Un prodige. C’est ainsi que la qualifie Cindy, sa professeur de danse, lorsqu’elle voit Misty Copeland s’élancer pour la première fois sur ses pointes. Rien ne semblait pourtant destiner cette jeune fille née dans un foyer instable, fan de Mariah Carey et de hiphop, à intégrer le monde élitiste de la danse classique. A force de persévérance et de sacrifices, elle parvient à gravir les échelons de sa discipline jusqu’à atteindre son rêve : le prestigieux American Ballet Theatre. Mais il lui faut d’abord vaincre le plus insupportable des préjugés : être noire dans l’univers fermé des ballerines immaculées.
J’avais entendu parler de Misty Copeland il y a quelques années, probablement lorsque l’ABT (American Ballet Theatre, sa compagnie) l’a promue première danseuse. J’ai alors lu plusieurs articles sur les très (trop) rares ballerines noires dans le milieu fermé de la danse classique et le racisme ambiant, problème également soulevé par Benjamin Millepied lors de son bref passage à la tête du ballet de l’Opéra de Paris. J’aurais par ailleurs voulu voir danser Misty en septembre dernier, lors du passage de l’ABT à Bastille, mais ce n’est pas tombé le bon soir. Du coup, cette autobiographie m’intéressait à plus d’un titre.
C’est intéressant, bien écrit (en collaboration, bien entendu), avec un style journalistique vif et une narration à la première personne. On suit la vie de Misty un peu comme une aventure ou un film, avec d’autant plus de plaisir que l’on sait que le “bien” triomphera et que les tribulations seront surmontées. Misty Copeland est un peu présentée en héroïne des temps modernes, sans que ce soit trop exagéré.
Après, il faut bien entendu souligner que c’est du storytelling à l’américaine, où le personnage principal apprend toujours de ses erreurs, est toujours humble et remercie toutes les personnes qui ont croisé sa route…
Mais le propos principal du livre, la lutte de Misty Copeland contre le racisme latent de son milieu professionnel et artistique, est très intéressant. On découvre ainsi les rares femmes noires qui l’ont précédée sur scène, ainsi que quelques hommes. On prend conscience du fait que ce racisme se fonde, qu’on le veuille ou non, dans l’imagerie même du ballet (les fameux “ballets blancs”).
Est-ce que ce livre est pour vous ? Si vous aimez la danse, et en particulier la danse classique, si vous cherchez quelque chose de rapide à lire, si la question de la représentativité des personnes noires ou racisées dans notre société vous intéresse mais que vous souhaitez un exemple concret, oui, tout à fait. Je recommande volontiers ce livre. Et j’ai encore plus envie d’essayer de voir danser Misty Copeland un jour !
Misty Copeland, Une vie en mouvement – Une danseuse étoile inattendue, éditions 10/18
2017 Reading challenge : A book about an interesting woman