai passé près de deux heures, en accélérant dans les dernières salles et en ratant – honte à moi – les statues monumentales d’empereurs romains (à ma décharge, les salles n’ont qu’une petite ouverture dans le couloir donnant sur la sortie). On pourrait y passer une demi-journée complète, je pense ou, mieux, s’organiser pour visiter en deux fois.
Une petite déception, toutefois : j’ai trouvé la reconstitution des fresques parfois étonnante au vu du peu de matériau disponible. Je ne doute pas forcément de la bonne foi des chercheurs, mais j’aurais aimé en savoir plus sur leurs méthodes de travail.

Recommandation : le billet pour le musée peut être couplé avec celui pour Cnossos, et les deux peuvent être utilisés à différentes dates.