Non, il ne s’agit pas de ma dernière lubie – encore que… – mais bien du titre de ma dernière lecture, qui fut un véritable coup de cœur. Je vous raconte pourquoi.
Trois femmes intrépides, trois siècles et une chocolatière de porcelaine : la folle aventure du chocolat en Europe.Désir de chocolat, c’est l’histoire de Sara, de Cándida et de Mariana, trois jolies femmes qui, à trois époques différentes, ont un jour croisé le chemin d’une chocolatière de porcelaine fabriquée pour Madame Adélaïde de France au XVIIIe siècle. La première entretient une liaison sulfureuse avec l’inventeur de trois chocolats parfumés aux épices. La deuxième, en quête de sensations plus fortes qu’un délicat breuvage, s’enfuit avec un ténor napolitain. La troisième devient la cible d’une série de complots quand les rois de France et d’Angleterre veulent s’approprier sa merveilleuse machine à broyer les fèves de cacao.
Passées les cinquante premières pages dans lesquelles j’ai eu du mal à me plonger (mais peut-être était-ce dû à la période qui n’était pas idéale pour moi), j’ai littéralement dévoré ce roman. Découpé comme une pièce de théâtre ou un opéra, en trois actes, deux intermèdes et un finale, il retrace l’histoire de la chocolatière (l’ustensile) en porcelaine de Madame Adélaïde, fille de Louis XV.
Chaque acte correspond à une héroïne, à des périodes différentes, et l’auteur prend le parti de nous faire remonter le temps : de nos jours jusqu’à la conception de l’objet. Les intermèdes sont là pour expliciter les marques laissées par le temps sur la chocolatière. Outre la délicieuse évocation du chocolat qui imprègne littéralement les pages, ce récit fait la part belle à trois femmes déterminées qui cherchent à établir leurs propres règles dans un monde qui voit leurs pratiques d’un mauvais œil, et nous livre de beaux portraits.
A titre personnel, j’ai eu un gros faible pour le deuxième acte, qui mêle amour, chocolat et opéra (le livre parfait, quoi), mais tous se valent autant par l’histoire qu’ils racontent que par le choix de l’auteur de changer de style selon l’héroïne et la période envisagée. On sent que Care Santos s’est follement amusée à faire évoluer sa plume au gré des situations, et on prend énormément de plaisir à la suivre.
Mais je vous mets en garde : assurez-vous d’avoir du (bon) chocolat à disposition, car vous serez vous-même étreint d’un “désir de chocolat”.
Un petit bémol : à la fin de l’édition française, j’ai relevé deux coquilles à la suite, ce qui m’a un peu chagrinée. Et dans le finale, l’auteur s’est légèrement emmêlé les pinceaux dans la filiation de Madame Adélaïde, mais je pense que la plupart des lecteurs ne remarqueront rien.
Désir de chocolat, Care Santos, Robert Laffont, 22€
Reading Challenge 2015 : a book with a love triangle