Des milliers de livres ont étudié les effets des parents sur leurs enfants. Mais presque aucun n’a songé à demander: quels effets les enfants ont-ils sur leurs parents?
Jennifer Senior tente de répondre à cette question, en isolant et analysant les nombreuses façons dont les enfants modifient la vie de leurs parents, qu’il s’agisse du couple, du travail, des habitudes, des loisirs, de l’amitié ou de la perception de soi.
Je crois avoir déjà parlé de mon amie Lou², la fille au super-pouvoir : celui de m’offrir des bouquins dont j’ignore l’existence mais qui vont me parler. Celui-ci ne fait pas exception à la règle : je l’ai reçu en début d’année, alors que je me posais (encore) (et toujours) plein de questions sur ma place et mon rôle de mère, avec en guise d’explication : “l’interview de l’auteur était réjouissante, j’espère que le livre le sera aussi”.
Le postulat de base de Jennifer Senior, journaliste de formation, est que l’arrivée d’un enfant dans la vie de ses parents bouscule de nombreuses choses. On perd en sommeil, en autonomie, le mariage et la vie sociale en prennent un coup, l’adolescence est généralement un moment difficile à passer… voilà pour la partie “no fun”. Mais elle souligne aussi le bonheur que procurent les enfants à ceux qui prennent soin d’eux, qu’il s’agisse d’assister à leurs progrès, de ressentir de la fierté pour leurs réussites ou juste de faire l’imbécile en leur compagnie (la partie “all joy”, si vous avez suivi).
Cet ouvrage est assez intéressant et facile à lire, même si je trouve que l’auteur puise à un peu trop de sources différentes pour étayer à tout prix son propos. En outre, et c’est normal, elle s’intéresse essentiellement au modèle américain, faisant l’éloge notamment des systèmes scandinaves et français (en revanche, j’aimerais que son amie me file les coordonnées de sa crèche à 100€/mois en plein Paris…).
Toutefois, j’ai apprécié cette lecture parce qu’elle remet en perspective certaines choses : l’enfance telle que nous la concevons aujourd’hui est une invention moderne, issue de la seconde guerre mondiale. C’est donc un modèle neuf où nous n’avons guère de repères. Elle résume aussi le concept d’enfant devenu “inutile” et paradoxalement couvé, comparativement à l’enfant autrefois “utile” et autonome. Et j’avoue que ces rappels et ces explications des bases de notre rapport à l’enfance et à l’éducation ont été plus que bienvenus pour moi.
All joy and no fun, The paradox of modern parenthood, Jennifer Senior, Ecco
Reading Challenge 2015 : a book publilshed this year