Un Roi emprisonné, ses chevaliers qui veulent le délivrer et lui chantent leur fidélité, un air fameux “Ô Richard Ô mon Roi” entonné dans l’Opéra Royal par les Gardes du Corps de Louis XVI lors de leur banquet du 1er octobre 1789, pour saluer Marie-Antoinette et le Roi, déchaînant la vindicte et amenant la foule à Versailles, qui force la famille royale à quitter le château le 6 octobre pour ne jamais y revenir… C’est la fin de Versailles et de son Opéra Royal.
(Argument et photos trouvés sur le site du château)
Pour mon anniversaire en retard, mon père m’a offert une place pour cet opéra qui me faisait de l’oeil, notamment parce qu’il en avait entendu parler dans… le Toronto Star. En effet, le metteur en scène et la chorégraphe sont à la tête de l’Opera Atelier Toronto, que nous étions allés voir l’an dernier.
Cette oeuvre courte (à peine 1h30), porte sur la fuite imaginaire de Richard Coeur de Lion, emprisonné au secret à Linz, en Autriche (en vrai, il a été libéré après deux années de captivité, une fois que sa mère a rassemblé une énorme rançon). Elle met surtout en scène le ménestrel Blondel, venu sur la foi d’informations délivrer son roi.
La partition est très agréable, sans le moindre temps mort. On prend plaisir à découvrir cette musique dans ce qui fut son cadre initial. Comme il s’agit d’une oeuvre à mi-chemin entre opéra et théâtre – il y a pas mal de dialogues – la quasi totalité de la distribution est francophone, sauf Richard, interprété par Renoud van Mechelen, qui est flamand. Le rôle principal est en réalité celui de Blondel, tenu avec brio par Rémy Mathieu. Les deux chanteuses principales, Melody Louledjian (Laurette) et Marie Perbost (Antonio/La comtesse), ne sont pas en reste et montrent la belle étendue de leur talent, aussi bien théâtral que musical.
La direction d’Hervé Niquet est à la hauteur de l’oeuvre, toute en vivacité et en virtuosité. Cette énergie se retrouve jusqu’aux saluts finaux, lorsqu’il entraîne toute la troupe d’un “hop là !” retentissant.
La mise en scène est très agréable, avec de magnifiques décors peints, des scènes de village, des combats… les solistes ont même l’occasion de s’avancer sur le proscenium et, vu que j’étais au premier rang, je me suis retrouvée à moins d’un mètre d’eux (bon, c’était un peu fort par moments, du coup). J’ai aussi pu admirer les costumes, de très belle facture, en particulier pour les femmes dont les robes étaient vraiment baleinées et pas juste lacées dans le dos. Un journaliste a souligné que les coloris évoquaient ceux de la salle de l’opéra royal, dans les tons bleu et or, ce qui est assez vrai.
Les danses étaient intéressantes, montrant notamment une valse, dont la mode était balbutiante à la création de l’opéra, ainsi qu’un quadrille et des danses populaires.
Dans l’ensemble, c’était un très joli spectacle, se voulant, non pas une restauration intégrale de l’opéra de 1784, mais plutôt une interprétation avec les moyens actuels dans le décor incroyable de Versailles. J’ai eu un petit regret : le soliste chargé d’entonner l’air “Et zic et zic et zoc” manquait clairement de projection, ce qui fait que, même au premier rang, j’ai eu du mal à l’entendre.